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    Au fil des jours : pourquoi cette série est l'une des meilleures comédies de Netflix

    La série Netflix Au fil des jours (One Day At a Time en VO) est de retour sur la plateforme avec une saison 3 aussi bonne que les précédentes. En trois ans, la création de Norman Lear fait partie des meilleures comédies de Netflix.

    Sortie en 2016 sur Netflix, Au fil des jours est le remake d’une série des années 70 diffusée jusqu’en 1984 sur CBS, centrée sur une mère divorcée et ses deux filles qui commencent une nouvelle vie à Indianapolis. C’est Norman Lear lui-même, son producteur, qui a l’idée d’en faire un remake sur une famille cubaine. Sa boîte de production s’approche donc de Sony puis de Netflix, qui accroche au projet. Bien plus qu’une relecture moderne, Au fil des jours n’est pas non plus qu’une comédie multi-caméra familiale et légère mais s’attaque, avec justesse, à des sujets de fond tels que le racisme, la sexualité, les troubles de stress post-traumatique… Associée à une distribution de qualité, la série mérite largement sa place parmi les meilleures comédies de Netflix.

    Un instantané de notre société

    Lorsque la série sort sur Netflix, elle est encensée par la critique qui souligne la qualité de son écriture. Car plus qu’une comédie familiale et générationnelle, Au fil des jours nous parle de notre société actuelle. Chaque épisode colle au plus près de l’actualité : il n’est ainsi pas rare d’entendre les personnages parler de la politique abusive de Trump pour ensuite élargir sur le problème de l’immigration et du racisme aux Etats-Unis : lorsqu’Alex avoue à sa mère dans la saison 2 qu’un de ses camarades de classe l’a appelé "sale Mexicain" la série offre une leçon aux spectateurs en les encourageant à embrasser leur identité et leurs origines avec fierté. Et elle n’oublie pas de mentionner que le racisme vient des deux côtés : "C’est pourquoi on devrait tous profiter de la diversité de ce grand pays" finira par conclure Penelope. Le mouvement #MeToo qui a émergé au début de l’affaire Weinstein est lui l’occasion de parler harcèlement sexuel et la manière dont chacun doit se comporter en société.

    "Ça fait du bien de jouer une femme normale qui a les pieds sur terre"

    Le personnage d’Elena (Isabella Gomez) permet d’aborder l’homosexualité chez les jeunes. Lorsque la lycéenne fait son coming-out et que son père ne l’accepte pas, elle peut tout de même compter sur sa famille pour la soutenir, et l’aider à se construire. L’épisode final de la saison 1 est à ce titre l’un des meilleurs de la série : alors que son père devait danser avec elle à sa quinceañera, Elena se retrouve seule sur la piste. Mais elle est vite rejointe par les autres membres de sa famille qui nous offrent alors un moment de télévision mémorable. Véritable figure de proue du féminisme dans les saisons suivantes, la lycéenne illustre régulièrement le fait que les femmes sont oppressées par la société : "Je ne me rendais pas compte à quel point les LGBTQ+ étaient peu représentés à la télévision. Et pourtant ce sont les meilleurs fans. Même si je n’ai pas écrit ce personnage, j’aime l’idée d’être une sorte de porte-parole", a expliqué son interprète en interview. La série va même plus loin en introduisant dans la saison 2 Syd, un personnage non-genré.

    Capture d'écran

    Au fil des jours s’aventure même sur le terrain de la guerre en faisant de son héroïne principale un vétéran souffrant de stress-post traumatique. L’occasion pour la série de critiquer le système qui n’offre pas assez de suivi.

    En voulant en faire trop, la série peut agacer, mais la prestation des acteurs et leur capacité à passer d’un genre à l’autre permettent de contrebalancer le tout.

    "Cubains et fiers"

    Certains pourront soutenir qu’Au fil des jours est calibrée pour le public américain et sa communauté sud-américaine, avec son casting essentiellement latino (mais ce genre de séries restent bien rares dans le paysage, même si certaines actrices latino-américaines, menées par Gina Rodriguez, veulent qu’ils soient plus représentés à la télévision). Les blagues sur les Cubains fusent et la série s’amuse avec les clichés à travers le personnage de la grand-mère jouée par l’iconique Rita Moreno. A 87 ans, l’ancienne star de West Side Story n’a pas perdu de sa superbe et insuffle à son personnage un côté théâtral qui peut parfois ennuyer, mais qui apporte de la vie à la série. On aime son excentricité, sa bonne humeur… et sa façon d’être souvent à côté de la plaque - ce qui désamorce souvent les situations tendues.

    Michael Yarish / Netflix

    Mais tous les honneurs reviennent à Justina Machado. L’actrice, plus habituée aux personnages secondaires et souvent stéréotypés (Desperate Housewives, Jane The Virgin) a trouvé ici le rôle de sa vie, comme elle l’a déclaré lors d’un panel SAG AFTRA en 2017 : "Je parle par expérience quand je dis que les personnages féminins latino sont mises dans des boites. Ce sont souvent des femmes hypersexualisées ou des mères qui souffrent – et j’en ai joué beaucoup de ces rôles-là, alors que je n’avais même pas 27 ans ! Ça fait du bien de jouer une femme normale qui a les pieds sur terre". Drôle et rafraîchissante, l’interprète de la volcanique Penelope passe avec une aisance remarquable du rire aux larmes. Elle est bouleversante lorsque son personnage parle des traumatismes qu’elle a subies en Afghanistan, lorsqu’elle raconte les difficultés qu’elle a à joindre les deux bouts ou lorsqu’elle doit donner des leçons à ses enfants. Elle reste malgré tout une femme forte qui se bat pour ses principes et qui n’hésite pas à se faire entendre. Même quand elle trouve des subterfuges pour ne pas payer le mini-bar à l’hôtel ou pour ramener des sucreries en douce au cinéma. Un role model comme la télévision sait très bien en faire.

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