Sam Mendes prend la plume. Le réalisateur de 1917 et metteur en scène de pièces de théâtre (qui a d'ailleurs remporté à ce titre un Tony Award en 2019) s'inquiète à juste titre du devenir des salles de théâtre en Grande-Bretagne et leurs fermetures, alors que le pays est ravagé par la pandémie du Covid-19 avec plus de 40.000 morts.
Dans un billet écrit dans le Financial Times, Mendes décrit la situation actuelle comme "le plus gros challenge auquel le secteur de la Culture a jamais eu à faire face depuis l'éclatement de la Seconde guerre mondiale". Et de préciser : "les salles de théâtre, les acteurs, les musiciens et orchestres, les danseurs et espaces scéniques de danse, les salles de concerts et l'Opéra, sont tous menacés. Les salles ont besoin d'un plan, et nous pensons en avoir un".
Mendes ajoute que l'observation de la règle de distanciation "rend la perspective de réouverture simplement impossible" pour les théâtres, par contraste avec les films projetés au cinéma pour lesquels il pense que cette distanciation peu néanmoins, en dépit des contraintes, permettre "un succès commercial relatif". Comme les théâtres ne pourront réouvrir, il suggère ainsi de créer un système d'aides financières (un fond) pour venir en aide aux travailleurs freelance et autres artistes. Sur le long terme, il souhaiterait la création d'un plan d'investissement massif pour la Culture, qui incluerait une taxe progressive sur trois ans pour soutenir le secteur, avec la possibilité pour le gouvernement de devenir une sorte de "Business Angel" pour les productions théâtrales, avec un potentiel de retour sur investissement. "Il ne s'agit pas d'une aide financière sur le long terme. C'est une offre adressée au gouvernement pour devenir partenaire dans un business réussi" écrit Mendes.
Il suggère par ailleurs que les société qui ont engrangé pas mal de profits durant le confinement pourraient aussi aider financièrement à sauver les théâtres. A ce titre, il s'adresse directement à Netflix et Amazon pour demander de l'aide : "ce serait profondément ironique si les services de streaming - Amazon Prime, Netflix et les autres- pouvaient profiter du confinement pour faire des millions grâce à nos meilleurs talents, que ce soit les acteurs, scénaristes, producteurs ou réalisateurs, alors même que l'Art qui a nourri tous ces talents est autorisé à mourir. Y'a-t-il quelqu'un parmi ces sociétés désireux de mettre une fraction de l'aubaine financière représentée par le covid-19 pour aider ceux et celles qui ont été mortellement blessé ? Si c'est le cas, j'espère que vous lisez ceci, et que vous considérez que le paysage artistique est un peu plus qu'un fournisseur de contenus; mais au contraire un écosystème qui nous soutient".