Tout ce que vous lirez ci-dessous est SPOILER, il convient donc d'arrêter ici votre lecture si vous n'avez pas vu la série et souhaitez garder intactes toutes ses surprises :
De quoi ça parle ?
Dick Grayson, alias Robin, sort de l’ombre pour devenir le chef de file d’un groupe de nouveaux héros constitué notamment de Starfire, Raven ou encore Hawk et Dove. Peu à peu, il s'affranchit de Batman pour devenir Nightwing...
Créée par Greg Berlanti, Akiva Goldsman et Geoff Johns
Avec Brenton Thwaites, Anna Diop, Teagan Croft et Ryan Potter.
Disponible le 11 janvier sur Netflix et aux Etats-Unis sur la plateforme DC Universe.
À quoi ça ressemble ?
Ça vaut le coup d'oeil ?
Lorsque le retour des Teen Titans a été annoncé en avril 2017, les attentes étaient hautes. Les deux précédentes séries sur ces super-héros DC, La Ligue des justiciers : Nouvelle Génération (2010) et Les Jeunes Titans (2003), toutes deux en animation, avaient ravis les fans. Pour cette version live, l'équipe est constituée de Dick Grayson (anciennement Robin mais volant désormais de ses propres ailes), Starfire (capable d'enflammer les gens comme les objets), Beast Boy (un tigre-garou), Hawk et Dove (un couple de vigilante) et enfin Raven, empathe capable de se projeter dans l'astral et qui est l'objet de toutes les attentions de cette saison 1.
Car disons-le d'emblée, cette saison est surtout consacrée à Raven et à Dick Grayson. La première intéresse un culte étrange qui est à ses trousses pour exploiter ses pouvoirs à des fins maléfiques, le second est en proie à des accès de violence assez sévères. Le show vise un public plus "jeune adulte" qu'enfantin ou adolescent et se permet donc des scènes d'une violence parfois graphique et dérangeante pour le spectateur, Dick n'arrivant pas à calmer ses pulsions agressives. De manière générale, les scènes d'action sont souvent meurtrières, ce qui tranche vraiment avec les productions DC de la CW comme Arrow et Flash. Le parallèle avec Daredevil vient immédiatement à l'esprit, même si l'intrigue de Titans ne peut rivaliser avec les circonvolutions politiques jadis à l’œuvre dans la série du Justicier aveugle.
Le ton de la série est globalement sérieux puisque Titans mise beaucoup sur l'horreur via le traitement de la dualité de Raven, mais aussi dans l'épisode 10 Koriand'r, inspiré du mythe de la maison hantée. Elle évoque aussi des sujets graves comme la pédophilie (l'histoire de Hawk). Ce ton est adéquat pour préparer aussi le terrain aux autres séries du même univers que seront Swamp Thing et Doom Patrol. (L'épisode 4 nous a d'ailleurs montré que Beast Boy est clairement conçu pour être le pont entre la Doom Patrol et les Titans). Cette ambiance sombre fait beaucoup pour le charme de la série, de même que ses effets spéciaux -dont nous avions déjà parlé dans le pilote- et qui restent d'une qualité surprenante, même pour des scènes de débauche de flammes créées par Starfire.
La série a un défaut de rythme, avec des personnages qui se fixent une bonne seconde avant de se répondre pour se donner un air grave et les 50 minutes moyennes des épisodes se font parfois un peu sentir. Cela étant dit, elles permettent également d'explorer les motivations et les émotions de chacun. Rappelons que le show a six personnages principaux et une flopée de héros secondaires comme Jason Todd (l'acteur Robin), Donna Troy (Wonder Girl) ou la Nuclear Family (les poursuivants de Raven). Leur donner le temps d'être autre chose que des coquilles vides ou des archétypes est à mettre au crédit de la série, même si la tension y perd.
Du reste, ce foisonnement de personnages transpire la passion des auteurs pour l'univers qu'ils décrivent et les héros dont ils signent les aventures. C'est dans cette optique qu'ils ont teasée le Joker et Batman avant de finalement les montrer dans le final, de même que l'asile d'Arkham, Double-Face, L'Homme-Mystère ou le Ventriloque. Le méchant de la saison 1 était le démon Trigon, l'un des ennemis jurés des Titans mais pas la menace la plus évidente à appréhender pour le public non familier des comics ou des séries animées. Au-delà du fan service évident de montrer des figures comme le Joker, il y a eu une volonté des auteurs de rappeler la richesse du catalogue DC et d'inscrire la série dans l'univers de Batman, plus connu du grand public.
L'épisode final (un peu précipité) termine sur un passage de Robin "du côté obscur", tout dévoué semble-t-il, à obéir aux ordres du maléfique Trigon. Raven est impuissante à cela mais pas de panique, puisque Beast Boy, Starfire et Wonder Girl ne sont pas loin pour tenter d'errayer la situation. Imaginer un Robin ayant embrassé ses démons au lieu de les combattre est une idée intéressante, même si ce final oublie un peu qu'il est une série d'équipe et concentre ses efforts sur l'unique Dick Grayson. spoiler: La scène post-générique donne un gros indice sur ce qui suivra, puisque la saison 2 va faire intervenir rien moins que... Superboy, la version adolescente de Superman.
Bref, sans être parfaite, cette première saison aura réussi le pari de réunir ses héros rapidement pour jouer sur la dynamique de groupe assez tôt dans la série, propose de pléthore de seconds rôles bien connus et introduit la série Doom Patrol, qui arrive en février, toujours sur DC Universe. Avec ses personnages bien campés et leurs enjeux bien posés, on a désormais hâte de retrouver les Titans pour une saison 2 déjà commandée et bien méritée !