Francis Ford Coppola aime se replonger dans ses oeuvres pour les remanier. Ce fut le cas récemment de sa version Final Cut d'Apocalypse Now, après nous avoir déjà offert une version Redux en 2001.
Cette fois-ci, sous les auspices et avec la bénédiction de Paramount Pictures, le cinéaste a activement travaillé à la restauration du 3e et dernier volet de sa trilogie du Parrain. Une entreprise méticuleuse et de longue haleine : rien que pour retrouver des négatifs en bon état et procéder à leurs sélections dans pas moins de 300 cartons, il a fallu six mois.
Mais Coppola ne s'est pas contenté d'une simple restauration de son film qui reste (et à tort) le mal aimé de la saga; toujours comparé à l'aune de ses deux glorieux aînés. Baptisé Le Parrain Epilogue - la mort de Michael Corleone, le film bénéficie d'un nouveau montage. "Pour cette version finale, j'ai créé un nouveau début et une nouvelle fin, réarrangé certaines scènes, plans, et accompagnement musical. Avec ces changements, les images et le son restaurés, il s'agit pour moi de la conclusion la plus appropriée au Parrain et au Parrain II. Je suis redevable à Jim Gianopulos [NDR : l'actuel PDG de Paramount Pictures] de me permettre de le revisiter" lâchait le cinéaste, dans le communiqué accompagnant l'annonce de cette nouvelle version.
Quoi de neuf sur la table de montage ?
Devant bénéficier initialement d'une sortie très limitée sur le territoire américain le 4 décembre, pandémie encore très active oblige, cette version du film est disponible en VOD à la demande et en Blu-ray aux Etats-Unis, y compris chez nous, depuis ce 8 décembre. Nous n'avons malheureusement pas encore pu la voir. Mais à en juger ce qu'écrit le journaliste Bernard Achour dans son banc d'essai dans le dernier numéro du magazine spécialisé Les Années Laser du mois de décembre, ca aiguise l'appétit.
Outre la très solide tenue de l'ensemble d'un point de vue technique de cette édition, les changements de cette version, plus courte de 5 min, "ne sont pas aussi radicaux dans leur forme que [...] les innombrables retouches apportées au fil du temps à Apocalypse Now. [...] Là où le film diffère en revanche considérablement de son montage original tient en deux points bien précis. Alors qu'il s'ouvrait jadis sur une longue séquence mélancolique où le héros s'adressait en voix off à ses enfants, il débute aujourd'hui par le rendez-vous entre Michael Corleone et le banquier du Vatican situé une grosse demi-heure plus tard dans l'ancienne version : une manière de placer la totalité du scénario sous l'aile noire de la corruption de l'Eglise. Quant à l'épilogue, remanié avec une finesse exceptionnelle, il redistribue bien des cartes tout en amplifiant la dimension tragique d'un ensemble plus court [..]".
Fin novembre, Coppola a organisé une projection privée chez Paramount pour montrer cette nouvelle version à une partie du casting du film de 1990. Diane Keaton, Talia Shire, Al Pacino et George Hamilton ont ainsi pu découvrir le nouveau montage. De même que Andy Garcia, également présent aux réjouissances. Au terme de cette projection, Diane Keaton s'est fendu d'un commentaire rapporté par Variety : "je ne sais pas pourquoi les gens ne l'avaient pas apprécié, en tout cas j'étais parmi eux. Je ne saurai même pas dire pourquoi je ne l'avais pas apprécié plus que cela" lâche-t-elle. Cette nouvelle version a semble-t-il largement remporté ses faveurs : "ca été un des plus beaux moments de ma vie de la voir. Pour moi, c'est un rêve devenu réalité. J'ai vu le film sous un jour complètement différent. A l'époque, il n'avait pas très bien marché, et les Critiques n'étaient pas fameuses. Mais là, Francis a modifié le début et la fin, et bon sang, je peux vous dire que ca marche !"
Quant à Andy Garcia, qui incarne pour rappel Vincent Corleone, le fils illégitime de Sonny Corleone (James Caan), qui finit par prendre les rênes de la famille, c'est au micro du Hollywood Reporter qu'il a réservé ses propos concernant cette nouvelle version du Parrain III, qui l'a, selon ses dires, "remué", tout en déclarant ne jamais avoir compris la tiédeur de l'accueil réservé au film en 1990. "Je pense que beaucoup de choses injustes ont été dites concernant le film à l'époque, en particulier sur la manière dont Sofia a été traitée". Winona Ryder fut castée à l'origine pour son rôle, mais a dû quitter très rapidement la production qui commençait sur ordre de son médecin, car elle était épuisée. C'est Sofia Coppola qui a repris le rôle au pied levé donc dans le film de son père. "Je pense que si les gens revoient le film, ils verront une performance très honnête, profonde, de Sofia. Je pense qu'il y a une grande tragédie dans son personnage, une performance très courageuse, et je suis très fier du travail que nous avons fait".