ÇA PARLE DE QUOI ?
En 1973, Beth, encore adolescente, quitte sa campagne natale pour aller étudier à l’Université de New York où enseigne son oncle Frank, un professeur de littérature réputé. Elle découvre rapidement qu’il est homosexuel et qu’il partage sa vie depuis longtemps avec son compagnon Wally ; une relation qu’il a toujours gardé secrète. Mais le jour où Mac, le patriarche grincheux de la famille, décède subitement, Frank est contraint de retourner auprès des siens, accompagné de Beth et Wally, afin d’assister aux funérailles. Durant le trajet, il doit confronter les fantômes de son passé et regarder sa famille en face une fois arrivé sur place.
"Uncle Frank" réalisé par Alan Ball - Disponible depuis le 25 novembre sur Amazon Prime Video
ÇA RESSEMBLE A QUOI ?
FEEL-GOOD MOVIE NÉCESSAIRE
Créateur de Six Feet Under, True Blood et Here and Now, Alan Ball aime les histoires de famille. Mais celle-ci est un peu plus personnelle pour lui. Car s'il ne s'agit pas d'un biopic ou d'un récit tiré de faits réels à proprement parler, Uncle Frank, sa deuxième réalisation pour le cinéma après Pureté volée en 2007, s'inspire d'un événement marquant de sa vie : ce moment où, après avoir fait son coming out auprès de sa mère, celle-ci lui a révélé être persuadée que son défunt mari était lui aussi homosexuel, et que cet ami dont il était très très proche était en réalité plus que cela. Dans le long métrage, c'est la jeune Beth (Sophia Lillis) qui découvre le secret de son oncle, professeur de littérature dans l'Université de New York que l'étudiante vient d'intégrer, alors que des funérailles vont l'amener à se confronter au regard des siens.
Comme dans American Beauty, dont il avait écrit le scénario (avec un Oscar à la clé), il est ici question de double-vie et d'homosexualité cachée. Mais de façon moins grinçante, car le but n'est pas de gratter le vernis de la banlieue américaine dans cet Uncle Frank, mais de faire preuve de bienveillance à l'égard de ses personnages. Et notamment celui de Paul Bettany, qui livre une interprétation impeccable et sensible. Certains pourront reprocher au film son manque d'originalité, et ce ne serait pas faux. Sur le papier, il n'y a en effet rien de bien nouveau. Mais ce serait oublier que le talent d'Alan Ball réside avant tout dans sa manière de varier les tons et de croquer ses protagonistes.
Le long métrage se révèle ainsi drôle grâce aux scènes faisant intervenir Wally (Peter MacDissi), l'amant de Frank, et très émouvant lorsque celui-ci se confronte aux membres de sa famille pour, enfin, leur dévoiler qui il est et faire la paix avec un passé tragique qui le tourmente. Des bons sentiments donc, pour un feel-good movie qui ne tombe pas dans la mièvrerie et s'avère très pertinent pour l'époque. Si l'histoire se déroule en 1973, elle se présente comme une réponse à l'Amérique de Donald Trump dans laquelle les minorités, ethniques et sexuelles, paraissent de plus en plus discriminées. Dans une année marquée par diverses crises et où l'optimisme n'est pas de mise, un film comme celui-ci, porté par d'excellents comédiens (Sophia Lillis confirme notamment les espoirs placés en elle après Ça), fait du bien et il n'est pas étonnant que les spectateurs du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville lui aient décerné le Prix du Public.
"Uncle Frank" vu par Alan Ball et ses acteurs :