De quoi ça parle ?
Ex-alcoolique, toujours sobre et plus progressiste que jamais, Murphy Brown retrouve son poste de présentatrice star d'un magazine d'informations intitulé "Murphy in the morning", mais cette fois sur une chaîne câblée, à l'heure des réseaux sociaux, des fake news, et dans un climat politique agité...
Tous les jeudis soirs sur CBS. Aucune chaîne française n'en a annoncé l'acquisition à ce jour.
A quoi ça ressemble ?
CULTE... VRAIMENT ?
Succès public et critique, la sitcom Murphy Brown était à bien des égards en avance sur son temps, proposant dès la fin des années 80 une héroïne engagée, libre, indépendante financièrement sans homme pour la soutenir, célibataire et pas malheureuse de l'être, puis mère célibataire et fière de l'être. Au même moment, la plupart des femmes de sitcoms sont des épouses et des mères, souvent entièrement dédiées à leur foyer, et c'est bien tout. Dans les journaux, on lit partout que les femmes ne peuvent pas être à la fois des professionelles accomplies et des mamans heureuses. Elles doivent faire un choix. Elle s'inscrit dans une tendance, avec Femmes d'affaire et dames de coeur et Les Craquantes, qui met en avant des personnages féminins avec beaucoup plus d'aspérités qu'auparavant. Sans doute pas un hasard, elle est la création d'une femme : la scénariste Diane English.
Pendant 10 saisons de 1988 à 1998 et pas moins de 247 épisodes, la journaliste Murphy Brown s'attaque aux puissants, déployant toute son énergie à exposer les abus de pouvoirs des politiciens et des riches industriels dans son propre talk-show, les scénaristes n'hésitant pas à s'inspirer de faits réels qui secouent l'actualité de l'époque. Elle incarne LA femme ambitieuse, carriériste, et ouvre clairement la voie aux héroïnes d'aujourd'hui, d'abord celles de Sex and the City qui lui font suite quelques mois après son arrêt, puis la nouvelle vague récente de femmes puissantes. En 2010, le magazine TV Guide classe Murphy Brown parmi les 25 plus grands personnages de la télévison américaine tous sexes confondus. Son interprète, Candice Bergen, remporte pas moins de 5 Emmy Awards de la "Meilleure Actrice dans une comédie" ainsi qu'1 Golden Globe au cours de la vie de la série.
Naturellement, la sitcom n'est pas sans créer la polémique à plusieurs reprises, mais pas tant pour sa vision de la politique que pour ses prises de position sociétales. Lorsque l'héroïne décide d'avoir un enfant toute seule, la série se retrouve au coeur du débat pour la campagne présidentielle de 1992. Le Vice-Président Dan Quayle critique le personnage au cours d'un discours, considérant qu'elle "moque l'importance des pères en choisissant d'élever son enfant seule." Cela entraîne un débat enflammé dans l'opinion qui culmine lors du premier épisode de la saison 4 par une référence directe à ce discours. Les producteurs réutilisent les images du discours au sein de la série, débouchant sur un grande tirade de Brown vantant la diversité et la richesse des familles américaines. Lors de la cérémonie des Emmys, Bergen remerciera non sans ironie le politicien.
Autre affaire notable : dans la 10e saison, Murphy est atteinte d'un cancer du sein et utilise lors d'un épisode de la marijuana pour se soulager après ses séances de chimiothérapie. Les groupes conservateurs ne manquent pas d'attaquer la série sur ce point. Lorsque l'animatrice est à la recherche d'une prothèse mammaire, une réplique passe mal auprès d'un groupe féministe. Elle lance : "Dois-je prendre la prothèse Demi Moore ou la version Elsie la vache ?". La blague passe mal. Victoire tout de même pour la série puisqu'on estime qu'on lui doit une hausse de 30% de femmes ayant passé une mammographie préventive cette année-là.
LE REVIVAL
Après les retours réussis et très politiques de Will & Grace sur NBC et Roseanne sur ABC, CBS veut aussi sa part du phénomène reboot et commande à Warner Bros. une 11e saison de Murphy Brown, 20 ans après la fin de la dernière, avec toujours Candice Bergen en tête d'affiche. Avec l'élection de Donald Trump et l'avénement du mouvement #MeToo, le moment semble effectivement parfait pour faire revenir la journaliste sur le devant de la scène. La plupart des personnages sont de retour, et le fils de Murphy Brown, désormais trentrenaire, y est incarné par le comédien Jake McDorman, vu dans Greek, Shameless et Limitless.
L'ambition : embrasser la modernité et l'époque. Le résultat : selon les premières critiques américaines, le pari n'est complètement relevé. De l'avis de Rolling Stone, "le problème c'est que si les temps ont changé, pas Murphy Brown elle-même, et cela conduit plus à abimer son héritage qu'autre chose." Pour Newsday, "une fois passé le plaisir de les retrouver, ce revival sent vraiment le siècle dernier."
Quand reviennent vos séries préférées ? Voici le calendrier séries complet de la rentrée US 2018/2019