Il y a vingt ans, les spectateurs français découvraient le huitième long-métrage de Tim Burton, Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête. Librement adapté de la nouvelle de Washington Irving, le film marque instantanément les esprits pour son ambiance hybride, à mi-chemin entre le cauchemar macabre et le conte enchanté. Enchantés, la presse et le public l'étaient également au moment de la sortie : les critiques sont excellentes, l'Académie des Oscars le nomme à trois reprises et lui décerne le prix des meilleurs décors, tandis qu'au box-office, il rapporte plus de 200 millions de dollars à l'international et cumule près de 2,5 millions d'entrées en France.
Encore aujourd'hui, le film demeure l'un des plus beaux succès de son réalisateur et représente, pour beaucoup de cinéphiles, le point d'orgue de sa carrière. Sorti en novembre 1999 aux États-Unis, Sleepy Hollow vient clôturer une décennie triomphale dans le parcours de l'auteur, une période qui a sans aucun doute forgé sa réputation dans l'industrie et le monde en général.
Immersion dans l'horreur
Fortement inspiré par les films d'horreur découverts durant ses jeunes années, Tim Burton utilise ses peurs et ses souvenirs d'enfance pour nourrir l'atmosphère lugubre et morbide de son thriller fantastique. Ce dernier se présente comme un hommage aux œuvres de la Hammer, au point d'y inclure un caméo de Christopher Lee, l'une des icônes de la société britannique. Cette brève apparition marquera par ailleurs le début d'une collaboration avec le metteur en scène qui se poursuivra sur cinq autres films.
En s'appropriant le genre horrifique, Tim Burton fait de Sleepy Hollow son long-métrage le plus effrayant, le plus glauque aussi, et puise dans le style néo-gothique pour les nombreux décors du village. Visuellement très sombre, le film oscille entre le gris et le bleu, deux couleurs que l'on retrouve dans la plupart des plans très travaillés et sublimés par la photographie d'Emmanuel Lubezki.
L'autre point fort de ce long-métrage se niche dans sa violence. Pour la première fois, le cinéaste pointe sa caméra sur les effusions de sang et les têtes décapitées qui roulent sur le plancher (l'équipe marketing en fait d'ailleurs sa phrase d'accroche sur l'affiche américaine : "Heads will roll", "les têtes vont tomber" en français, NDLR). Il y a dans Sleepy Hollow une liberté de ton que l'on ne retrouvera pas avant plusieurs années dans le cinéma de Tim Burton, en 2007 plus exactement, dans le bon mais imparfait Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street, toujours avec Johnny Depp. Là aussi, le réalisateur s'amuse à filmer la boucherie d'un homme assoiffé de vengeance, sans retrouver malheureusement le ton cauchemardesque de Sleepy Hollow.
L'après 2000
Dès le début des années 2000, Tim Burton semble avoir perdu de sa superbe et se perd dans des productions maladroites, bien que toujours ambitieuses, à commencer par son remake de La Planète des singes, conspué par les fans de l'original. Reste toujours le beau et poétique Big Fish qui fait figure d'exception en terme de qualité, mais le cinéaste peine à raviver la noirceur et la beauté esthétique de ses précédentes œuvres, comme Edward aux mains d'argent, Batman, le défi et Sleepy Hollow. Il faudrait regarder du côté de ses films d'animation, comme Les Noces funèbres et Frankenweenie, pour retrouver une telle atmosphère gothique.
Si le talent de l'artiste reste indéniable, il est difficile de ne pas être nostalgique des belles années de sa carrière, celles qui s'étendent de 1988 avec Beetlejuice à 1999. Le style du cinéaste reste toujours reconnaissable dans ses derniers films, mais les fans de la première heure en viennent presque à regretter que le réalisateur choisisse de se réfugier dans un univers plus édulcoré, souvent noyé dans une surenchère d'effets visuels. Pour le moment, le prochain projet de Tim Burton est encore inconnu, bien que l'idée d'un éventuel Beetlejuice 2 plane depuis quelques années dans les studios de la Warner. Et si cette décennie était, contre toute attente, le début d'un nouveau commencement ?
Découvrez la bande-annonce de "Sleepy Hollow" :