De quoi ça parle ?
Dans l'Amérique raciste des années 1950, Atticus Black, un jeune homme de 25 ans, embarque avec son amie Letitia et son oncle George dans un road trip à la recherche de son père disparu. Sur la route, ils rencontrent des monstres fantastiques, ainsi que des monstres bien réels...
Lovecraft Country, une série créée par Misha Green et Jordan Peele, avec Jonathan Majors, Jurnee Smollett-Bell, Courney B. Vance, Abbey Lee, Michael K. Williams...
Diffusée à partir du 17 août sur OCS. 3 épisodes vus sur 10.
Ca ressemble à quoi ?
Ca vaut le détour ?
Lovecraft Country s'ouvre par un cauchemar. Celui du héros, Atticus Black, un jeune homme noir de 25 ans qui rentre à la maison après être allé à la guerre. Atticus, incarné par Jonathan Majors, se réveille au fond d'un bus, à côté d'une femme plus âgée, noire elle aussi. Le bus tombe en panne, les passagers blancs sont emmenés par un camion ; Atticus et sa compagne d'infortune se retrouvent seuls avec leurs bagages sur le bord de la route. Le décor est planté : celui de l'Amérique ségrégationniste des années 1950 et des lois Jim Crow.
Atticus est aussi un fan absolu de littérature fantastique, d'horreur et de science-fiction et un grand admirateur de H.P. Lovecraft, considéré encore aujourd'hui comme un auteur de génie en la matière, mais dont on sait aussi qu'il était profondément raciste et antisémite. De retour dans sa famille, Atticus s'aperçoit que son père a disparu et décide de partir le retrouver. Accompagné de son oncle George (Countney B. Vance), qui rédige le guide du voyageur noir - indiquant dans quels endroits il est possible de dormir ou se restaurer en toute sécurité, le fameux Green Book du film homonyme - et de Laetitia (Jurnee Smollett-Bell, qui crève l'écran), une amie d'enfance photographe, il se lance à sa recherche sur les routes des Etats-Unis.
Rapidement, le voyage se transforme en véritable combat pour survivre : aux monstres affreux sortis tout droit des romans de Lovecraft se mêle les monstres bien réels, qui se révèlent bien plus dangereux encore. Au fil du trajet et des rencontres, Atticus, Laetitia et George sont confrontés au racisme et à la violence, au harcèlement et aux menaces. Malins, cultivés, nourris par la littérature fantastique de l'époque, du Dracula de Bram Stocker à L'Appel de Cthulhu, ils sont armés pour y faire face et s'ils n'en sortent pas indemnes, ils deviennent avec brio les pourfendeurs du racisme lovecraftien.
Jordan Peele l'a déjà montré avec Get Out et Us, il a bien compris la force du genre lorsqu'il s'agit de se réapproprier un imaginaire et de délivrer un message politique. Misha Green, co-créatrice, showrunneuse et scénariste du pilote, et lui se saisissent du roman Matt Ruff pour porter à l'écran l'expérience de l'Amérique des années 1950 vécue par la communauté noire et qui résonne, c'est criant, avec celle de l'Amérique d'aujourd'hui. L'objet est étrange, hybride, mais on se laisse happer dans cette histoire qui en comporte plusieurs, où les personnages sont attachants et où Atticus laisse parfois sa place de protagoniste à Laetitia, héroïne à part entière.
La mise en scène de Yann Demange, dans un pilote qui passe avec une grande fluidité d'un registre à l'autre, est assez bluffante. Les effets visuels sont une véritable réussite et, après avoir pris le temps de présenter les personnages avec soin, la série embrasse le genre avec une sincérité troublante et une grande liberté, ne craignant ni de faire peur, ni d'impressionner, ni surtout d'émouvoir. Lovecraft Country est une vraie série originale, entière, belle, qui devrait ravir les amateurs du genre et réconcilier les plus réticents avec le fantastique et l'horreur.