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    Céline Sciamma : "La structure de Titanic n’est pas sans lien avec celle de Portrait de la jeune fille en feu"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    En attendant de vous dévoiler nos entretiens complets avec l'équipe de "Portrait de la jeune fille en feu" présenté en compétition au Festival de Cannes 2019, découvrez un extrait de notre rencontre avec la réalisatrice Céline Sciamma.

    Pyramide Distribution

    AlloCiné : Portrait de la jeune fille en feu filme les regards, et qui porte sur le regard plus largement...

    Céline Sciamma, scénariste et réalisatrice : C’est un relais de regards. Il y a quelqu’un qui vient pour regarder quelqu’un d’autre, parce que c’est sa mission. Il y a une circulation de regards qui se met en place entre les personnages, et qui est joueuse sur qui regarde qui dans ce dialogue amoureux. Mais aussi, entre elles toutes.

    J’avais envie de faire un film avec de l’égalité, une histoire d’amour avec de l’égalité. Ne pas jouer de hiérarchies sociales, ne pas jouer de hiérarchie intellectuelle. Je crois que ça aussi ça parle de circulation des regards. Comment on se regarde ? Comment on est attentif ? C’est aussi un film sur l’écoute, ce sont des personnages qui s’écoutent, qui se répondent. Le film a une dimension méta sur la question du regard. C’est comme un grand relais, où l'on court toutes en même temps.

    Diriez-vous que Portrait de la jeune fille en feu est votre film le plus personnel ?

    En tout cas, le plus adulte dans son intimité. Sans doute celui qui me ressemble le plus au moment où je le fais. En ayant parlé de jeunesse, forcément, même si j’ai toujours fait des films très premier degré, pas rétrospectif, ils sont tous personnels. Mais celui-là à une actualité, je crois. C’est mon premier film avec des adultes. Je crois qu’il parle de ça, d’une forme de maturité, des sentiments, des relations.

    Vous poursuivez avec ce film votre collaboration avec Adèle Haenel (12 ans après Naissance des pieuvres), qui se montre sous un jour très différent, dans une forme de retenue...

    Cela fait partie du projet de regarder Adèle aujourd’hui. Et forte de ça, des années, de la confiance, de prendre le risque de construire quelque chose de différent, sur des choses aussi très techniques. A quel endroit elle pose sa voix, d’articulation. Il y avait l’idée de proposer une Adèle neuve. C’était une envie qu’on avait toutes les deux.

    Pyramide Distribution

    On décèle un certain nombre de références dans votre film. Personnellement, j'y ai vu des échos à La belle noiseuse, à Carol, à Call Me By Your Name, à Un cœur en hiver...

    Il y a Titanic. Il y a Bergman aussi. Personne ne le dit pour le moment, mais il y a un plan –et c’est la première fois de ma filmographie- qui est une citation. C’est Persona. Un plan très large dans lequel elle dépose sa tête sur son épaule, et ensuite il y a une sorte de raccord très étrange qui est vraiment directement une citation pour la première fois.

    Carol est un film important qui est aussi un film d’amour et de création, un film de regard, parce qu’il y a aussi cet exercice photographique dans le film de Todd Haynes. La Leçon de piano. Ce sont des films qui donnent du courage. Il y a Mulholland Drive aussi. C’est un des films qui invente des formes pour raconter l’amour. Je crois qu’ils ont tous ce point commun.

    Titanic s’impose peut être un peu plus parmi toutes ces références…

    Titanic est un film matriciel d’un point de vue générationnel. Quand Titanic est sorti, j’avais 18 ans. C’est un des films les plus vus de l’histoire du cinéma. Il y a cette scène du dessin qui évoque Titanic. Il y a aussi la structure du film. Titanic est un des rares films qui présente à la fois le présent d’un amour et à quel point il a été émancipateur. La structure de Titanic n’est pas sans lien avec celle du Portrait. 

    Notre podcast en direct de Cannes : Aujourd'hui la Team cannoise a vu le nouveau Terrence Malick, s'enthousiasme pour la première réalisation d'Hafsia Herzi, s'enflamme pour Adèle Haenel et Noémie Merlant, et se désole de ne pas voir Maradona jongler sur le tapis rouge.

    Propos recueillis lundi 20 mai 2019, au Festival de Cannes / Entretien à découvrir en intégralité à la sortie du film le 18 septembre prochain.

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