AlloCiné : Comment est venue l'idée de la série The Romanoffs ? Avez-vous bénéficié d'une liberté totale dans l'élaboration de la série ?
Matthew Weiner : Je ne pense pas que le concept de liberté totale existe dans cette industrie, mais pour être honnête je pense que l'on me l'aurait accordée si j'avais accepté de faire une saison supplémentaire de Mad Men. (rires) Ce qui est ironique c'est qu'il m'a fallu sept années avant de parvenir à vendre le concept de Mad Men, mais qu'ensuite on ne voulait plus que la série s'achève ! Après son arrêt, je suis plus ou moins redevenu un scénariste au chômage. Mais je me suis servi du succès rencontré par Mad Men pour faire quelque chose d'original. Certaines chaînes n'ont pas aimé le format que je leur ai proposé, mais Amazon a décidé de produire la série, et c'est d'ailleurs assez surprenant qu'une aussi grande entreprise accepte de se lancer dans un projet aussi "risqué".
Quelle a été la difficulté principale de concevoir une série anthologique composée d'épisodes indépendants ?
J'ai eu beaucoup de chance qu'une série comme Black Mirror existe déjà, car elle a introduit auprès des téléspectateurs l'idée qu'on peut aimer un épisode, puis détester le suivant. Pour concrétiser mon idée, j'avais besoin d'une brillante équipe d'auteurs, un bon producteur et de nombreuses idées. Ce qui était excitant avec The Romanoffs, c'est que chaque histoire que nous tournions avait un début et une fin. C'est un concept qui se fait rare, y compris au cinéma, puisqu'on a désormais tendance à laisser une fin ouverte dans le cas où des suites voient le jour.
Comment vous est venue l'idée d'écrire une série inspirée des Romanov ?
Oh, nous n'avons pas assez de temps pour discuter de cela. (rires) D'où viennent les idées de manière générale ? J'ai toujours été intéressé par l'histoire des Romanoffs, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que je suis issu d'une famille juive russe ? Pour moi, les histoires de Raspoutine et d'Anastasia sont des genres en soit, car en comptant les films muets, il y a probablement eu entre 20 et 30 longs métrages consacrés à Raspoutine, et davantage encore pour Anastasia, ce qui traduit la fascination du public pour cette famille.
Isabelle Huppert : le cinéma et les séries se l'arrachent !The Romanoffs a une sensibilité très européenne. Comment expliquer votre passion pour les films étrangers, et notamment français ?
J'aime les films du monde, je les ai découverts pendant mes études de cinéma. J'aime l'idée que le cinéma possède un langage universel. Avant l'apparition du parlant, il n'y avait pas de genres, mais seulement des noms : Greta Garbo, Charlie Chaplin… Et dans un sens les films Marvel perpétuent cette tradition car ils ne reposent pas sur les dialogues, mais sur l'action.
Pourquoi avoir choisi de travailler avec une plate-forme de streaming et non une chaîne traditionnelle ?
Dans ce milieu, il est indispensable de suivre la loi du marché et on ne peut pas vraiment choisir avec qui l'on va travailler. Mais ce que j'ai apprécié chez Amazon, c'est qu'ils ont aimé l'idée de la série et n'ont donc pas cherché à en faire quelque chose d'autre. Je n'ai pas eu l'impression d'être une série parmi les autres et je tenais au format de diffusion hebdomadaire, car j'avais envie que chaque épisode soit au cœur des discussions et que toutes les histoire puissent être savourées et appréciées par les téléspectateurs.
La bande-annonce de The Romanoffs, à suivre dès le 12 octobre sur Amazon Prime :