AlloCiné : Comment êtes-vous arrivée sur Banlieusards ?
Chloé Jouannet : Il y a 4 ans j'ai fait un court-métrage, sur lequel j'ai rencontré une jeune fille qui travaillait sur le casting. On s'était très bien entendu et elle m'a contactée sur Facebook pour me proposer le casting du film de Kery James. Et (rires)... ça va être l'info honteuse du jour : je ne savais pas qui était Kery James. J'étais alors dans le train avec mon père et lui non plus ne savait pas qui c'était. (rires) Je me suis dit "bon, ça commence bien". Puis en rentrant chez moi j'en ai parlé à mon chéri qui m'a dit : "ok, tu as vécu dans une grotte toute ta vie". Ma scène d'essai, c'était une partie de la séquence de plaidoirie. Il y avait Kery, Leïla Sy, ... il y avait une dizaine de personnes et j'étais tellement stressée. Mais je me souviens qu'après le casting, Leïla m'a dit "je vais tout faire pour que ce soit toi". Il y a eu une connexion entre nous, un ou deux jours plus tard, on m'a appelée pour me dire que j'avais le rôle et une semaine plus tard on tournait. Tout s'est passé en deux semaines, c'était fou.
Qu'est-ce qui vous a séduit dans le scénario ?
Je pense que tout le monde va s'accrocher à un personnage ou se reconnaître. Il y a plein de petites histoires dans une histoire. C'est vraiment rare aujourd'hui aussi d'avoir des textes aussi beaux à jouer. En tant que jeune comédienne, j'avais de vraies choses à défendre. Je ne connaissais pas le milieu du rap et j'ai énormément appris sur le tournage.
Vos scènes comportent beaucoup de dialogues. Comment vous êtes-vous préparée ?
Je répétais sans cesse mon texte, constamment, je le récitais en faisant le poirier, ... Avec Jammeh Diangana, dès qu'on se croisait sur le plateau, on répétait notre texte.
Comment s'est déroulé justement le tournage avec lui ? Il s'agit de son premier rôle à l'écran.
Jammeh n'avait jamais joué mais il avait suivi beaucoup de cours de théâtre par le passé. Il est génial, il est super intelligent, sensible, ... On formait un vrai duo sur le plateau. C'est un acteur né et je lui souhaite une belle carrière. Il a été finaliste du concours Eloquentia en 2018 mais il ne m'a pas trop donné de conseils pour les scènes du concours d'éloquence. On avançait ensemble dans une aventure qui nous faisait rêver mais dont on ne savait pas grand-chose. On a beaucoup rigolé, il me vannait quand on allait en banlieue ou quand on prenait le RER par exemple en disant "tu connais pas ça hein ?".
Connaissiez-vous les concours d'éloquence avant le film ?
J'ai découvert cet univers avec Kery et grâce à ça j'ai regardé À Voix Haute que j'ai adoré, j'ai eu des frissons pendant tout le film. Je conseille à tout le monde de le voir. Et je pense que quand tu es comédien ou que tu as envie de prendre des cours de théâtre, c'est l'un des meilleurs exercices à faire. Et ça se voit chez Jammeh qu'il a fait ce concours car il a ce truc, il a une manière de peser sa voix et ses mots.
On voit d'ailleurs le professeur qui entraîne les étudiants d'À Voix haute dans Banlieusards...
Exactement, j'étais trop contente, un peu mode fan. Il nous a raconté qu'avant de faire des concours d'éloquence, il ne parlait jamais en public. Ça a été une vraie thérapie pour lui.
Comment travaille-t-on avec deux réalisateurs ?
Ca fait tellement longtemps qu'ils collaborent qu'ils se connaissent par coeur et que leur équilibre est déjà trouvé. Ce qui fait leur force, c'est que Kery fait passer des émotions par la parole et Leïla par l'image. Il y a une vraie osmose entre eux. Je n'avais jamais travaillé avec deux réalisateurs mais chacun a trouvé sa place naturellement.
La bande-annonce de Banlieusards, disponible sur Netflix :