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    Stranger Things : découvrez les secrets de la mère d'Eleven dans le livre prequel "Suspicious Minds"

    1969. Hawkins. Comment Eleven s'est-elle retrouvée entre les mains du Dr. Brenner ? Ça n'est pas "Stranger Things" mais son prequel en livre, "Suspicious Minds", qui nous le raconte, et son auteure Gwenda Bond nous présente son roman.

    Netflix / Lumen

    Le retour de Stranger Things, c'est pour bientôt : le 4 juillet sur Netflix, avec une saison 3 qui se déroulera en 1985. En attendant, Gwenda Bond, à qui l'on doit plusieurs romans pour jeunes adultes et des comic books autour de Lois Lane, nous entraîne en 1969, toujours à Hawkins mais aux côtés, non pas d'Eleven mais de sa mère, Terry Ives. Édité chez Lumen, "Suspicious Minds" est en effet le premier tome d'une série de prequels officiels du show créé par les frères Duffer, et son auteure a profité de sa venue à Paris pour nous en parler.

    AlloCiné : Comment ce livre est-il né ? Était-ce votre idée ? Celle des frères Duffer ? Un peu des deux ?

    Gwenda Bond : Les éditeurs Del Rey, aux États-Unis, avaient commencé à travailler avec Netflix et les frères Duffer pour établir quels livres pourraient s'intégrer dans l'univers de Stranger Things. Mon éditeur m'a ensuite demandé si je voulais écrire le premier, et ils savaient déjà qu'ils voulaient que l'histoire soit centrée sur Terry Ives, la mère d'Eleven, à la fin des années 60 et au début des années 70. Que ce soit un récit d'époque donc, et qu'il évoque également MK Ultra. Mais c'était tout, il n'y avait rien d'autre si ce n'est des encouragements à partir de là pour aller dans la direction qui me semblerait être la bonne.

    Terry aurait-elle été votre premier choix si vous aviez pu choisir le sujet que vous vouliez ?

    Je n'y ai jamais vraiment pensé. Mais l'idée m'a tellement plu car c'est le genre de personnage qui aurait pu être laissé sur le côté, sans que l'on ne revienne dessus. Mais j'ai été motivée par l'idée qu'ils veuillent se servir de son histoire, car elle représente une part importante de la mythologie de la série, et ils ont vu en elle un point de départ logique. Il paraissait intéressant de partir des aperçus que nous avions eu d'elle dans la série pour revenir sur sa jeunesse et son combat contre une force plus grande que nature, tout comme ce qui l'a menée à participer à ces expériences.

    Netflix

    Il y a ici de quoi plaire aux téléspectateurs, car la mère d'Eleven n'apparaît pas dans la série, et le Dr. Brenner est absent de la saison 2 alors que nous ne savions pas grand-chose de lui.

    Oh oui ! C'est un merveilleux méchant. Et j'espère qu'il reviendra dans les prochaines saisons, car je trouve que c'est aussi un super personnage. J'ai aimé montrer un peu plus de lui, tout en conservant une part de mystère, car Terry n'est jamais parvenue à déterminer d'où il venait vraiment et ce à quoi son enfance aurait pu ressembler. Ce qui est une bonne chose car cela laisse des vides à combler par la suite. Ou peut-être pas. J'ai le sentiment que l'on peut partir dans n'importe quelle direction avec lui.

    Était-il plus facile pour vous d'écrire une histoire de "Stranger Things" dans laquelle le méchant est humain ? Sans trop avoir à vous préoccuper de l'aspect fantastique ?

    Oui, il y a un peu de fantastique à la fin et j'aime travailler autour du surnaturel, mais je ne voulais pas que le livre et la série se répètent. Mon éditeur et moi-même avons eu beaucoup de conversations sur ces livres, dont le but est d'élargir l'expérience de l'histoire, plutôt que de la répéter, ce que les produits dérivés tendent parfois à faire. Mais nous ne voulions pas faire cela, et c'est pourquoi nous allons plus vers l'horreur psychologique au lieu d'avoir une menace entièrement surnaturelle.

    Nous allons plus vers l'horreur psychologique au lieu d'avoir une menace entièrement surnaturelle

    Pour étendre l'expérience plutôt que la répéter, quel niveau de liberté avez-vous eu ? Y a-t-il des choses que vous n'avez pas pu faire ?

    Je n'ai pas vraiment eu de liste de choses que je pouvais faire ou ne pas faire. Ils m'ont envoyé une bible de la série, qui contenait notamment toutes les informations dont les téléspectateurs pourraient être au courant. Puis j'ai travaillé avec un consultant de Netflix, qui participe à l'écriture de la série et que les Duffer avaient mandaté. C'était plaisant d'avoir un contact direct avec eux grâce à lui lorsque nous devions proposer des rebondissements.

    Ils étaient plutôt ouverts sur tous les éléments humains que j'avais apportés - même pour le personnage de Kali [vue dans la saison 2 sous les traits de Linnea Berthelsen, ndlr], alors que je ne pensais pas qu'ils seraient d'accord - mais les choses ont été plus compliquées avec le fantastique. Surtout que le Monde à l'Envers n'existe pas à ce moment-là donc il nous a fallu trouver un moyen d'en retrouver le goût sans briser les règles établies. Nous sommes parvenus à trouver une solution grâce au personnage d'Alice, dont les frères Duffer ont validé la création alors qu'ils étaient en train de tourner la saison 3. C'est très inhabituel comme façon de faire dans le monde de l'écriture (rires)

    Avez-vous eu accès aux scripts des épisodes de la saison 3 pour être sûre que ce vous alliez créer ne rentrer pas en conflit avec des éléments à venir ?

