ÇA PARLE DE QUOI ?
Après avoir fui les horreurs de la guerre au Soudan du Sud, un jeune couple de réfugiés peine à s'adapter à la vie dans une ville anglaise rongée par un mal profond.
ÇA RESSEMBLE À QUOI ?
THE HAUNTING OF HIS HOUSE
Les histoires de maison hantée sont-elles réservées aux seuls manoirs et autres bâtisses imposantes vieilles de plusieurs siècles ? La réponse est non, et His House nous le rappelle puisque le premier long métrage réalisé par Remi Weekes se déroule presqu'exclusivement dans cette modeste demeure anglaise au sein de laquelle un couple de réfugiés ayant fui la guerre qui ravage le Sud du Soudan est logé et doit faire face aux créatures qui y habitent aussi. A moins que tout ceci ne soit lié à eux, car la culpabilité fait partie des thèmes majeurs du film, au même titre que le deuil, l'origine de chacun, le passé ou le regard de l'autre. En faisant de migrants les personnages principaux de son récit, le jeune réalisateur et scénariste signe un opus en phase avec le monde actuel, où les horreurs réelle et surnaturelle se côtoient alors que passé et présent s'entremêlent.
Par bien des aspects, ce premier essai de Remi Weekes rappelle le travail de Mike Flanagan, sur les séries The Haunting of Hill House et Bly Manor, ou encore le film Oculus, dans sa manière d'alterner entre deux temporalités et niveaux de réalité avec une grande fluidité, ou de se servir d'éléments de genre pour aborder un drame. Mais sans donner l'impression qu'il s'agit d'une copie opportuniste, car le metteur en scène parvient à imposer sa personnlité et affirmer son style, sobre et efficace dans les moments de tension, qui provoquent quelques sursauts mais reposent sur une vraie ambiance qui joue sur le moindre son inquiétant (on parie que vous allez encore moins aimer les grincements de parquet après) et les peurs que peut susciter l'obscurité. Sans oublier d'exploiter pleinement son décor, et cette maison dont l'état de délabrement progressif s'accorde avec celui des personnages.
Et ces derniers sont incarnés par deux des révélations de l'année 2020 : d'un côté, Wunmi Mosaku, aperçue dans Les Animaux fantastiques, Batman v Superman (dans la peau de Kahina Ziri, payée par Lex Luthor pour un faux témoignage contre l'Homme d'Acier) ou encore The End of the F***ing World, et vue récemment dans la série Lovecraft Country où, dans le mémorable épisode 5, son personnage occupait le devant de la scène en devenant une femme blanche ; de l'autre, le charismatique Sope Dirisu, passé par Utopia, la première saison de Black Mirror ou encore Le Chasseur et la Reine des Glaces, mais qui s'est surtout fait remarquer dans Gangs of London, qui sera visible en France à partir du 15 novembre, et sera dans la suite d'A la croisée des mondes. Et on retrouve un visage connu face à eux, celui de Matt Smith, ex-star de Doctor Who et The Crown, qui incarne l'un de leurs contacts avec l'extérieur dans cette histoire d'enfermement, physique et mental.
Ceux qui n'attendent du cinéma d'horreur que des jump scares plus ou moins faciles et un côté "train fantôme" pourront être désarçonnés par His House, qui associe un vrai propos à sa forme. Mais s'il prend son temps pour mettre son récit en place, il ne met pas longtemps à nous convaincre et nous donner la certitude que son réalisateur et ses deux acteurs seront à suivre de très près. Et qu'il vaut mieux ne pas regarder le film tout seul chez soi le soir, sous peine de sursauter au moindre bruit, et de passer une nuit gentiment compliquée ensuite.