Ce matin, le cinéaste italien Bernardo Bertolucci a tiré sa révérence. Il y a quelques années, la controverse entourant Le Dernier tango à Paris, avait refait surface, au moment de la mort de son interprète, Maria Schneider. Dans le film, Paul, un Américain établi à Paris, et Jeanne font connaissance alors qu'ils visitent un grand appartement vide. Ils font l'amour sans rien savoir l'un de l'autre, pas même leurs prénoms. Paul loue l'appartement et le couple s'y donne rendez-vous jusqu'à ce que la situation devienne insoutenable.
A plusieurs reprises, l'actrice, qui n'avait que 19 ans au moment du tournage, avait expliqué que la scène du viol par sodomie de son personnage par celui de Marlon Brando avait été tournée à son insu. Ni son partenaire, ni Bertolucci ne l’avaient prévenue de l’usage du beurre comme lubrifiant : « Je me suis sentie violentée. Oui, mes larmes étaient vraies. J’étais jeune, innocente, je ne comprenais pas ce que je faisais », confiait-elle des années après. « J'ai eu l'impression d'être violée à la fois par Bertolucci et Brando. Marlon ne s'est pas excusé après la scène », se souvenait-elle, déclarant avoir « perdu sept ans de [sa] vie », ayant sombré dans une grave dépression et une addiction aux drogues.
Je pense qu'elle m'a détesté ainsi que Marlon parce que nous ne le lui avions pas dit
Lors d'un événement organisé à la cinémathèque française en 2013, Bertolucci avait confirmé que la comédienne n'avait pas donné son consentement et que sa réaction est authentique, bien que l'acte soit simulé. « La scène du beurre est une idée que j'ai eue avec Marlon le matin même », a-t-il indiqué, précisant qu'il voulait qu'elle réagisse « en tant que fille, pas en tant qu'actrice ». « Je ne voulais pas que Maria joue sa rage et son humiliation, je voulais qu'elle ressente la rage et l'humiliation », a-t-il déclaré. « Ensuite, elle m'a haï pour ça toute sa vie. (...) Je pense qu'elle m'a détesté ainsi que Marlon parce que nous ne le lui avions pas dit. »
A la mort de Maria Schneider en 2011, le réalisateur italien avait affirmé à l'agence italienne Ansa qu’il aurait voulu lui présenter ses excuses : « Sa mort est arrivée trop tôt. Avant que je ne puisse l’embrasser tendrement, lui dire que je me sentais liée à elle comme au premier jour, et, au moins pour une fois, lui demander pardon. Maria m’accusait d’avoir volé sa jeunesse et aujourd’hui seulement je me demande si ce n’était pas en partie vrai. »
La bande-annonce du Dernier tango à Paris :