Enola Holmes le prouve : les enquêtes et la déduction, c'est une histoire de famille. Née dans les romans de Nancy Springer en 2006, la petite soeur de Sherlock est depuis le 23 septembre l'héroïne d'un film mis en ligne sur Netflix. Devant la caméra, Millie Bobby Brown donne la réplique à Henry Cavill, Sam Claflin et Helena Bonham Carter. Derrière, le réalisateur Harry Bradbeer signe son premier long métrage, après avoir travaillé sur Fleabag ou Killing Eve, et s'offre l'un des meilleurs compositeurs du moment pour sa bande-originale, en la personne de Daniel Pemberton.
Après s'être fait la main sur le petit écran, grâce notamment à des films et séries documentaires pour la BBC, il débarque sur le grand au crépuscule des années 2000. La Maison des ombres l'aide à se faire remarquer, puis son compatriote Ridley Scott le révèle au grand public en lui offrant de composer pour lui la bande-originale du vénéneux Cartel. Nous sommes alors en 2013, soit deux ans avant l'explosion et sa première collaboration avec Guy Ritchie : riche, élégant, sexy, énergique, son score pour Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E. est un petit bijou qui rend hommage à tout un pan musical de l'espionnage à l'ancienne (et notamment John Barry, à la baguette sur plusieurs James Bond), tout en faisant admirer son style, à la fois symphonique et synthétique, et ce goût pour l'expérimentation qui lui permet de nous surprendre avec des sonorités inattendues. Réécoutez le fabuleux "Take You Down" pour vous en convaincre.
Le compositeur confirme deux ans plus tard, toujours aux côtés de Guy Ritchie, avec la bande-originale complètement dingue de son Roi Arthur, très éloignée de ce que l'on peut attendre d'une nouvelle adaptation de la légende d'Excalibur, à laquelle on associe très souvent l'ampleur du "Carmina Burana" utilisé par John Boorman et Trevor Jones dans la version de 1981. Entre ces deux travaux pour le cinéaste anglais, il s'aventure du côté de la France (Mal de pierres de Nicole Garcia) et des États-Unis (Gold avec Matthew McConaughey), retrouve Ridley Scott sur Tout l'argent du monde, et entame avec Danny Boyle une collaboration qui lui vaudra de revisiter la vie de Steve Jobs, puis ressusciter l'esprit des Beatles dans Yesterday.
Parmi ses autres réussites, on notera les scores de Brooklyn Affairs d'Edward Norton, qui lui a valu une troisième nomination aux Golden Globes, de la série Dark Crystal, du documentaire Comme des phénix, qui lui permet de renouer avec ses premières amours, ou encore de l'oscarisé Spider-Man New Generation, où son style hybride s'accorde avec celui de l'animation. En attendant de remettre le couvert sur la suite, attendue en 2022, il met donc son talent au service d'Enola Holmes, à qui il offre un thème musical qui fleure bon l'aventure, en utilisant notamment un piano très particulier, dont il s'était déjà servi sur Yesterday.
Prouvant un peu plus son statut d'expérimentateur, il parvient à sortir des sentiers battus du genre, en donnant au film un surplus de souffle et d'élégance, avec des sonorités qui rappellent parfois celles de la série Sherlock, dont la bande-originale était signée David Arnold. Avec Enola Holmes, il nous rappelle ainsi à quel point il est à l'aise avec les récits qui convoquent le passé, qu'il illustre en convoquant avec brio tradition et modernité.
