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    "Netflix ne tue pas les salles obscures !" lancent les professionnels américains du cinéma
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Les distributeurs de films, la Motion Picture Association of America et les exploitants de salles se sont retrouvés la semaine dernière au Cinemacon à Las Vegas. Et joué l'apaisement avec les plateformes de streaming type Netflix.

    Jouer l'apaisement, et temporiser un peu le conflit plus ou moins larvé entre les exploitants de salles de cinéma et les plateformes de streaming type Netflix. La semaine dernière, les exploitants américains de salles de cinéma, les distributeurs de films et les membres de la MPAA (la toute puissante Motion Picture Association of America), se sont retrouvés lors du Cinemacon à Las Vegas; sorte de congrès annuel des exploitants. Le mot d'ordre : non, Netflix ne tue pas les salles obscures. De quoi au moins un peu calmer les esprits surchauffés sur le sujet ?

    L'an dernier, le Box Office domestique a battu un record, en atteignant 11,9 milliards de $ de recettes. Les billets de cinéma ont enregistré une hausse de 5% de leurs ventes, et 263 millions d'américains -soit 75% de la population-  se sont rendus dans les salles obscures au moins une fois en 2018. L'analyste Michael Pachter, du cabinet Wedbush, estime que le résultat du BO US va encore augmenter de 1% cette année, ce qui amènera un nouveau record.

    "Tout le monde a une cuisine, ce qui n'empêche pas les gens de sortir manger au restaurant !" a lancé au Cinemacon Charles Rivkin, le CEO de la MPAA. Et au-delà de sa comparaison culinaire, Rivkin d'expliquer qu'à chaque innovation technologique dans l'industrie de l'Entertainment, il se trouve toujours des inquiétudes relatives à ces nouveautés, qui seraient susceptibles de tuer le business. Pour ceux qui l'on connu, c'était déjà le cas à l'époque de l'arrivée de la VHS, que les exploitants de salles accusaient dans un premier temps de vouloir tuer leur secteur d'économie. "Les films parlant, les films en Technicolor, la TV, l'arrivée du Câble et les smartphones ont été perçus comme des choses perturbatrices. Et pourtant, nous sommes toujours là !" C'est d'ailleurs Rivkin lui-même, qui a enjoint Netflix à s'asseoir à la table des négociations au sein de la MPAA, aux côtés de Disney, Paramount, Sony, Fox, Universal et Warner Bros.

    Battre en brèche les clichés...

    L'argument, largement et fréquemment relayé d'ailleurs, qui consiste à expliquer que les consommateurs qui regardent beaucoup de vidéos en streaming sont des personnes qui ne vont plus au cinéma, semble aussi battu en brèche. Selon une toute récente étude menée par EY’s Quantitative Economics and Statistics group, citée par la chaîne CNBC, les personnes qui vont voir plus fréquemment les films en salle sont en fait celles qui consomment en réalité le plus de vidéos en streaming.

    "Les exposants ont été très clairs lors du Cinemacon. Ils sont heureux de travailler aux côtés de Netflix, comme ils le font depuis le début, sans pour autant que l'un ne soit impacté par l'autre" déclare l'analyste Michael Pachter. Et d'ajouter : "ils seraient heureux de diffuser des oeuvres produites par Netflix dans leurs salles, pour peu que la firme joue le jeu de la durée de fenêtre d'exploitation des oeuvres en salles", qui est, aux Etats-Unis, de 90 jours. Si Netflix a consenti à faire quelques sorties techniques de ses oeuvres dans une poignée de salles, la firme est encore loin d'accepter de se plier à cette contrainte légale de 90 jours pour les salles de cinéma. Et, même, ce n'est pas tout à fait dans son intérêt...

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