Papicha, présenté dans la section Un Certain Regard, c'est avant tout le regard d'une actrice, Lyna Khoudri. Un regard insoumis, libre, résistant, courageux, alors que l'Algérie des années 90 cède chaque jour un peu plus devant l'intégrisme religieux. Stylise en devenir, à la tête d'un gang de 'papichas' (surnom donné aux jeunes filles d'Alger) extrêmement attachantes, son personnage de Nedjma refuse de renoncer à ses rêves malgré les menaces et les violences. L'Algérie change, certain(e)s renoncent, mais pas Nedjma, habitée par son projet d'organiser un défilé de robes cousues dans des haïks, vêtement traditionnel maghrébin.
Le propos est fort, l'interprétation puissante, la réalisation de Mounia Meddour juste. Notamment lors d'une scène muette littéralement glaçante. La réalisatrice, qui signe ici son premier long métrage, s'est inspirée de son propre vécu en cité universitaire à Alger durant la décennie 90. C'est donc un peu de son histoire qu'elle raconte, à travers celle de Papicha. L'histoire de jeunes femmes qui malgré les désillusions et les obstacles, malgré la mort, ne renoncent pas. Le film, dont la projection officielle s'est achevée sur dix minutes d'applaudissements pour l'équipe, s'est imposé comme la claque du jour sur la Croisette. Et clairement l'un des incontournables de la quinzaine.