J -4 avant la très attendue Cérémonie des César, qui se tiendra ce vendredi 28 février, Salle Pleyel, à Paris. Une édition qui s'annonce très particulière, entre la vaste réforme en cours de l'institution des César depuis la démission collective de son Conseil d'administration il y a deux semaines, et les nominations qui donnent une image du cinéma français très contrastée, voire schizophrène, mettant à l'honneur à la fois le cinéaste Roman Polanski, accusé de viol, avec les 12 nominations pour J'accuse, film en tête des nominations, et Adèle Haenel, nommée pour Portrait de la jeune fille en feu, comédienne devenue le fer de lance d'un nouveau chapitre de #MeToo en France depuis novembre dernier, et qui vient justement de s'exprimer à nouveau dans les colonnes du New York Times, affirmant que "distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes".
César 2020 : les polémiques, le cas Polanski, le masculin en forceHier soir, à deux pas des Champs-Elysées, où se tenait la remise du Prix Toscan du Plantier, distinguant le producteur de l'année, il y avait foule et notamment beaucoup de journalistes venus prendre la température à quelques jours d'un événement qui sera particulièrement scruté. Peut être un peu moins de "stars", d'actrices et d'acteurs, mais beaucoup de producteurs et d'équipes de films. Roman Polanski et Adèle Haenel n'étaient pas présents, mais les producteurs de leurs films étaient bien là, en l'occurrence Alain Goldman (Légende Films) et Bénédicte Couvreur (Lilies Films). Les réalisatrices et réalisateurs Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu), François Ozon (Grâce à Dieu) ou encore Mounia Meddour (Papicha) étaient eux aussi bien présents.
Mais c'est le film qui s'annonce comme l'un des grands favoris des César qui a emporté la mise hier soir : Les Misérables, premier long métrage de Ladj Ly, produit par Srab Films (Toufik Ayadi et Christophe Barral). Le réalisateur et ses producteurs étaient là pour recevoir le prix qui avait distingué l'an dernier Alain Attal pour Le Grand Bain de Gilles Lellouche.
Cette soirée de remise de prix du producteur, dernier tour de chauffe avant la cérémonie, était l'occasion aussi de faire un point sur la réforme à venir des César. Dominique Boutonnat, nouveau président du CNC depuis cet été, a tenu un discours pendant lequel il a clarifié le calendrier à venir et n'a pas manqué de laisser entendre son sentiment sur cette situation inédite et complexe dans l'histoire des César : "Vous avez vécu tous ces emballements médiatiques qui ont pu être durs parce que violents voire parfois immérités, a-t-il indiqué. J'en profite d'ailleurs pour rendre hommage aux membres du conseil d'administration sortant pour avoir œuvré toutes ces années au service de l'Académie. J'aimerais saluer l'élégance de leur geste avec lequel ils ont tenu à passer le relais et qui permet la mise en place d'une nouvelle gouvernance possible en démissionnant de manière collective il y a deux semaines. Et bien sur rendre hommage à leur président Alain Terzian. Je veux aussi saluer l'ensemble des équipes qui travaillent pour l'Académie. (...) Malgré tout cela, il y a quand même du positif."
Et d'ajouter : "C'est le moment de réinventer tous ensemble. L'idée, c'est d'aller vite bien sûr. Notre travail est de vous accompagner dans les semaines à venir sur le sujet. J'ai profondément confiance dans l'exigence collective du secteur (…) et confiance dans notre capacité aussi à donner un nouvel élan de l'Académie des César d'ici l'été prochain. Très concrètement, (...) mercredi, il y aura un premier conseil d'administration pour, d'abord, nommer une nouvelle présidente ou un nouveau président dans toute cette période transitoire mais aussi convoquer une assemblée générale extraordinaire au plus tard dans 6 semaines. Cette assemblée générale devrait adopter une première réforme des statuts dont l'élargissement de ses membres."
"On va travailler tous ensemble tout le mois de mars à ce que l'académie soit à l'image du cinéma et de la société d'aujourd'hui, et cela suivant 4 principes directeurs :
- premier point, un principe démocratique intégrant l'ensemble des membres de l'Académie dans la désignation de ses instances dirigeantes,
- deuxième point, donner tous les éléments de garantie de transparence à la fois pour le fonctionnement, mais aussi pour l'identité de ses membres
- troisième point, renforcer la parité et la diversité, à la fois dans les instances mais aussi dans le processus de sélection des membres
- quatrième point, limiter dans le temps les mandats de ses dirigeants"
Et de conclure sur l'importance d'avoir "une Académie qui saura faire le lien entre tout ce qu'elle a été et qu'elle peut devenir. C'est exactement ce que nous allons faire à compter de ce soir".
La 45e cérémonie des César se tiendra le 28 février 2020 à la Salle Pleyel à Paris, présentée par Florence Foresti, et présidée par Sandrine Kiberlain. Elle sera diffusée à partir de 21h en clair sur Canal+.
