Les fans de préhistoire ont rendez-vous sur Adult Swim. A partir de ce lundi 5 octobre à 9h00, 5 nouveaux épisodes inédits de la saison 1 de Primal seront disponibles en SVOD en US+24. Supervisée par Genndy Tartakovsky (Samuraï Jack), et développée par le studio français La Cachette, cette série animée sans dialogue raconte l'amitié hors normes entre un homme des cavernes et un dinosaure dans un monde violent et primitif. Alors qu'une saison 2 de dix nouveaux épisodes est d'ores et déjà annoncée, le showrunner a répondu à nos questions.
AlloCiné : D’où est venue l’inspiration pour "Primal" ?
Genndy Tartakovsky : J’ai toujours voulu créer un dessin animé pour adultes qui soit plein d’action. De plus, j’ai toujours été un gros fan des romans Conan de Robert E. Howard. Conan a surtout été écrit comme une succession de mini-aventures qui, au niveau de la structure, se prêtent parfaitement pour une adaptation en
série. Dans mon cas, j’ai commencé à imaginer un personnage de la préhistoire devant survivre à tout prix dans ce monde primitif. Je voulais surtout me focaliser sur une relation entre un homme et une bête sauvage, un dinosaure. Finalement, à la fin de la dernière saison de Samuraï Jack, nous nous sommes rendus compte que le public adorait les longues séquences épiques sans ou avec très peu de dialogues. C’est à ce moment que je me suis dit que Primal pouvait devenir une série avec de longues séquences quasi-muettes. J’ai donc mélangé toutes ces idées et j’ai pu créer Primal.
Avez-vous eu recours à de nouvelles technologies ou techniques pour "Primal" ?
Ce qui est vraiment nouveau pour moi, c'est qu’il n’y a aucun dialogue. C’est donc un travail d’écriture différent pour manier les émotions afin qu’elles ne disparaissent pas derrière trop de séquences d’action. Même si il y a des moments gores, j’ai voulu apporter à Primal une touche de poésie et d’émotion. De ce fait, la qualité des dessins, des expressions de chaque personnage, des décors doit atteindre des sommets de perfection pour donner vraiment l’impression d’un monde authentique et quasi-vivant. Par moment, on dirait presque du Moebius ! Tout ceci, j’ai pu le faire grâce au studio d’animation français La Cachette, basé à Paris. C’est un groupe d’artistes tellement talentueux... Eux seuls pouvaient efficacement, avec une technique d’animation 2D, traduire à la fois la violence de cette série mais aussi son aspect poétique et épique. Ils ont su faire preuve d’une élégance de style rare. C’est ça la French Touch ! Avec mon expérience sur Samuraï Jack, Le Laboratoire de Dexter, Clone Wars ou Hôtel Transylvanie, je savais exactement ce que je voulais et les artistes de La Cachette savaient exactement comment se positionner en partenaires complémentaires pour le meilleur et dans le meilleur des mondes.
Homo Cinephilis : 13 films de PréhistoireAu-delà de la violence et de l'action, quels thèmes avez-vous souhaité explorer ?
C’est vraiment une série sur la survie ! Et ce n’est pas uniquement la survie physique pour se nourrir et se loger mais c’est aussi la survie mentale, presque spirituelle. Par exemple, comment réagir quand vous perdez un être cher. Sans rien révéler, la série est beaucoup plus émotionnelle que ce que l’on pourrait croire en voyant la bande-annonce. C’est également une histoire sur l’amitié, l’union des êtres au delà de leurs différences qui, ici, sont des différences d’espèces. Cette série étudie en profondeur la condition humaine et la condition animale. Ce n’est pas juste un prétexte pour diffuser une série d’action ensanglantée.
Le thème de la survie fait vraiment écho à ce que nous traversons en ce moment avec la pandémie et les crises sociales, économiques ou climatiques qui agitent le monde...
Absolument ! Vous êtes en plein dans le mille. On est presque retombé à une période "primaire" de notre existence et nous sommes tous en train d’essayer de survivre dans ce nouveau monde. C’est assez effayant de voir les parallèles entre notre série et ce qui se passe aujourd’hui. Il y a même un épisode qui parle d’une pandémie provoquée par un virus ! Ce qui est satisfaisant pour moi a été de faire une série pleine de rage, pour adultes, mais avec un contenu presque philosophique où chacun peut y voir ce qu’il veut. On cherche à vous divertir tout en vous faisant un peu cogiter sur ce qu'il se passe tout près de chez vous…
Au final, de quel personnage êtes-vous le plus proche ?
Parce que j’adore les animaux, je pencherais pour Fang le dinosaure. J’ai un chien énorme et j’ai toujours l’impression de projeter mes émotions sur elle. Donc, oui, je suis Fang !