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    Michel Denisot perce le mystère du métier d'agent de stars dans Profession sur Canal+ [INTERVIEW]
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    A l'occasion de la diffusion ce soir de l'émission "Profession" consacrée aux agents de stars, entretien avec son animateur Michel Denisot. L'occasion de lui parler également de son premier film en tant que réalisateur, qui sortira cette année.

    Canal+

    Dans le nouveau numéro de son émission "Profession", Michel Denisot convie des personnalités influentes et discrètes du cinéma, mais dont la parole est très rare : les agents artistiques. Pendant 52 minutes, Michel Denisot leur donne la parole, l'occasion de parler de leurs talents, de leur parcours, mais aussi argent ou encore des César. Autour de la table, 7 agents  reconnus par la profession : Dominique Besnehard, Cécile Felsenberg, Jean-François Gabard, Fanny Minvielle, François Samuelson, Alexandra Schamis et Elisabeth Tanner. Nous nous sommes entretenus avec Michel Denisot, qui a accepté de nous parler également de son tout premier long métrage en tant que réalisateur, Toute ressemblance.

    AlloCiné : Le milieu des agents artistiques est très secret. Est-ce que l'idée, quand vous avez décidé de faire cette émission, était justement de percer un peu le mystère de ce milieu qu'on connaît un petit peu plus grâce à la série Dix pour cent maintenant, mais qui reste quand même assez mystérieux ?

    Michel Denisot : Là effectivement, on n'est pas dans la fiction, on est dans l'authenticité, la réalité de cette profession avec des gens qui sont experts de façon différente, avec des passions communes. La plupart vienne du même moule qui est Artmédia, sauf une. Je pense qu'on a compris qu'ils travaillaient pour des artistes qu'ils aiment. C'est un métier où l'affect compte beaucoup. C'est un lien très très fort avec les acteurs et les artistes. C'est un lien quasi passionnel ; ce n'est pas un lien froid comme il peut y en avoir dans d'autres professions.

    Vous avez d'ailleurs une jolie formule dans l'émission pour définir ce métier...

    Oui, à la fin de l'émission, je dis que ce sont les scénaristes de la vie des artistes. C'est un peu le cas car ils contribuent à écrire la vie professionnelle en tout cas des acteurs et des actrices.

    Les agents sont les scénaristes de la vie des artistes

    Vous n'évitez aucun sujet, notamment celui de l'argent et des contrats. C'est un sujet qui est très peu abordé dans la série Dix pour cent justement. Est-ce que c'était compliqué de l'aborder ? Avez-vous senti des résistances ?

    Non, non, ça n'a pas posé de problème. C'est ce que dit François Samuelson, il y a deux façons d'avoir de l'emprise sur quelqu'un, c'est le sexe ou l'argent, on a choisi l'argent. C'est une formule assez drôle. Leur métier ne se résume pas à l'argent. Après il y a des variantes énormes de cachet pour des acteurs, en fonction des budgets des films, des envies artistiques et des moyens qui sont là. C'est adapté en fonction de chaque film.

    L'émission est également l'occasion de parler de la place prépondérante des séries et des plateformes. Vous évoquez le fait qu'un acteur peut se retrouver avec une étiquette télé, etc.

    Ça c'était vrai avant. Ce n'est plus cas. Je crois que celui qui a fait exploser ça, c'est Gérard Depardieu en partie en faisant des choses pour la télé à un moment donné. Il y a eu quasiment trois familles d'acteurs, le théâtre, la série et le cinéma. Maintenant, ce n'est plus le cas, d'abord parce que les séries sont devenues des produits extrêmement bien faits, avec beaucoup de succès aussi.

    Bestimage

    Quel est votre regard sur les plateformes ? Êtes-vous un adepte de Netflix ?

    Je ne suis pas un adepte de Netflix. Je regarde beaucoup de films en VOD. Je préfère toujours voir les films en salle. Ce plaisir est incomparable. Mais bon évidemment le monde a changé. C'est vrai que de voir Le Pont de la rivière Kwai sur un smartphone, ce n'est pas très intéressant ! (rires)

    Je me rends compte que je ne regarde plus les films de la même façon

    Est-ce que votre regard sur le monde du cinéma a changé depuis que vous êtes vous-même devenu réalisateur [Michel Denisot est actuellement en montage de son premier long métrage, Toute ressemblance, avec Franck Dubosc, Ndlr.] ?

    Oui. Je me suis rendu compte que je parlais du cinéma pendant 40 ans sans vraiment savoir tout ce que ça voulait dire. En plongeant de l'autre côté, en écrivant un scénario, en réalisant, et en montant, je me rends compte que je ne regarde plus les films de la même façon. Plus du tout. J'ai la chance de monter mon film à un endroit où il y a d'autres salles de montage et d'autres cinéastes qui eux ne sont pas des débutants, et d'échanger avec eux, et c'est passionnant. J'aime encore plus ça qu'avant.

    Quelle a été votre impression sur le tournage ?

    C'est extrêmement rigoureux, c'est un monde d’organisation quasi militaire sur le tournage. C’est très précis. Tout le monde est prêt au bon moment, et les acteurs doivent être prêts au moment où tout le monde est prêt. Ce n'est pas de moi, je crois que c'est Noiret qui disait ça. Et puis, c'est un énorme jouet quoi ! J'arrivais tous les matins tôt sur le tournage, j'étais émerveillé de me dire : je fais ça ! Ce n'était pas prévu dans ma vie, comme beaucoup de choses. C'est arrivé comme ça, pas par hasard non plus, et j'y ai pris goût. C'est le plus beau moment de ma vie professionnelle, c'est maintenant.

    Si j'avais 20 ans de moins, je dirais que je n'ai envie de faire que ça.

    Cela vous donne déjà envie de faire un autre film ?

    Ça prend beaucoup de temps. Ça prend au bas mot trois ans et demi. Il faut d'abord finir celui-là. On verra après. Mais si j'avais 20 ans de moins, je dirais que je n'ai envie de faire que ça.

    Shanna Besson / UGC

    Dans l'émission Profession Agent de stars, vous évoquez brièvement les César. Est-ce que vous avez des favoris pour cette cérémonie ? Soit un pronostic, soit votre favori ?

    J'ai voté, je fais partie de l'Académie. Le vote évidemment est extrêmement secret ! (rires) Comme toujours ça se concentre sur 4 ou 5 films. Je regrette qu'il n'y ait pas plus de diversité. Ces 4 ou 5 films le méritent évidemment, mais je pense qu'il y a des découvertes à mettre en évidence. C'est une cérémonie que j'aime bien, je l'ai produite pendant plus de 20 ans.

    Y a-t-il justement un film que vous regrettez de ne pas voir représenté ?

    Oui, j'ai bien aimé le film de Franck Dubosc, Tout le monde debout. Pour la première fois, il cochait toutes les cases avec ce film : c'était son premier film. Il avait des critiques dans des journaux qui ne sont pas des clients de comédie. C'était une réussite à tous points de vue. C'est dommage qu'il ne soit pas au moins dans la catégorie Premier film.

    Avez-vous un nouveau projet de livre en préparation [Michel Denisot a notamment écrit Brèves de vie, publié en 2004 chez Fayard] ?

    Précisément, non. J'y réfléchis. Tant que je n'ai pas fini mon film, j'ai d'autres émissions Profession à tourner, et puis il y a Vanity Fair où je travaille aussi… J'attends d'avoir terminé le film avant d'évoquer un éventuel autre projet.

    La bande-annonce de Profession Agent artistique diffusé ce soir sur Canal+ à 22h55

    Propos recueillis à Paris le 18 février 2019

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