AlloCiné : La famille Beddiar traverse actuellement un drame terrible dans Demain nous appartient avec la mort de Leïla. Quelle a été votre réaction lorsque Samira Lachhab vous a appris qu’elle quittait la série ? Vous avait-elle annoncé la nouvelle très en amont ?
Kenza Saïb-Couton : Non, je ne l’ai pas appris en amont parce qu'à ce moment-là ça faisait déjà un petit moment que Samira Lachhab n’était plus à Sète, son personnage étant parti en Belgique depuis quelques temps. C’était une période où je travaillais beaucoup et en fait je l’ai appris par la production. Ça a été un petit choc. En plus je crois qu’il y avait eu une concertation pour que ce soit justement Samira qui nous l’annonce elle-même. À nous en premier, sa famille de fiction, avant de généraliser la nouvelle. Et finalement je l’ai appris par la production, un peu par accident, au lieu de l’apprendre de la bouche de Samira.
Les auteurs auraient pu choisir de laisser vivre Leïla à Bruxelles, loin de Sète, mais ils ont préféré faire mourir le personnage. Est-ce que, ça aussi, ça a été un choc pour vous ? Ou est-ce que vous comprenez cette décision de la production et des scénaristes ?
Oui, ça a été un choc car je me suis dit "Encore un énième drame pour les Beddiar". Et d’un autre côté je comprends cette décision car ça s’est fait d’un commun accord entre la production et Samira. Et je trouve que c’est une très belle sortie pour son personnage, qui était extrêmement apprécié du public. C’est une belle manière de lui rendre hommage, plutôt que de simplement lui dire au revoir sur un quai de gare ou devant une voiture. Là, le personnage a d’autant plus été mis en valeur, avec tout ce que Samira a donné sur cette série durant trois ans et avec tout ce que Leïla a apporté à la série. C’était une belle façon de valoriser le personnage autour d’une arche de sortie.
Dans l'épisode de Demain nous appartient diffusé ce mardi soir sur TF1, nous allons découvrir l’enterrement de Leïla, durant lequel Soraya fait un très beau discours, très fort et très émouvant. Ce genre de scènes, même si c’est de la fiction, est-ce que c’est compliqué à jouer ?
Je ne dirais pas que c’était compliqué à jouer parce que les scènes étaient vraiment très bien écrites. Toute notre intrigue a été extrêmement bien écrite. Je pense que ces sont des scènes qui trouvent un écho chez tout le monde. On a tous vécu quelque chose de similaire. Donc, au contraire, on n’a rien à aller chercher. C’était si bien écrit que l’émotion était vive et complètement naturelle. Et je me souviens très bien qu’avec Sahelle De Figueiredo, qui joue Noor, la petite sœur de Soraya, lorsqu’on a reçu les textes et qu’on s’est fait une lecture toutes les deux de toutes les séquences qu’on avait autour des obsèques de Leïla, on a beaucoup pleuré. Même en lecture.
Telsete/TF1
Que pouvez-vous dire sur ce qui attend Soraya dans les prochains épisodes ? Comment va-t-elle faire face à la mort de sa mère ?
C’est compliqué pour Soraya car elle ne se laisse pas complètement aller à ses émotions. Je pense qu’elle se dit qu’elle doit faire office de figure maternelle de substitution dans cette famille. Elle essaye de tenir bon, de rester forte et solide pour tout le monde. Et surtout pour son père et pour sa soeur. Car évidemment les aventures des Beddiar ne s'arrêtent pas là. Mais à force de trop prendre sur elle, elle risque de se laisser un petit peu déborder par tout ce qu’elle enfouit au fond d’elle. Ça ne va pas être simple pour Soraya.
Rémy a été très présent durant les jours précédant l’enterrement de Leïla. On le sent sincère, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il va profiter de tout ça pour tenter de se rapprocher de Soraya…
Oh non, je ne pense pas. Je vous laisserai découvrir dans les semaines à venir où en est exactement la relation Soraya-Rémy. Mais pour parler simplement du personnage de Rémy, je ne pense pas que ce soit un manipulateur. Du moins pas à ce moment-là. Je ne pense pas qu’il essaye de s’attirer les bonnes grâces de Soraya en profitant de sa tristesse. Au contraire, je pense que Rémy est aussi extrêmement affecté par la mort de Leïla. Pour lui c’est une manière d’aider la famille Beddiar qui l’a accueilli. Il veut se montrer très présent, il cherche à accompagner Soraya dans cette tristesse. Car Soraya se laisse aller à son chagrin lorsqu’elle est avec Rémy. Et c’est quelque chose qu’elle ne montre ni à Bilel, ni à Noor. Donc je pense que Rémy est un vrai soutien très important pour Soraya à ce moment-là.
La séparation de Soraya et de Rémy a été l’un des moments forts de Demain nous appartient cet été. Avez-vous été surprise lorsque vous avez appris que les auteurs allaient séparer ce couple plutôt bien installé ?
Je savais que Soraya allait avoir une aventure mais je ne savais pas si la rupture allait être définitive ou pas avec Rémy. Mais je savais qu’il y avait une volonté de bousculer un peu Soraya, de la rendre un peu moins "madame parfaite", "madame morale". Les auteurs voulaient un peu la "salir". Et il fallait donc lui faire vivre ce genre d’aventures. Et pour tout vous dire j’étais ravie car cela me permettait de jouer une autre facette de mon personnage. D’autant plus qu’il y avait une ambivalence intéressante par rapport au fait qu’elle avait pu s’insurger par le passé de l’aventure extraconjugale que vivait sa mère avec Samuel. Donc le fait qu’elle vive la même chose apportait une certaine maturité au personnage.
