AlloCiné : Quel est votre meilleur souvenir avec David Lynch ?
Kyle MacLachlan : Oh, on en a tellement ! C'est toujours un plaisir de collaborer et de créer avec David, c'est toujours extraordinaire. J'ai de magnifiques souvenirs de Dune, Blue Velvet, de Twin Peaks… Le travail qu'on a fait ensemble sur Twin Peaks The Return a aussi une saveur particulière, certainement parce que c'est plus récent et que je suis plus âgé et que je me rends mieux compte de ce que David représente pour moi, de la chance j'ai de pouvoir continuer à faire des choses avec lui. Pendant The Return, simplement être à ses côtés et répéter une scène ensemble, c'était merveilleux.
Quelle est la chose la plus importante qu'il vous ait apprise ?
C'est lui qui m'a lancé dans le cinéma, vous savez. Avant Dune, je n'avais fait aucun film : c'était ma toute première expérience devant une caméra, donc c'est lui qui m'a donné confiance en moi. Il m'a aussi appris à être intuitif, comme lui, à faire confiance à l'étincelle créative et à laisser sortir de moi ce qui vient de l'intérieur et pas seulement essayer de faire ce qu'on attend de moi. David fait cela mieux que personne et c'est une leçon très importante : suivre ce qui vient de l'intérieur plutôt que les attentes qui viennent de l'extérieur.
Comment c'était, vos retrouvailles sur The Return, plus de vingt ans après Fire Walk With Me ? Beaucoup d'émotion ?
C'était beaucoup d'émotions différentes ! Je ne savais pas à quoi m'attendre les premiers jours, concernant de la relation réalisateur/acteur. On a été amis, bien sûr, pendant toutes ces années, mais je n'étais pas sûr de la manière dont on allait retrouver nos marques, et c'était comme si le temps n'avait pas passé. On s'est immédiatement replongés dans notre routine, mais en ayant encore davantage d'estime l'un pour l'autre. Et on a trouvé le parfait équilibre sur le tournage entre la plaisanterie et le sérieux.
Vous avez joué des rôles très culte, Dale Cooper bien sûr, mais aussi Orson Hodge dans Desperate Housewives par exemple. Ce sont des rôles qui pourraient vous coller à la peau, pourtant vous réussissez à chaque fois à incarner de nouveaux personnages en nous faisant oublier les précédents. Comment faites-vous ?
J'ai un rayon x mental qui fait que les gens oublient instantanément les personnages que j'ai joués avant ! (Rires) Ces personnages sont tous très différents et en tant qu'acteur, j'aime beaucoup la transformation. Je ne saurais pas vraiment expliquer comment ça se passe en moi, quel est le processus, mais quand je lis quelque chose, je commence tout de suite à changer un peu, à l'intérieur, et ensuite, ça s’amplifie à mesure que je travaille sur le script et ça me permets d'aller dans des directions très différentes. Avec Twin Peaks The Return, j'ai pu revisiter Dale Cooper, même si c'était finalement assez court. Il était différent, il avait vieilli de 25 ans plus vieux et il était différent aussi parce que j'étais moi-même différent de l'homme que j'étais il y a vingt-cinq ans.
On retrouve un peu du Orson psychopathe de la fin de Desperate Housewives dans le double maléfique de Dale Cooper dans The Return. Croyez-vous que David Lynch ait vu Desperate Housewives ?
Oh, je ne sais pas, mais disons que ça m'étonnerait ! En tout cas, quand il a écrit ce personnage purement maléfique, pour que la série marche, il fallait vraiment que je sois crédible. Et je ne crois pas qu'il m'aie jamais vu le faire, mais il m'en pensait capable et sa confiance m'a touché. Sa confiance a toujours été ce qui m'a le plus motivé à continuer le métier d'acteur.