Des premières fois au cinéma...
Batman Forever marque les débuts de beaucoup de choses dans l'univers cinéma DC/Warner. C'est par exemple la première fois que l'on voit l'Asile d'Arkham sur grand écran. C'est aussi la première fois que Batman se fait appeler le "Chevalier noir" ou qu'il embrasse quelqu'un en portant son batsuit. Enfin, le film marque évidemment la première apparition de Double Face. Le supervilain devait initialement figurer au casting de la série Batman des années 60 mais n'avait finalement pas été gardé.
Techniquement, le rôle d'Harvey Dent avait été tenu par Billy Dee Williams dans Batman (1989) avec une option à son contrat : si la production décidait de faire apparaître Double Face, le rôle était pour lui ; si elle décidait de le confier à un autre acteur, il devait toucher une compensation financière. Mécontent de ce casting imposé, le réalisateur Joel Schumacher a préféré payer ladite somme pour que le rôle aille à Tommy Lee Jones, avec lequel il venait de tourner Le Client (1994). Des années plus tard, Williams acceptera de doubler Double Face dans Lego Batman, le film (2017).
Ça se clashait sur le plateau
Un jour, en plein tournage, Jim Carrey (L'Homme-Mystère) est allé à la rencontre de Tommy Lee Jones qui, selon Carrey lui-même, l'aurait pris dans ses bras en lui disant "je te déteste, je ne t'aime vraiment pas". Interrogé par l'interprète de The Mask sur la raison de cette négativité, Jones aurait répondu : "je ne supporte pas tes pitreries". Une mésentente confirmée par Joel Schumacher, qui a déclaré à Vulture que Jones "n'était pas gentil" avec Carrey, en ajoutant : "[Tommy Lee] est un voleur de scène. Or, on ne vole pas de scène à Jim [Carrey]. Je crois que ça l'a vraiment irrité."
Sur le plateau, Schumacher a lui aussi des problèmes, car il trouve Val Kilmer (Bruce Wayne) "psychotique". Il raconte, au micro d'Entertainment Weekly en 1996 : l'acteur "était irrationnel et rendait fou le 1er assistant réalisateur, le caméraman, les costumiers. Il s'est mal conduit, il était malpoli, inconvenant. J'ai été forcé de lui dire que cela ne serait pas toléré une seconde de plus. Ensuite, nous avons eu deux semaines au cours desquelles il ne m'adressait pas la parole, et c'était le bonheur.".
Malgré cette ambiance plombante, Jim Carrey et Val Kilmer s'entendent à merveille.
Leo DiCaprio en Robin
Comme Mark Wahlberg, Ewan McGregor, Scott Speedman, Matt Damon, Corey Haim, Jude Law, Toby Stephens, Corey Feldman, Leonardo DiCaprio aurait pu jouer Robin à la place de Chris O'Donnell. Dans une interview à Shortlist, DiCaprio se remémore cette étape de sa carrière :
"Je n'ai jamais fait d'essais caméra. J'ai rencontré Joel Schmacher. C'était l'une de ces réunions après lesquelles je n'ai finalement pas fait le film. Je ne pense pas que [je voulais ce rôle], non (rires). J'ai en tout cas le souvenir d'avoir assisté à la réunion et de ne pas vouloir le rôle. Joel Schumacher est un réalisateur très talentueux mais je ne pense pas que j'étais prêt à faire quelque chose dans ce genre-là."
A l'époque, DiCaprio a 19-20 ans et part tourner à la place Rimbaud Verlaine, Mort ou Vif et Basketball Diaries.
Meilleur que Tim Burton !
Avant l'ère des films de Christopher Nolan, le Batman de 1989 est le plus gros succès de la franchise avec 411 millions de dollars rapportés dans le monde. Mais il faut savoir que Batman Forever suit juste après. Le long métrage de Joel Schumacher bénéficie à l'époque d'un marketing appuyé, de produits dérivés à foison et récolte 336,5 millions de dollars. Des recettes supérieures à Batman, le défi (266,9 millions) et Batman et Robin (238 millions). L'explication de ces meilleurs chiffres est en partie à mettre sur le compte de la réorientation de la franchise.
En effet, Batman, le défi misait davantage sur une ambiance sombre, effrayante pour les plus jeunes, et des méchants "réalistes" et tragiques comme le Pingouin. Batman Forever était de façon assumée pensé pour plaire au jeune public en proposant un divertissement pour toute la famille. D'où aussi le cabotinage de Jim Carrey et l'hystérie de Tommy Lee Jones : des méchants qu'on croirait issus d'un dessin animé.
Des tétons controversés
Durant la pré-production du film, Joel Schumacher prend la décision d'ajouter des mamelons et des "braguettes" (destinées à protéger les parties génitales de Batman et Robin) aux armures des héros. Il ajoute également un piercing d'oreille à Robin. Des décisions qui créent la polémique au point de fâcher le créateur de Batman lui-même : Bob Kane. Selon Jim Carrey, Kane aurait visité le plateau et critiqué cette décision qui trahissait son design des costumes.
Pour sa défense, Schumacher expliquera au micro de Vice avoir voulu des armures ayant une esthétique "anatomique" proche des statues de dieux grecs et que le piercing devait rendre Robin plus branché. Ce choix jugé polémique ne le lâchera pas puisque des années durant, le réalisateur sera obligé de se justifier de cette esthétique qu'il avait initialement voulue pour rendre ses superhéros "sexy et sensuels".