C’est une lubie de TF1 : ne pas diffuser le(s) dernier(s) épisode(s) d’une saison et le(s) réserver pour lancer la suivante. Une logique censée compenser le sentiment de frustration des spectateurs. Sans revenir sur l’intérêt et la pertinence d’une telle démarche, il est peut-être utile de rappeler grosso modo ce qui s’est passé dans la saison une, car la programmation commence à dater (octobre 2018) et que les mémoires peuvent parfois flancher.
Allumer le feu !
Aux amoureux des pompiers cherchant une oeuvre réaliste sur la condition sacerdotale des combattants du feu, passez votre chemin (et privilégiez Rescue Me), Grey's Antomy : Station 19 est un soap ! Et à ceux pour qui le terme n’est pas un gros mot, vous êtes le ou la bienvenue dans « Ben Warren devient pompier » (après Ben est anesthésiste, puis Ben apprend à devenir chirurgien et en attendant sa prochaine reconversion : ambulancier ? pizzaiolo ? Magicien ?..), à savoir, peu ou prou, du Grey’s Anatomy avec un léger changement de décors et de profession.
Comme dans tout bon soap made in Shondaland (la société de production de Shonda Rhimes), les fins de saison s’inscrivent sous le signe de la cocotte minute (de mise sous pression, il en sera aussi beaucoup question dans les deux derniers épisodes mais chut, on ne dira rien). Évidemment, le personnel (et surtout l’émotionnel) se mêle au professionnel. Côté coeur, le menu est copieux : le triangle amoureux Andy-Jack-Ryan, l’incendiaire relation de Sullivan (Okieriete Onaodowan), la promesse d’une nouvelle romance pour Travis (Jay Hayden). Côté taf, c’est la grande course pour devenir le futur capitaine de la station qui oppose Andy (Jaina Lee Ortiz) et Jack (Grey Damon), alors que Maya (Danielle Savre) s'imagine en futur lieutenant. Autant dire que les tensions sont mises à rude épreuve !
Pater Familias
Pour rappel, le cancer du capitaine Herrera (Miguel Sandoval), père d’Andy, le force à se tenir loin des grandes échelles. Une compétition est donc née entre la jeune femme et Jack, son futur ex-petit-ami. On reconnaît les ingrédients chers aux soaps de Shonda Rhimes : l’affirmation par la réussite ; une inclusivité naturelle ; les dilemmes où se mélangent carrière et sentiments. Entre les deux combattant·e·s du feu, c’est un peu « je t’aime, moi non plus », jusqu’à ce que leur antagonisme finisse par nuire à l’intégrité, la sécurité et l’efficacité des interventions.
Seulement la réalité professionnelle ne repose pas uniquement sur le mérite où c’est toujours le meilleur qui gagne à la fin. Ce serait trop simple et beaucoup moins intéressant à regarder. On apprend cela durant le dernier épisode diffusé par TF1, quand la question de la bénédiction du capitaine Herrera se pose. Va-t-il adouber sa fille ? Son ex-gendre ? Obiwan Kenobi ? Ou bien une quatrième solution, plus cruelle mais logique quelque part : aucun des deux, l’ex-patron de la maison 19 imagine que ses ouailles seront mieux gardés par un dirigeant extérieur. Entre le coeur et la raison, Pruitt Herrera a choisi son cerveau. Coup dur pour Andy et Jack...
« L’amour est un feu qui dévore… »
De son côté, Sullivan vit le parfait amour avec J.J. (aucun rapport avec Esprits Criminels). Enfin parfait si on aime brûler la chandelle par les deux bouts ! Difficile de maintenir la cadence quand la jeune femme semble trouver le sommeil accessoire. Peut-être parce que le pompier lui a sauvé la vie durant un incendie et que cette expérience lui a apporté un nouveau souffle… C’est beaucoup plus calme et posé côté Travis qui avance (très) prudemment avec Grant. Les deux hommes sont évidemment attirés l’un par l’autre mais il faut croire que le deuil n’est pas encore réglé pour l’homme en uniforme. Il faudra probablement un coup du destin (ou un électrochoc) pour accélérer un peu les choses de leur côté.
Pour Ben (Jason George), c’est côté mariage que ça se complique, Miranda Bailey (Chandra Wilson) ayant du mal à se faire au nouveau-nouveau métier de son mari ex-anesthésiste, ex-étudiant en chirurgie et donc néo-pompier. Une profession évidemment placée sous le signe du danger… enfin, vu toutes les catastrophes qui se sont produites au Seattle Grace/Grey Sloane Memorial Hospital depuis 15 ans, il n’est pas si évident de déterminer qui occupe la profession la plus risquée et létale.
En attendant la suite...
Pour sa première saison, ce second spin-off de Grey’s Anatomy (après Private Practice) s’est parfois montré un peu timide et hésitant. Une orientation qui capitalise peut-être trop sur le succès et la renommée de sa grande soeur. Néanmoins, la fin de la saison élève le niveau (les deux épisodes diffusés sur TF1) et la seconde saison deviendra même aussi belle et émouvante que le soap médical. Comprendre que si vous avez été un peu refroidi par les huit premiers épisodes, la suite va vous réchauffer. On y retrouve même les envolés mélodramatiques des soaps caractéristiques des productions Shondaland. Préparez vos mouchoirs...