Adapté du roman de Shirley Jackson, qui a donné naissance à La Maison du diable et son remake involontairement drôle Hantise, The Haunting of Hill House a été l'une des belles surprises télé de ces dernières années. Mêlant codes horrifiques et drame humain, la série mise en ligne le 12 octobre sur Netflix a su faire frissonner et émouvoir ses téléspectateurs. Mais pour qui connaît le cinéma de Mike Flanagan, réalisateur des dix épisodes qui n'a connu les honneurs de nos salles obscures qu'à une seule reprise, grâce à Ouija : les origines, ce tour de force en rappelle un autre.
Sorti en avril 2014 aux États-Unis, Oculus a été présenté au Festival de Gérardmer début 2015, avant d'aterrir directement dans les bacs DVD/Blu-Ray français quelques mois plus tard, sous le titre The Mirror. Ou comment troquer le mystère de la VO pour une focalisation directe sur l'objet central de ce drame horrifique, qui prend autant de place sur le plan physique que métaphorique dans le récit. Articulé entre deux époques, ce dernier alterne entre le présent et des événements survenus onze ans auparavant dans la maisons de Kaylie et Tim, accusé d'avoir abattu son père qui venait de tuer sa mère, et s'est vu condamner à une décennie d'internement en hopital psychiatrique.
Comme dans The Haunting of Hill House, la réalité est plus complexe que ce que les esprits rationnels voudront croire, et chaque temporalité vient nourrir l'autre, avec un effet-miroir. Car l'idée principale est de démêler le vrai du faux dans les récits de Tim et Kaylie qui, adulte, enquête toujours sur les événements mystérieux qui ont entouré le décès de leurs parents, et seraient liés à l'objet antique qui donne son titre (français) au long métrage. Une piste que The Mirror ne met pas longtemps à explorer car, comme dans Shining (dont Flanagan tourne actuellement la suite), les nouveaux habitants de la maison se mettent à devenir fous, jusqu'au drame évoqué plus haut, alors que tous ont des hallucinations et que le père est séduit par une femme fantôme, Marisol, doté de miroirs à la place des yeux.
Pas la peine de stopper votre lecture ici, car nous n'en dirons pas plus sur l'intrigue, qui recèle plusieurs surprises et s'amuse à perdre ses personnages (et nous avec), en jouant avec la notion de réalité. Sur cet aspect, le film et la série de Mike Flanagan se rejoignent, mais également lorsque les deux oeuvres alternent passé et présent avec une fluidité remarquable : grâce à des raccords dans le mouvement dans The Haunting of Hill House, et des moments où un personnage croise la version jeune de lui-même et que la caméra change de direction dans The Mirror. Et sur petit comme sur grand écran, les codes du genre viennent nourrir le drame, et inversement, lorsque les protagonistes doivent se replonger dans leurs traumatismes respectifs, et exorciser leurs démons, au propre comme au figuré. Le résultat est ainsi terrifiant et touchant, surtout lors de son final.
MIKE FLANAGAN, SPÉCIALISTE DE VOS CAUCHEMARS ?
Les spectateurs ayant vu The Mirror se sentiront donc en terrain connu en mettant un pied dans la maison (et la vie) des Crain. Et ils auront même l'impression de reconnaître un visage : pas celui de Karen Gillan ou Brenton Thwaites, qui se sont fait connaître avant de s'illustrer chez Mike Flanagan, mais de Kate Siegel. L'interprète de Theodora adulte dans The Haunting of Hill House prête ici ses traits au fantôme Marisol, mentionné plus haut, et on l'a ensuite vue dans Pas un bruit, Ouija : les origines et Jessie, mis en scène par le réalisateur dont elle partage la vie. Même s'il ne s'agissait pas de son premier long métrage, The Mirror a donc permis à ce dernier de commencer une belle histoire d'amour avec l'actrice et le genre horrifique, dont il est aujourd'hui l'un des représentants les plus solides, capable de réussir la suite du très raté Ouija, premier du nom.
Assez solide pour que la Warner ne lui confie l'un de ses gros projets de genre à venir : Doctor Sleep, suite de Shining dans laquelle il dirige actuellement Ewan McGregor et Rebecca Ferguson. Une autre histoire de traumatisme et de maison hantée, grâce à laquelle il risque encore de nous empêcher de dormir, en janvier 2020.