De quoi ça parle ?
Mina, jeune éthiopienne de 13 ans, a été adoptée à sa naissance par Judith et Lionel, un couple uni, déjà parents d’une fille biologique. L’adolescence va la faire basculer dans une spirale destructrice contre laquelle elle ne peut rien et se muer en une boule d’agressivité qui va diviser toute la famille. L’amour et la bienveillance de ses parents suffiront-ils à panser ses blessures et à apaiser ses souffrances ?
Mauvaise mère, réalisé par Adeline Darraux et écrit par Isabel Sebastian d'après le roman de Judith Norman
Avec Barbara Schulz, Thierry Godard, Jessyrielle Massengo, Sophie Breyer, Luce Mouchel, ...
Mardi 14 avril à 21h sur France 3
À quoi ça ressemble ?
Ça vaut le coup d'oeil ?
Après La Maladroite ou Une Mère sous influence, France 3 poursuit ce soir dans sa politique de fictions sociétales coup de poing avec Mauvaise mère, un nouveau téléfilm auréolé du prix de la Meilleure fiction unitaire lors du dernier Festival de Luchon. Mais contrairement à ce que son titre peut laisser penser, il n'est pas question ici de maltraitance ou de négligence. Non, Judith, l'héroïne campée par Barbara Schulz, est en réalité tout l'inverse d'une "mauvaise mère". Mais malgré tout son amour, elle n'arrive pas à rendre heureuse Mina, que son mari et elle ont adopté en Éthiopie lorsqu'elle avait seulement quelques mois. Après une question en apparence anodine sur sa date de naissance, Mina, déjà en pleine crise d'adolescente, va vaciller dans une spirale de colère et de questionnements. Et ébranler au passage l'équilibre de toute sa famille. Jusqu'au point de non retour ?
Se basant sur un scénario d'Isabel Sebastian adaptant le récit autobiographique de Judith Norman (Mauvaise mère, ou les Blessures de l'adoption), la réalisatrice Adeline Darraux signe un drame familial percutant qui en partant du cas extrême d'une adoption qui se passe mal dresse surtout avec une grande justesse le portrait d'une relation mère-fille conflictuelle, où l'une et l'autre, croulant sous le poids de la rancoeur, de l'incompréhension, ou de l'épuisement, n'arrivent plus à communiquer. Tout en rappelant au passage que le processus d'adoption - et la construction d'une famille où les liens du coeur doivent remplacer ceux du sang - n'a jamais rien d'évident. La peur de l'abandon, la crise identitaire, ou encore le manque d'appartenance sont autant de thématiques développées avec brio par ce téléfilm qui multiplie les séquences très fortes et va crescendo au rythme de l'impuissance des parents, qui ne comprennent pas comment leur fille peut être à la fois "adorable" et "cruelle", et de la "chute" de Mina qui, entre une mère qui n'est pas sa "vraie mère", un père qui lui passe tout, et une grande soeur trop parfaite avec qui elle ne pourra jamais rivaliser, finit par exploser.
Comme bien souvent dans ce genre de drames, la réussite de l'ensemble tient avant tout aux comédiens, tous excellents. Trop rare à la télévision, Barbara Schulz (Le Mystère du lac, Ben) est parfaite de subtilité dans la peau de cette mère de famille désarmée, tandis que Thierry Godard (Engrenages, Un Village français, Le Temps est assassin) se révèle particulièrement bouleversant de vérité dans les scènes qu'il partage avec la jeune Jessyrielle Massengo. Sacrée Meilleur espoir féminin à Luchon pour sa prestation, l'interprète de Mina, révélée l'an dernier par la nouvelle version de la shortcom Parents mode d'emploi, est bluffante dans le rôle de cette adolescente meurtrie par les blessures invisibles, voire dormantes, mais toutefois bien réelles, d'un abandon et de l'adoption qui a suivi. Très bien entouré de Sophie Breyer, qui campe la grand soeur Elise, et de Luce Mouchel (Demain nous appartient), ce trio de comédiens porte sur ses épaules ce très bel unitaire qui malgré un trait parfois un peu trop appuyé dans sa narration nous emporte par la force émotionnelle de son propos et de ses personnages.
À noter que France 3 rediffuse dans la foulée à 22h40 Une Mère sous influence, avec Caroline Anglade et Julie de Bona, dont la réalisation est également signée Adeline Darraux.