AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a fait dire "oui" à la série et au personnage de Palma ?
Caterina Murino : C’est un personnage magnifique. Évidemment on ne peut pas trop en dire mais je trouve que c’est un joli portrait de femme et de mère. Et puis je pense que ce qui m’a touché énormément c’est aussi ce problème de l’étrangère. C’est vraiment le noyau de la série. Et depuis que je suis en France, depuis 16 ans avec mon accent, les Français et les Parisiens n’oublient jamais de me rappeler que je suis une étrangère. J’adore votre pays, je ne bougerai pas (rires), mais même si je n’irai pas jusqu’à dire que c’est douloureux, j’ai quand même toujours cette sensation de ne pas être chez moi. Et le problème c’est que quand je parle italien, j’ai un accent français maintenant. Donc à part en Sardaigne, où je suis vraiment chez moi, quand je vais à Rome et quand je vais à Milan, je suis étrangère aussi. Et ce n’est pas drôle. Car j’ai l’impression d'être une voleuse. Pas dans le travail, mais j’ai quand même souvent l’impression partout ailleurs de voler la place à un Français. Et que je n’ai pas le droit d’être là.
C’est douloureux et j’avais envie de pouvoir exprimer ça dans un film, cette sensation de ne pas trouver sa place. Et Palma, justement, elle ne trouve pas sa place car elle est étrangère au sein de cette île. Et petit à petit elle ne va plus trouver sa place non plus au sein de sa famille. C’était un cadeau magnifique en tant que comédienne de pouvoir incarner un personnage aussi complexe et je ne pouvais que dire "oui".
Est-ce que vous aviez lu le roman de Michel Bussi avant de débuter le tournage ?
Non parce que Claude-Michel Rome, le metteur en scène, préférait qu’on ne le lise pas avant. Certains de mes partenaires l’ont quand même lu mais moi j’ai respecté ses indications. Apparemment ça pouvait m’orienter sur mon rôle, donc j’ai préféré ne pas le lire et je m’en suis tenue au scénario de la série.
Justement, en parlant de Claude-Michel Rome, comment s’est passé le travail sous sa direction ?
Je ne peux pas dire que c’était tendu au début, mais on prenait nos marques. Et au bout d’une ou deux semaines, j’ai senti qu’il me faisait confiance. C’était magique. Même s’il a continué à me diriger jusqu’à la fin du tournage, j’ai senti un lâcher prise et c’était très agréable. Et je le remercie pour ce rôle extraordinaire, c’était un immense cadeau pour moi, et le travail avec toute l’équipe a été formidable. J’ai aimé jouer avec tous mes partenaires mais j’ai adoré tout spécialement mes enfants à l’écran, Esther Valding et Théo Frilet. Ils sont extraordinaires. Théo n’est pas tout jeune, donc il a déjà une belle carrière. Et Esther elle a le même peps et la même folie que Mathilde Seigner, dont elle incarne le personnage jeune. Je trouve ça extraordinaire, c'est fou qu'ils aient réussi à trouver une jeune comédienne qui lui ressemble tant dans l'énergie et le caractère. Elles ont le même univers à part. C’est une gamine que j’adore, elle a un talent fou.
La Corse a une place très importante dans l’histoire, au point même qu’on a l’impression que c’est un personnage à part entière de l’intrigue. Vous êtes d'accord avec ça ?
Complètement. La Corse pour moi c’est le premier personnage. Après il y a Mathilde Seigner évidemment (rires). Mais la Corse est vraiment très importante car tout le problème de l’omerta, de l’amour fou de la terre qu’on cherche à protéger à n’importe quel prix, c’est le noyau dur de la série. Et c’est incroyable d’arriver à montrer cette Corse splendide, avec le soleil et les magnifiques couleurs verte et bleue des paysages, et en même temps d’arriver à faire transparaître l'âme un peu noire de cette même Corse qui souffre. La Corse c’est un endroit que je connais bien car j’ai déjà tourné trois films là-bas, dont L’Enquête corse. On est toujours extrêmement bien accueillis sur cette île et j’ai un peu l’impression que c’est mon deuxième chez moi.
Évidemment, ceux qui ont lu le roman de Michel Bussi savent à quoi s’attendre. Mais qu’est-ce que vous pouvez dire, pour les autres, sur la manière dont l'intrigue va évoluer au fil des épisodes ?
Ce qui est sûr c’est que les secrets de cette famille et le fait que Palma soit une étrangère sont au cœur du problème et du drame qui a touché la famille de Clotilde. Beaucoup de secrets vont être révélés petit à petit, et vous pouvez vous attendre à beaucoup de fausses pistes et à beaucoup de suspense. Un suspense qui grandit d’épisode en épisode d’ailleurs. Je trouve que le scénario, tout comme le livre de Michel Bussi je suppose, est très intelligent pour mêler toutes ces histoires humaines de manière passionnante et prenante.
Le Temps est assassin continue ce soir sur TF1 :