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    Catherine The Great sur Canal+ : que vaut la mini-série historique portée par Helen Mirren ?
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Canal+ donne le coup d'envoi ce 25 novembre de la diffusion de la mini-série historique événement et en quatre parties, "Catherine The Great", portée par la grande comédienne Helen Mirren. Vaut-elle le détour ?

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    DE QUOI CA PARLE ?

    Dame de fer aux moeurs libérées, Catherine II de Russie régna sans partage sur l'empire russe au XVIIIe siècle, qu'elle modernisa au pas de charge.Princesse allemande mariée avec un empereur russe décrié, Pierre III, elle fomente un coup d’État pour prendre sa place sur le trône. Pour beaucoup, Catherine n’est ni légitime ni compétente pour cette fonction, d’autant plus que c’est une femme. Entre un fils nourissant une rancoeur féroce à l'égard d'une mère peu aimante, coupable d'avoir jeté aux oubliettes de l'Histoire un père qu'il adorait; un principal conseiller oeuvrant en coulisses pour placer le jeune prince héritier sur le trône; ceux qui complotent activement pour tenter de réhabiliter l’ancien empereur, Ivan VI, emprisonné depuis vingt ans, et les tambours de la guerre qui se prépare avec l'empire Ottoman, Catherine II est menacée de toute part...

    Créée par Nigel Williams, réalisée par Philip Martin.

    Diffusée sur CANAL+ ce 25 novembre à 21H00, au rythme de deux épisodes par soirée. Les épisodes 3 et 4 seront diffusés le 2 décembre - 4 épisodes vus sur 4. Bande-annonce :

    C'EST AVEC QUI ?

    Le rôle-titre est tenu par Helen Mirren. La comédienne a fait quelques incursions dans l'univers des séries TV, en particulier dans la série policière Suspect n°1 sous les traits de l'inspectrice Jane Tennison (qui lui a d'ailleurs valu six nominations aux BAFTA Awards depuis 1992), ou, pour coller davantage au sujet, dans la mini-série Elizabeth I (2005), consacrée à la fameuse reine britannique du XVIe et XVIIe siècle. Son visage est cela dit plus familier sur grand écran, entre le diptyque Red, Dalton Trumbo, ou même dans Fast & Furious 8 sous les traits de Magdalene Shaw. Mais on retient plus volontiers sa composition en reine Elizabeth II dans The Queen de Stephen Frears, pour laquelle elle fut oscarisée en 2007.

    Helen Mirren est secondée notamment par l'australien Jason Clarke, alias le favori Grigori Potemkine; récemment vu dans le film Simetierre (et au passage campait un solide Reinhard Heydrich dans HHhH). Mais aussi Rory Kinnear (Penny Dreadful, le personnage de Bill Tanner dans Quantum of SolaceSkyfall et 007 Spectre), ainsi que Kevin McNally, que les fans de la franchise Pirates des Caraïbes connaissent bien puisqu'il y incarne le pirate Joshamee Gibbs, le matelot superstitieux et fidèle second du capitaine Jack Sparrow. Dans Catherine The Great, il prête ses traits à Alexei Orlov, un homme brutal, malhonnête et ambitieux, ayant participé avec son frère Grigori Orlov au coup d'Etat ayant mené Catherine II à renverser son mari, le tsar Pierre III.

    CA VAUT LE COUP D'OEIL ?

    Parmi les souveraines ayant marqué l'Histoire de leurs empreintes politiques et culturelles, Catherine II de Russie, surnommée "la Grande", occupe incontestablement une place de choix. Impératrice et autocrate de toutes les Russies de 1762 à sa mort en 1796, capable d'être impitoyable pour sauver son trône, grande mécène des Arts et des Sciences, libérale, pleine de ressources et déterminée, Catherine II est, in fine, passée à la postérité pour avoir été une des souveraines les plus intelligentes, puissantes et habiles sur le plan politique de l'Histoire de la Russie, au cours d'un règne long de 34 ans. Elle fut un des monarques les plus importants de l'Europe moderne, à l'initiative d'une expension très importante de l'empire russe, avec notamment le rattachement de la Crimée. Une vie au long cours donc, faite de despotisme plus ou moins éclairé, de trahisons, de cruauté aussi parfois, et d'amours passionnés, en grande collectionneuse d'amants qu'elle fut.

    C'est dire si, avec une telle toile de fond, le sujet de la mini-série Catherine The Great était déjà passionnant sur le papier. Formidable souveraine Elizabeth II dans la tourmente chez Stephen Frears dans The Queen, le rôle de l'impératrice de Russie est du cousu main pour Dame Helen Mirren. Epaulée par un solide casting, de tous les plans ou presque, capable en clin d'oeil de passer de la séduction à la colère noire terrorisant l'assistance, la comédienne shakespearienne illumine cette coproduction de prestige, qui bénéficie d'un luxe impressionnant -costumes comme scénographie- dans ses reconstitutions de la vie à la cour impériale de Saint Pétersbourg.

    Mais Catherine The Great souffre malheureusement de plusieurs écueils. Le premier, c'est que le personnage est incarné par une comédienne âgée de 74 ans. Si son talent est incontestable et que le maquillage est capable d'atténuer évidemment le poids des ans, son âge pose aussi problème, dans la mesure où Mirren incarne la souveraine dans des périodes où elle avait aussi 30 ans de moins... Si cette mini-série est censée être focalisée sur Catherine II, elle donne plus d'une fois l'impression de se concentrer plutôt sur la destinée de son amant, Grigori Potemkine, de dix ans son cadet, parti ferrailler à l'autre bout de l'empire contre les troupes Ottomanes ou nouer des alliances avec les Tatars, tandis que la souveraine en est plus ou moins réduite à jouer l'amoureuse languie, quand elle ne se console pas entre les bras de nombreux amants.

    Si cet appétit sexuel a bien existé, Nigel Williams, le scénariste, en fait une faiblesse, en proposant aux spectateurs une vision beaucoup trop romanesque et sentimentale du personnage, qui semble être davantage passionnée, ou préoccupée, par les intrigues et soupirants de boudoirs, que par la gestion de la destinée d'une immense nation. De fait, les enjeux, politiques notamment, sont le plus souvent survolés ou menés d'un pas de charge digne du régiment Préobrajensky, parce qu'il n'y a que quatre épisodes pour résumer un règne de près de 35 ans. Un sentiment renforcé -aggravé serait-on tenté de dire- par le fait qu'on ne prend jamais vraiment la mesure du temps qui passe dans Catherine The Great; au-delà des tempes un peu plus grisonnantes et des effets du maquillage sur les visages, donnant au spectateur l'impression de naviguer à vue dans le récit. De là à regarder cette fiction avec une chronologie, voire un manuel d'Histoire, sur les genoux, il y a un pas qu'on serait presque tenté de franchir.

    En dépit de vraies qualités plastiques et de l'interprétation globalement bonne de l'ensemble, il y avait largement matière à rendre nettement plus palpitante la destinée hors norme de cette souveraine. Quitte à rester au rayon des têtes couronnées, on est plus enthousiaste lorsque la caméra de Philip Martin se promène du côté de Buckingham Palace dans la série The Crown.

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