AlloCiné : Après quatre saisons de La Stagiaire, vous prenez toujours autant de plaisir à incarner Constance Meyer ?
Michèle Bernier : Oui, parce que c'est un personnage que j'aime bien, auquel je suis très attachée. Je trouve qu'il y a toujours une évolution qui est intéressante à jouer. Car même si elle reste stagiaire, elle prend de plus en plus d'initiatives, elle est de plus en plus indispensable dans les enquêtes. Et puis là, dans cette saison 4, il va lui arriver beaucoup de choses. Elle va se retrouver notamment en danger, puisqu'elle va être séquestrée. Et elle va aussi être dans le doute par rapport à son mariage. Il y a vraiment mille rebondissements et je sais que les scénaristes et la chaîne font vraiment attention à ce qu'il arrive toujours tout un tas de choses à Constance.
Vous discutez beaucoup avec les auteurs des choses que vous aimeriez jouer ou des évolutions possibles de votre personnage ?
Oui, bien sûr. On se fait toujours quelques séances durant lesquelles les auteurs m'apportent leurs idées et durant lesquelles je peux aussi leur faire part de mes envies ou de mes suggestions. Ensuite ils se mettent à écrire et je leur fais très souvent des retours. Que ce soit des remarques positives ou négatives. C'est un vrai travail d'équipe aujourd'hui et je dois dire que nous sommes vraiment tous sur la même longueur d'ondes, la chaîne, la production, les auteurs, et moi.
Vous trouvez que Constance est un personnage qui vous ressemble ?
À partir du moment où je l'incarne, j'ai l'impression qu'elle n'est pas très loin de moi sur certains plans, c'est sûr. On partage un optimisme assez forcené, une empathie, et une certaine envie de justice je pense. Après, le reste, évidemment, est du ressort de la fiction. Mais c'est un personnage que j'aime beaucoup car elle cherche toujours la vérité. Et c'est une femme qui est dans le sentiment et dans l'affectif. Ce côté-là de Constance me plaît beaucoup.
Qu’est-ce qui selon vous fait que la série est un si gros succès sur France 3, alors que les séries policières et judiciaires sont assez nombreuses ?
J'ai l'impression que la modernité de Constance c'est d'avoir changé de vie. Être stagiaire c'est rigolo à cet âge-là mais en même temps ça lui laisse une grande liberté. Et je trouve qu'on arrive à mélanger une certaine modernité avec un peu d'humour et des enquêtes. Et puis il n'y a pas de rapport amoureux entre ces deux personnages. C'est agréable de voir un lien qui se crée avec quelqu'un de très différent. Je pense vraiment que c'est ça qui fait le succès de la série. Sans oublier l'aspect familial qui, selon moi, compte beaucoup dans La Stagiaire. Ce couple qui s'aime, qui traverse les épreuves en étant toujours uni. Cette famille qui se soutient. Ce sont des choses qui comptent pour les téléspectateurs car ça fait du bien de voir des gens qui s'entendent, qui font les choses par amour pour l'un ou pour l'autre. Ce n'est pas si fréquent à la télévision.
Avant La Stagiaire, vous avez tenu le rôle principal de La smala s'en mêle sur France 2, qui s'est arrêtée après seulement 7 épisodes alors que les audiences n’étaient pas mauvaises. Cet arrêt assez brutal vous a surpris ?
Ça m'a surpris, ça m'a peinée. Ça a été un peu une déflagration pour nous tous. On est un peu tombés des nues, on n'a pas trop compris ce qui se passait. Après, on peut vous raconter tout ce qu'on veut, il y a certainement de très bonnes raisons pour que la chaîne ait décidé ça. Mais c'est vrai en même temps qu'on avait un peu perdu la substantifique moelle de La smala s'en mêle, avec le côté décalé des pompes funèbres et des anciens travailleurs du sexe qui consolaient les veuves et les veufs qui avait fini par un peu disparaître. Le côté humoristique et osé n'existait plus vraiment dans la série à la fin et je pense que c'est ce qui lui manquait et qu'on n'a pas réussi à retrouver.
Vous faîtes depuis quelques semaines votre grand retour seule sur scène avec votre spectacle Vive demain ! au Théâtre des Variétés. Qu’est-ce que vous aviez envie de raconter avec ce nouveau one-woman show ?
Un peu le ras-le-bol d'être dans le passéisme en permanence et de voir un monde médiatique qui nous répète sans cesse que la fin du monde arrive, qu'on ne peut rien faire, et qu'on doit être victimes en permanence. Ça a commencé à nous agresser. On finissait par se dire "On ne va plus sortir de chez nous, on ne va plus rien faire". Alors que je pense que l'être humain est capable de beaucoup de choses, autant dramatiques que positives. Et donc moi j'avais envie d'aller dans le positif. Et on est parties avec Marie Pascale Osterrieth, qui co-écrit et met en scène le spectacle, sur cette idée que le "C'était mieux avant" n'est pas forcément vrai. C'était mieux avant quoi en fin de compte ? À quel moment ? Avant l'invention de la roue ?
Et je voulais aussi donner un message positif à la jeunesse, car je m'adresse beaucoup aux jeunes dans ce spectacle. J'avais envie de leur dire "Allez-y, foncez, n'ayez pas peur". Et en même temps je parle de la culpabilité des gens de ma génération, qui n'ont peut-être pas assez fait attention et ont vécu dans une espèce d'égoïsme de confort, avec tout le progrès qui arrivait. On avait beau nous dire "Attention, un jour il n'y aura plus d'eau, un jour il y aura trop de plastique, un jour ceci, un jour celà", on n'a pas écouté et aujourd'hui on se rend compte qu'on a un peu dépassé les bornes, si ce n'est beaucoup. Le spectacle dresse le constat de cela et en même temps il y a cette vraie envie de dire "Allez, maintenant on va faire des choses, il va falloir se bouger". J'avais envie d'un vrai spectacle d'espoir pour ce retour seule en scène après dix ans.
Une tournée est prévue après les dates parisiennes ?
Oui, la tournée va commencer au mois de novembre jusqu'en février-mars 2020.
Votre fille, Charlotte Gaccio, tient l’un des rôles principaux de Sam sur TF1 depuis maintenant trois ans. Quel regard portez-vous sur sa carrière ? Vous la conseillez beaucoup ?
Je la conseille si elle me le demande. Je ne suis pas intrusive comme mère. Elle gère ça plutôt pas mal je trouve, et en plus c'est une bonne comédienne, vraiment très bonne. Quand elle a besoin de conseils je lui en donne, mais elle se débrouille bien toute seule (rires).
Vous aimeriez jouer ensemble un jour dans une série ou dans un téléfilm ?
Pourquoi pas, nous on est open. Mais il faudrait que l'on se retrouve à égalité sur un projet. Je ne voudrais pas que ma fille ait moins à jouer que moi par exemple.
Et des retrouvailles à l’écran ou sur scène en trio avec Mimie Mathy et Isabelle de Botton vous y pensez ?
C'est dans les tuyaux, mais on n'arrive pas à trouver de chaîne que ça intéresse. C'est là, on attend des réponses, mais on a évidemment très envie de recommencer quelque chose toutes les trois.
La saison 4 de La Stagiaire débute ce mardi 12 février à 21h sur France 3 :