Après Cowboy Bebop, Samurai champloo ou encore Terror in Resonance, Shin'ichirō Watanabe nous revient aujourd’hui avec Carole & Tuesday, une production originale Netflix dont les douze premiers épisodes ont été révélés ce vendredi 30 août aux abonnés de la plate-forme SVOD. Dans cette nouvelle création, la "patte" de l’illustre réalisateur se fait immédiatement sentir : consacrée à deux personnages en marge de la société (comme ses précédentes œuvres), la série suit le parcours de deux jeunes femmes que tout oppose mais dont l’amour commun pour la musique va sceller le début d’une forte amitié.
La musique a toujours joué un rôle majeur dans l’oeuvre de Watanabe, mais jamais jusqu’ici il n’en avait fait le thème principal d’une de ses séries. Ici la musique tient donc lieu de liant entre les personnages mais aussi comme moyen d’expression pour ces deux jeunes filles paumées dans un monde en expansion et une mégalopole écrasante où se faire une place signifie également de renoncer totalement à sa personnalité.
Comme dans Cowboy Bebop, les titres de chaque épisode renvoient à une source d’inspiration pour Shin'ichirō Watanabe ; en toute logique, ceux de Carole & Tuesday sont nommés d’après des chansons, de True Colours de Cindy Lauper (l’idole de Tueday) à Dancing Queen d’Abba ou encore Every Breath You Take de Police. Une façon d’appuyer l’importance de la musique dans cette série mais aussi de brasser les genres, une caractéristique propre à l’oeuvre de Watanabe qui associait par exemple dans Samurai Champloo les codes du chanbara avec des tonalités hip-hop.
Si elle tient lieu de sujet, la musique n’est pas l’unique thème abordé par Carole & Tuesday ; celui de l’identité par exemple est omniprésent, et notamment au travers du troisième protagoniste de la série Angela, une actrice populaire qui rêve de devenir chanteuse et signe chez un label spécialisé dans les interprètes d’intelligence artificielle. Difficile avec ce passage de ne pas y voir pour Watanabe une interrogation sur l'évolution notre société, mais aussi une critique envers la technologie qui malgré ses avancées récentes ne pourra jamais remplacer sur le plan musical (et plus généralement artistique) la sensibilité d’un homme par celle - virtuelle - d’une machine.
Derrière la mélancolie, c’est en réalité une œuvre introspective sur la notion d’artiste et de création qui se dégage de Carole & Tuesday, ainsi qu’un portrait attendrissant d’une jeunesse en perdition, comme l’avait déjà été en 2015 Terror in resonance, la précédente série de Watanabe qui suivait les actions de deux jeunes terroristes idéalistes.
La première partie de Carole & Tuesday, composée de douze épisodes, est à retrouver dès à présent en exclusivité sur Netflix.