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    La Vie est un long fleuve tranquille : retour sur les débuts d'acteur de Benoît Magimel
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    "La Vie est un long fleuve tranquille", diffusé ce soir, marque les débuts à l'écran de Benoit Magimel, âgé de seulement 13 ans, choisi parmi 1600 candidats. Retour sur les premiers pas d'une graine de star.

    Grand succès public et critique de l'année 1988, La vie est un long fleuve tranquille, diffusé ce soir sur TFX, s'est imposé comme l'une des comédies françaises les plus populaires, avec ses répliques cultes. Premier long métrage d’Etienne Chatiliez qui s’était jusque là illustré dans réalisation de publicités, le cinéaste réussit le pari de miser sur un casting de visages pour la plupart inconnus. Seul Daniel Gélin s’était déjà fait un nom au cinéma, d’autres comme Hélène Vincent ou André Wilms étaient plus coutumiers des planches. 

    S'il s'agissait initialement d'une contrainte, car n'ayant pas pu accéder à des acteurs célèbres pour sa distribution, Chatiliez confiera, par la suite, que c'était une chance : "Quand vous faites un premier film, vous n’avez pas le droit aux stars. Vous n’êtes pas connu, elles ne viennent pas. C’est finalement une bonne chose car vous tombez sur d’excellents comédiens, avec qui vous vous sentez plus à l’aise qu’avec quelqu’un qui vous met 10-0 d’entrée de jeu".

    Véritable révélation du film, grâce à son rôle "caméléon", du Maurice Le Quesnoy bien peigné au Momo Groseille ébouriffé, Benoit Magimel n'avait que 12 ans lorsqu'il répond à une annonce de casting, qui va lui permettre de décrocher son tout premier rôle au cinéma, qui plus est un rôle principal. Son profil est retenu parmi 1600 candidatures. Il n'est pas ce qu'on appelle un "enfant de la balle", il est le fils d'une infirmière et d'un employé de banque, et grandit à Paris.

    "C'est le début, ma première prise de contact avec ce métier", se souvient Benoit Magimel, dans une interview accordée à Ecran Large. "C'était des vacances pour moi. C'était à la fois un monde d'adulte qui m'écoutait, des hôtels, des défraiements, on me donnait de l'argent de poche, tout ça. C'était comme un rêve. Je tournais pendant les vacances. J'avais vraiment du plaisir, c'était le plaisir de jouer la comédie. C'était un film inoubliable pour ça." 

    La vie est un long fleuve tranquille
    La vie est un long fleuve tranquille
    Sortie : 3 février 1988 | 1h 30min
    De Étienne Chatiliez
    Avec Hélène Vincent, André Wilms, Christine Pignet
    Presse
    4,4
    Spectateurs
    3,8
    louer ou acheter

    Après cette expérience, Magimel décide d'arrêter l'école et se consacrer pleinement à une carrière d'acteur. "Comme j’ai arrêté l’école à 16 ans, j’étais un peu complexé. Et décalé par rapport aux autres comédiens, qui avaient souvent suivi des cours, qui connaissaient le nom des réalisateurs. J’ai débarqué dans un milieu dont je n’avais pas les codes", confie-t-il dans un long entretien à Télérama, en 2018. "J’ai appris sur le tas, en autodidacte. Je me disais que ce métier ne pouvait pas être aussi simple, qu’il fallait acquérir une technique. J’en voyais qui bossaient dur, mais à moi, on me disait qu’il ne fallait pas travailler. (...) Il n’y a pas de règle dans ce métier. Ce qui marche pour l’un ne marche pas pour un autre. Il faut trouver sa propre méthode, la mienne a plutôt consisté à être mauvais élève. A m’en foutre même un peu. C’est aussi ce que j’ai appris de Chabrol : savoir se détendre, prendre de la distance."

    Dès 1989, il rejoint la distribution de Papa est parti, maman aussi de Christine Lipinska, et joue également sous la direction de Michel Deville ou encore Benoît Jacquot au cours de la décennie 90. Il fait également une apparition dans La Haine. Benoit Magimel prend vite conscience de l'importance de ne pas s'enfermer dans un type de rôle. "Je tenais à brouiller les pistes. Le risque d’être enfermé, je l’ai ressenti assez vite, avec mon rôle de malfrat dans Les Voleurs (1996) d’André Téchiné. Ce que j’avais réussi à faire, on m’a aussitôt demandé de le refaire. C’est le piège", explique-t-il à nos confrères de Télérama. "Voilà pourquoi les acteurs comiques rêvent de jouer dans des drames et vice versa. Dès mon premier film en fait, j’ai goûté au grand écart social. Le Momo de La vie est un long fleuve tranquille naît chez les riches mais grandit chez les pauvres… Gamin, je me sentais à l’aise un peu partout. Peut-être est-ce dû aux différences entre mes parents : mon père, employé de banque, était soucieux de réussite sociale ; ma mère, infirmière, moins attachée à une vie matérialiste". 

    Avec 4 millions d'entrées, La vie est un long fleuve tranquille est le 4ème film le plus vu en France en 1988, derrière Le grand bleu, L’Ours et Qui veut la peau de Roger Rabbit ?. Il reçoit également 7 nominations aux César, et remporte 4 statuettes : meilleure première œuvre, meilleur second rôle féminin (Hélène Vincent), meilleur scénario, meilleur espoir féminin (Catherine Jacob). Étienne Chatiliez a depuis alterné entre vif succès (Tatie Danielle, Le Bonheur est dans le pré…) et échecs (La confiance règne, Agathe Cléry…) au box-office.

    Les Trois frères, Les Visiteurs, Taxi... Quelle était la comédie française la plus populaire l'année de votre naissance ? 

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