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    The Loudest Voice : que vaut la série sur le scandale Fox News avec Russell Crowe ?
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Notre avis sur "The Loudest Voice", série Blumhouse avec Russell Crowe sur l'ascension et la chute de Roger Ailes, le président de la chaîne américaine Fox News. Diffusion ce soir sur Canal Séries.

    Showtime

    De quoi ça parle ?

    De son implacable réussite à sa honteuse disgrâce pour harcèlement sexuel, voici l'histoire de Roger Ailes, le faiseur d'opinion le plus puissant des Etats-Unis. L'homme qui a permis l'avènement de Donald Trump. Tout commence en 2006. Roger Ailes a une obsession : faire de Fox News, la chaîne 100% républicaine qu'il a créée dix ans plus tôt, la première chaîne d'infos du pays. Il y contrôle tout, de ce que disent les journalistes à la longueur des jupes des animatrices de ses talk-shows...

    Ecrite par Laura Eason, Alex MetcalfJohn Harrington Bland et Tom McCarthy. Production : Blumhouse.

    Disponible en US+24 sur Canal+ Série. Bande-annonce :

    Roger Ailes au centre du viseur

    "The Loudest Voice" est le surnom donné par Roger Ailes à sa chaîne Fox News. Cela pourrait aussi être pris comme Roger Ailes cherchant à être la "voix la plus puissante". Car cette minisérie de sept épisodes est vraiment centrée sur l'ex-président de Fox News Channel et de Fox Television Stations. La production Showtime montre comment Ailes et sa poigne de fer vont faire de la chaîne Fox News la voix du conservatisme américain. La série débute en 1995, lorsque Ailes bâtit Fox News, et avance jusqu'en 2008 à la fin de l'épisode 3, le dernier que nous ayons pu voir.

    Ailes est montré sous ses aspects les plus sombres : maître chanteur, prêt à tout pour arriver à ses fins et garder le contrôle complet de sa chaîne, il est aussi colérique, paranoïaque et harceleur sexuel. Ses comportements inappropriés envers la gent féminine sont montrés, mais ne sont pas -pour l'instant- l'objet principal de la série. Nul doute qu'ils le deviendront. La performance de Russell Crowe est saisissante. Passées les quinze premières minutes pendant lesquelles nos yeux sont focalisés sur le maquillage, les prothèses et le travail sur la coiffure de Crowe pour le faire ressembler à Ailes, force est de constater qu'il est le personnage.

    Showtime

    Petit bémol cependant, la série ne prend pas de pincettes et n'explique pas toujours certains faits, que le public américain connaît, mais qui nous sont parfois plus étrangers. Comme ce moment où Ailes est accusé d'avoir fait passer un mémo à George W. Bush, dont le contenu ne nous sera pas vraiment explicité. Il conseillait en fait au Président des États-Unis de l'époque de prendre des mesures radicales rapidement à la suite du 11 septembre. Un rôle de conseiller qu'il n'avait pas à assumer en tant que président d'une chaîne d'information.

    Sur un autre plan, on pourra aussi déplorer qu'à la fin de l'épisode 3 sur 7, les personnages féminins n'aient toujours pas eu beaucoup de place pour exister.

    Mensonges et manipulation

    Au-delà de la personnalité de Roger Ailes, les premiers épisodes montrent à quel point il a été possible à Fox News de manipuler les Américains en créant ce qu'Ailes voulait que l'Amérique entende. Le résultat est une propagation de théories du complot et un parti pris complet dans le traitement de l'information.

    Dans les mois suivants les événements du 11 septembre, la série montre que Fox News engage une guerre sans merci contre Saddam Hussein, en en "faisant le méchant" (selon les mots de Ailes), avec le slogan "Quand Fox News gagne, l'Amérique gagne". Selon son principe que les Américains "ne veulent pas d'information mais veulent se sentir informés", Roger Ailes invente des informations ou insiste sur des détails pour semer le doute dans l'esprit du téléspectateur. C'est ainsi que pendant la campagne électorale de 2008, il passe l'ordre que Barack Obama soit appelé par son nom complet, Barack Hussein Obama, afin de le faire assimiler à Saddam Hussein.

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    Nous n'avons pu voir l'épisode 6 dont la réalisation est signée par Stephen Frears, mais Jeremy Podeswa (Boardwalk Empire, Game of Thrones) et Kari Skogland (The Handmaid's Tale) font un excellent travail pour dynamiser les discussions entre personnages en leur donnant le rythme adéquat. En revanche, la direction photo de Eigil Bryld (House of Cards) est un peu en pilote automatique. Les teintes beiges de l'image et la recherche du contre-jour à outrance pourront agacer.

    En bref

    La production est belle, intéressante et instructive. Nous sommes clairement face à une série qui "copie" le genre biopic du cinéma et donne à son comédien principal l'occasion de montrer qu'il a encore des choses à défendre. Si c'est ce que vous recherchez, foncez. Si le genre vous peine déjà au cinéma, passez votre chemin.

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