De quoi ça parle ?
Fraîchement sorti de l'école de police, le jeune flic Kurt Wallander est témoin d'un crime brutal dans son quartier, qui soulève un mouvement anti-immigration. Sous la houlette du commissaire Hemberg, il va mener l'enquête...
Le Jeune Wallander saison 1, dès le 3 septembre sur Netflix. 6X50 minutes.
A quoi ça ressemble ?
Ça vaut le coup d'oeil ?
Décédé en 2015, Henning Mankell était l'un des plus célèbres auteurs de polars nordiques contemporains. Son héros le plus populaire, l'inspecteur suédois Kurt Wallander, a alimenté une collection d'une douzaine de romans, à travers lesquels les lecteurs ont pu voir le personnage vieillir et évoluer au fil du temps. Après une première adaptation pour la télévision suédoise de 1997 à 2004 (Wallander : Enquêtes criminelles) puis la série Les Enquêtes de l'inspecteur Wallander, diffusée sur la BBC de 2008 à 2016, la société de production Yellowbird s'associe cette fois-ci à Netflix pour revenir aux origines du héros, en se focalisant sur ses jeunes années dans la police et en resituant son histoire dans un contexte contemporain.
Exit Kenneth Branagh, qui interprétait le flic solitaire et taciturne dans la série de la BBC. Dans cette nouvelle coproduction britannico-suédoise, située dans la ville de Malmö, le casting est en majorité constitué d'acteurs suédois, en témoigne le jeune héros incarné par Adam Pålsson (vu dans Bron et Moscou Noir). Autour de lui, on retrouve plusieurs seconds couteaux britanniques, dont Richard Dillane (Berlin Station), Ellise Chapell (Poldark) et Leanne Best (récemment vue dans Carnival Row.)
Dans un anglais parfait à peine teinté d'accents scandinaves, l'acteur incarne un jeune flic idéaliste aux prises avec un meurtre sordide commis dans le quartier populaire où il réside et dans lequel il va se retrouver compromis, tout en devant endosser une nouvelle responsabilité qui ne va pas être sans conséquences pour son ami et collègue Reza (Yasen Atour.) Si l'introduction de cette nouvelle "origin story", impliquant une scène de crime saisissante, renvoie à celle du pilote de la série britannique, Le Jeune Wallander s'inscrit totalement dans un univers nordique, à l'esthétique froide et poisseuse. Son fil rouge - un crime violent qui déclenche des émeutes nationalistes - est imprégnée par un contexte sociétal de montée des extrémismes et du basculement politique d'une partie de la Suède sur la question de l'immigration.
Si le casting se défend bien, et que la douceur de l'interprétation de Pålsson est un joli contrepied au vieil inspecteur abîmé et irascible qu'il est sensé devenir par la suite, on regrette en revanche la présence de trop nombreux lieux communs propre aux séries policières traditionnelles : un héros blanc, dont le meilleur ami racisé est rapidement mis sur la touche et sert de prétexte à faire progresser son intrigue. De même, le traitement du personnage de Mona (Ellise Chapell), vouée à devenir l'intérêt amoureux du héros, apparaît bien désuet lorsqu'on la voit panser avec délicatesse les plaies de Kurt au bout de deux minutes d'interaction à l'écran. Rien de révolutionnaire dans ce jeune Wallander donc, en dépit d'une intrigue sociétale en phase avec la réalité du pays où elle se déroule. Les amateurs du genre pourront néanmoins se sastifaire d'une intrigue bien ficelée au travers de ces six premiers épisodes qui laissent la porte ouverte à une hypothétique saison 2 au vu du succès des polars de Mankell et de la longévité de ses adaptations télévisuelles.