J’étais très contente de pouvoir vivre de nouvelles aventures à travers mon personnage et j’étais ravie aussi de travailler avec mon partenaire Cyril Garnier car c’était une chouette intrigue à défendre. Je pense qu’il était important d’apporter un peu de pep’s aux intrigues de Soraya et de Rémy. Leur relation à ce moment-là était un peu plan-plan, on avait la sensation d’en avoir un peu fait le tour. On vivait surtout des aventures à travers ce qui arrivait aux autres. Et là, pour une fois, on était véritablement concernés par la problématique. Je pense que ce triangle amoureux a fait du bien aux personnages.
Capture d'écran/TF1
Cette séparation, ainsi que la relation naissante entre Soraya et Thomas, ont déchaîné les passions cet été sur les réseaux sociaux. Certaines réactions étaient assez violentes, surtout concernant Rémy, qui est allé très loin. Vous comprenez que cette intrigue ait tant fait parler ?
Je comprends, oui, parce qu'on fait partie du quotidien des gens depuis maintenant trois ans. Donc c'est normal et c’est tant mieux qu'ils réagissent. Et se dire qu’on fait encore couler beaucoup d’encre au bout de trois ans, c’est plutôt une bonne nouvelle pour nous (rires). Après, je pense que je n’arriverai jamais à comprendre qu’on ne fasse pas la distinction entre la fiction et la réalité. Et qu’on ne comprenne pas que ce sont les scénaristes qui décident et que nous ne sommes pas du tout décisionnaires de l’évolution de nos personnages. Quand c’est de la méchanceté pure et simple, non, je ne comprends pas. Mais quand c’est simplement un débat autour de la fiction, histoire de savoir qui est Team Rémy et qui est Team Thomas, bien sûr, pas de souci. C’est même plutôt rigolo à suivre. Même quand c’est contre nos propres personnages car j’en ai aussi pris plein la tronche (rires). Je recevais des messages parfois assez cocasses sur mon infidélité, mais ça me fait plutôt sourire au final.
Êtes-vous heureuse de l’évolution de Soraya depuis le début de la série, tant sur le plan personnel qu’au niveau de son travail au cabinet d’avocats avec Lou ?
Évidemment, je suis ravie. Je ne peux être que contente. Je suis passée de serveuse au Spoon à assistante juridique dans un cabinet d’avocats (rires). C’est génial, il arrive plein de choses à Soraya. Que ce soit sur le plan personnel, avec mes super partenaires de jeu, ma super famille. Et puis professionnellement aussi car j’adore travailler avec Rani Bheemuck, qui incarne Lou. Je trouve ça passionnant à jouer. Et puis, mine de rien, on a besoin d’un cabinet d’avocats dans la série vu le nombre de crimes et d’enquêtes policières qu’il y a à Sète (rires). C’est très cool de défendre toutes ces intrigues judiciaires et je trouve que ça participe à la maturité du personnage de Soraya. Cet aspect professionnel la fait mûrir et la fait devenir encore davantage femme. Je l’ai vue grandir en trois ans et je trouve ça très intéressant de construire petit à petit cette évolution.
Fabien Malot/Telsete/TF1
Et en tant que comédienne, quel bilan tirez-vous de ces trois ans passés dans Demain nous appartient ? Est-ce qu’on peut dire que la série a changé votre vie ?
Oui, complètement, j’étais encore étudiante en école de théâtre quand j’ai passé le casting de Demain nous appartient. Donc ça a radicalement changé ma vie. Contrairement à beaucoup de comédiens je n’ai pas eu le temps de "galérer" en sortant de l’école, et je suis donc extrêmement reconnaissante de cela. Surtout à l’heure actuelle, où les intermittents sont en galère totale à cause des conditions liées à la situation sanitaire. Et puis je n’ai jamais autant appris qu’en travaillant sur Demain nous appartient. C’est un rythme de travail effréné, avec de très grosses journées, mais j’apprends tous les jours donc c’est super. Et trois ans après je suis toujours aussi excitée quand je reçois les nouveaux textes et quand je découvre ce qui va arriver à Soraya et aux Beddiar. Je suis vraiment reconnaissante envers la vie d’être ici.
On entend beaucoup que Demain nous appartient est une grande famille, donc on imagine aussi que vous avez tissé des liens très forts avec vos partenaires de jeu…
Oui, bien sûr. Et ce n’est pas seulement pour faire joli qu’on dit que c’est une grande famille. J’ai trouvé des amis sans doute pour la vie. Et une famille de substitution. Car pour la plupart nous sommes Parisiens. Et le tournage a lieu à Sète. On passe donc la moitié de nos vies ici, dans le Sud. Alors heureusement qu’on a des gens sur qui on peut sincèrement compter.
Avez-vous d’autres projets en dehors de Demain nous appartient dont vous pouvez parler ?
Pour l’instant je suis très focus sur Demain nous appartient car on vous prépare de très belles choses pour les mois qui viennent. Et puis j’ai un autre projet, mais je ne peux pas en parler pour le moment compte tenu du contexte sanitaire. C’est très difficile de se prononcer sur le maintien des projets ou pas. Donc pour l’instant je touche du bois et je profite à fond de pouvoir vivre cette aventure sétoise.
Propos recueillis le 19 octobre 2020 par téléphone.
