En 2015, 15 ans après l'avant-gardiste Queer As Folk, son créateur de génie Russell T Davies, passé entre temps par la science-fiction avec Doctor Who et Torchwood, était de retour sur la BBC avec un diptyque de séries queer ambitieux, composé du drama de 52 minutes Cucumber et de la dramédie de 26 minutes Banana (il y avait aussi la série documentaire Tofu). Elles peuvent se regarder ensemble, ou séparément. L'idée : montrer sans tabou, sur un ton irrévérencieux et résolument moderne, la vie d'homosexuels à Manchester, issus de différentes générations. Elles sont disponibles sur SérieClub à la demande.
Dans Cucumber, Henry, 46 ans, est confortablement installé avec son petit ami Lance, lorsqu'une soirée "rendez-vous comme au premier jour" vient bouleverser leur existence. Cette nuit-là, la plus désastreuse de sa vie, Henry se rapproche du charmant Freddie et du jeune Dean. De son côté, Lance fait la connaissance du mystérieux Daniel. Lorsque tout ce beau monde se retrouve sous le même toit, les tensions font place aux fous rire. Tantôt amusante et légère, tantôt brutale et cruelle, et toujours surprenante, elle offre à travers huit épisodes très forts, parfois bouleversants, un instantané à la fois spécifique et universel des relations amoureuses au 21ème siècle.
Banana permet d'aller plus loin en explorant, sous une forme anthologique et interconnectée, des personnages plus secondaires de Cucumber, qui ne font parfois que passer dans une scène ou deux, mais qui ont aussi une histoire forte à raconter. Chaque épisode prend ainsi la forme d'un portrait intimiste et plein d'esprit. Tous réunis, ils couvrent un large spectre des différents parcours au sein de la vie LGBTQ+.
Deux séries portées par de jeunes ou moins jeunes acteurs formidables et plein d'avenir, qui remplissent avec brio le terrible manque de récits queer à la télévision, malgré quelques pépites arrivées récemment comme Looking, Special ou Feel Good et bien sûr la formidable Years and years du même Russell T Davies.
Et si vous vous demandez d'où viennent ces titres improbables, la réponse est simple : une étude scientifique très sérieuse avait choisi de nommer les trois états d'une érection de la sorte !