Attention, spoilers. Les paragraphes suivants révèlent des spoilers sur Le Diable, tout le temps. Si vous ne voulez rien savoir, ne lisez pas ce qui suit.
Adapté du roman de Donald Ray Pollock, Le Diable, tout le temps est un thriller réalisé par Antonio Campos et porté par un casting d’exception. Le long-métrage, disponible sur Netflix depuis le 16 septembre, nous plonge dans la violence et l’horreur de l’Amérique rurale des années 1940 aux années 1960 à travers une galerie de sinistres personnages obsédés par la mort, la religion et le mal. Tous vont voir leurs destins se croiser pour le pire à travers le parcours du jeune Arvin Russell (Tom Holland), qui lutte contre ses démons intérieurs et le passé sombre de son père Willard (Bill Skarsgard), vétéran de la guerre du Pacifique qui a tenté désespérément de sauver sa femme du cancer.
Le pauvre Arvin essaie tant bien que mal de ne pas se nourrir de la violence mais n’aura d’autre choix que d’y avoir recours pour protéger les siens et se défendre. Il n’hésitera pas à tabasser les lycéens qui s’en prennent à sa demi-soeur Lenora (Eliza Scanlen), à tuer le révérend Preston Teagardin (Robert Pattinson), qui l'a violée, mais aussi le couple de tueurs en série Sandy (Riley Keough) et Carl (Jason Clarke) et enfin le shérif véreux Lee Bodecker (Sebastian Stan). Si le film s’appelle Le Diable, tout le temps, il n’est quasiment jamais question du malin dans le thriller mais bien du rapport conflictuel qu’ont les personnages avec Dieu. Tous les personnages ont plus peur de Dieu que du diable et font d’immenses sacrifices pour prouver leur foi, se rapprocher du divin ou éviter le mal qui les ronge.
Une mort inévitable ?
De son côté, Arvin s’est détourné de la religion pour ne pas devenir comme son père et ne pas suivre ses traces mais c’est bien avec son arme, un semi-automatique Luger qu’il a récupéré de la guerre, qu’il tue ses ennemis. A noter que cette arme aurait, selon Willard, servi à Hitler pour se suicider, et cette anecdote en fait un instrument encore plus diabolique. Cette notion de mal est présente dans la chair des personnages et semble les empoisonner. Arvin ne peut donc y échapper même s’il tue des personnes bien plus malfaisantes que lui. Par ailleurs, le jeune homme répète à plusieurs reprises qu’il n’a pas eu le choix quant aux meurtres qu’il a commis.
La question de la destiné est très présente dans le film puisque tous les choix que font les personnages les mènent à la mort, comme si une présence omnisciente les guidait vers leurs funestes destins. Est-ce Dieu ou est-ce le diable ? La fin du long-métrage laisse penser qu'Arvin est enfin libéré lorsqu'il est pris en auto stop et conduit loin de chez lui. On pourrait penser qu’Arvin était guidé par Dieu afin de mettre un terme à ces décennies de violence et de machiavélisme qui ont rongé toutes les personnes liées de près ou de loin à la vie du jeune homme. Mais un détail remet en cause cette hypothèse de plénitude qui habite Arvin, qui se prend à rêver d’une vie "sans bagarres, sans cris et sans malheur" : le hippie qui l'a pris dans sa voiture.
Cet homme ressemble très fortement à Charles Manson, le célèbre tueur en série lui-même obsédé par… le diable. L’homme conduit d’ailleurs le même van Wolkswagen que possédait Charles Manson pour ramasser des voyageurs errants et se rend à Cincinnati, où est né Charles Manson. Et alors qu’Arvin s’endort, le président Johnson dit à la radio que l’Amérique doit continuer à se battre contre les communistes, un message qui sonne comme un avertissement pour Arvin, qui devrait se méfier du "bon samaritain" qui vient de le récupérer dans sa voiture. On comprend alors que le diable est vraiment partout et tout le temps. Le destin d’Arvin, qui se pense chanceux qu’on le conduise, devient subitement incertain alors qu’il a besoin de dormir et son sommeil sonne alors comme un terrible aveu de mort.
Et vous, qu'avez-vous pensé de la fin du film Le Diable, tout le temps ?
La bande-annonce du film Le Diable, tout le temps :