Suite au refus de Canal+ de signer le nouvel accord avec l’industrie du cinéma, Maxime Saada, Président du directoire de Canal+ a publié une tribune dans le journal Le Monde, dont nous vous proposons de découvrir quelques extraits :
"Les pouvoirs publics, les auteurs, les créateurs, les producteurs et les groupes audiovisuels de notre pays n’ont cessé de se battre avec constance pour faire reconnaître un principe d’exception culturelle, dont la France, par son rayonnement historique et artistique, s’est toujours érigée en garant universel. C’est ce qui explique la vitalité du cinéma français, seul cinéma qui en Europe a su pleinement perdurer jusqu’à présent face à l’hégémonie du soft power culturel des Etats-Unis. Pourtant, cette singularité française sur la carte du monde cinématographique est confrontée aujourd’hui au défi le plus important de son histoire." (...)
Nous sommes entrés dans une ère d’hyperoffre audiovisuelle, mais aussi d’homogénéisation culturelle, où la domination américaine risque d’évincer à terme les cultures nationales
Nous sommes entrés dans une ère d’hyperoffre audiovisuelle, mais aussi d’homogénéisation culturelle, où la domination américaine risque d’évincer à terme les cultures nationales. On le voit en salle, où les blockbusters de superhéros colonisent l’imaginaire mondial au profit d’un cinéma de spectacle ultra-efficace mais destiné en priorité aux adolescents. (...) Dès lors, comment résister à cette lame de fond ? La réponse est simple : de la même manière que nous avons réussi à surmonter les précédentes, en sachant réinventer collectivement l’écosystème du cinéma à l’aune des nouveaux défis. Nous disposons pour ce faire d’atouts uniques : nos créateurs en premier lieu, mais aussi tout le dispositif mis au point au fil des décennies pour les faire éclore, les accompagner et les faire rayonner à l’international. Car le cinéma français bénéficie d’une chance inouïe : il dispose de deux poumons là où les autres cinémas européens sont sous assistance respiratoire. D’un côté, le CNC (...). De l’autre, le Groupe Canal+ (...)
S’il y a une guerre, ce n’est certainement pas celle de Canal+ contre le cinéma français
S’il y a une guerre, ce n’est certainement pas celle de Canal+ contre le cinéma français, puisque le premier est l’allié indéfectible du second. C’est une guerre politique et culturelle que le cinéma français doit mener collectivement pour assurer sa vitalité, sa singularité et sa capacité d’influence dans le monde. Il est urgent que nous nous rassemblions tous, pour préserver la diversité culturelle française et en français ; sauvegarder la capacité de la France et de l’Europe à rayonner artistiquement et intellectuellement dans le monde ; affermir, enfin, nos cultures comme socle de nos identités, collectives comme individuelles. (...)
Tous les autres acteurs doivent contribuer à cet effort de modernisation
Tous les autres acteurs doivent contribuer à cet effort de modernisation au service des intérêts collectifs, même si les ajustements sont parfois douloureux et s’il est nécessaire de revenir sur des situations qui semblaient acquises pour toujours. L’avenir de notre exception culturelle est à ce prix, mais il le mérite, plus que toute autre bataille. (...)"
>>> Retrouvez la tribune complète de Maxime Saada, dans le journal Le Monde daté du 27/10/2018