    Pas vraiment non. Je leur envoyais plutôt un brouillon détaillé qui me revenait avec des commentaires. Les frères Duffer sont experts en ce qui concerne l'univers fantastique de Stranger Things, et je voulais m'assurer que ma contribution allait s'accorder avec la série. Et même en ayant signé un accord de non-divulgation, je pense que je serais enfermée quelque part si j'avais pu voir la saison 3 ou en lire quoi que ce soit (rires)

    Lumen

    Y a-t-il dans le livre des indices sur ce qui nous attend ?

    J'ai envie de vous répondre que je ne sais pas (rires) Peut-être que certains éléments donneront l'impression d'avoir été des indices au moment de la diffusion, mais cela proviendra surtout du fait que nous racontons des histoires se déroulant dans le même univers. Cela n'aura pas été fait de façon intentionnelle. Mais ce sera intéressant de voir si des connexions émergent, de façon rétrospective.

    Quels sont les ingrédients essentiels de "Stranger Things", à la télévision comme en livre ?

    C'est la première question que je me suis posée. Pour ça comme pour les comic books sur Lois Lane. Et dans le cas de Stranger Things, l'amitié se doit d'être un élément central car cela représente une grande partie de l'ADN de la série. Et j'aime écrire sur un groupe, donc le moindre prétexte sera bon pour écrire sur des amis. La période est également importante. Même si nous sommes à une autre époque, nous voulions faire en sorte d'avoir le même ressenti. Et enfin ces personnages qui ne sont pas des stéréotypes et paraissent normaux, et fonctionnent comme des contrepoints du fantastique. C'est pour moi le coeur de l'univers. Avec un peu de côté geek. Une pincée (rires)

    À ce titre, vous faites beaucoup référence au "Seigneur des Anneaux". Pourquoi ?

    Ce qui est étonnant c'est qu'il s'agit de l'une des dernières idées que j'ai eues lorsque j'ai commencé à écrire. Il me semblait que quelque chose manquait, un intérêt commun geek entre les personnages. Et c'est en faisant des recherches sur cette époque, pour trouver ce qui pourrait coller, que j'ai réalisé que c'était à ce moment-là que Tolkien a vraiment décollé auprès des étudiants américains. Et les contestataires, car il était vu comme psychédélique. Ce qui paraît étrange aujourd'hui, mais à l'époque, on le comparait à un trip sous acide. Et c'est aussi de là que vient "Dongeons & Dragons", donc cela me paraissait être une façon naturelle et indirecte de lier le livre à la série, mais également de renforcer le côté amitié. Et c'est aussi ce qui m'a permis d'enrichir le personnage d'Andrew, lorsque j'ai apporté cet aspect.

    L'amitié se doit d'être un élément central car cela représente une grande partie de l'ADN de la série

    Andrew qui vous permet d'aborder l'époque du récit en évoquant la Guerre du Viêtnam, qui vous aide à dresser un parallèle entre l'horreur vécue par la jeunesse américaine sur place et celle dans laquelle sombre Terry.

    Il y a effectivement un lien. Lorsqu'il a été établi que nous parlerions de jeunes Américains à la fin des années 60 et au début des années 70, mon éditeur et moi-même nous sommes demandés s'il fallait mettre de la politique dans l'histoire. Et cela nous a semblé pertinent par rapport aux lecteurs d'aujourd'hui, qui regardent l'actualité et peuvent voir le parallèle sans qu'il ne nous soit nécessaire de le souligner. Mes parents avaient à peu près l'âge de mes personnages et ma mère m'a servi de référence pour Terry, or le conflit faisait partie de leur vie quotidienne : tous les jeunes redoutaient d'être mobilisés. Nous y avons vu une opportunité, aussi, de montrer à quel point le Dr. Brenner est maléfique, vu qu'il est littéralement capable d'envoyer quelqu'un à la guerre pour s'en débarrasser (rires)

    Pourquoi avoir choisi ce titre, et surtout cette chanson d'Elvis en guise de titre ?

    Je ne peux hélas pas m'attribuer cela, même si j'avais une playlist composée de chansons de ces deux années et que "Suspicious Minds" en faisait partie. J'avais proposé quelques titres mais c'est l'éditeur américain, Del Rey, qui travaillait déjà sur le second livre, a eu l'idée d'utiliser des chansons en guise de titre pour chaque tome. Le second sera donc "Darkness on the Edge of Town", d'après la chanson de Bruce Springsteen qui date de l'époque à laquelle le récit se déroulera [1978 donc, ndlr]. Et ça tombe bien car "Suspicious Minds" est pour moi l'un des rares titres de chanson capable de faire un bon titre de livre.

    Savez-vous de qui ce second livre parlera ?

    Ce sera sur Hopper et ses débuts de policier à la fin des années 70. Il sortira en juin de cette année.

    "Suspicious Minds" de Gwenda Bond - Édité chez Lumen - Disponible depuis le 7 mars - 17 euros

    Et rendez-vous dans quatre mois pour la saison 3 :

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