Quatre ans ont passé depuis la première saison des aventures de P'tit Quinquin. Celui-ci, qui se fait désormais appeler Coincoin, a bien grandi. Son amoureuse l'a quitté pour une fille, Corinne. Suite à la découverte inexpliquée d’un magma extraterrestre, Coincoin et les inspecteurs Van der Weyden et Carpentier se retrouvent embarqués dans une nouvelle et folle aventure policière et existentielle.
Cette saison 2, qui lorgne du côté du fantastique, plus radicale encore que la première en matière d'absurde et de burlesque, devrait ravir les fans de la première heure de P'tit Quinquin. A l'issue de la projection des quatre épisodes, Bruno Dumont a répondu aux questions des journalistes : ses déclarations et commentaires donneront au spectateur une première idée de ce à quoi il peut s'attendre en regardant Coincoin et les Z'inhumains.
Renouveler l'enquête pour se renouveler
"J'avais envie d'aller plus loin, il fallait pousser le bouchon", explique Bruno Dumont. "Je suis parti des personnages et j'ai essayé de les emmener dans quelque chose de franchement exagéré, barré, fantastique. Là j'avais envie d'appuyer plus franchement sur l'esprit tarte à la crème. Ceux qui aimaient bien les amourettes de P'tit Quinquin en auront moins, le film est plus porté sur les gendarmes", prévient-il.
Le réalisateur, qui considère que l'influence de The Thing de John Carpenter a "dû jouer un rôle important sur l'idée d'une masse qui se transforme", se souvient : "Le mystère de la glu est venu très vite. Il fallait que ça vienne d'ailleurs. Il fallait renouveler l'enquête, je n'avais pas envie de rester dans une enquête psychologique banale, je l'avais déjà fait. Cette enquête un peu plus fantastique permettait d'emmener tout le monde ailleurs." Toucher à la notion d'Apocalypse était un moyen pour Dumont de tirer un peu plus sur la corde existentielle : "L'Apocalypse, c'est la fin, toucher le fond, s'interroger sur le sens de la vie et le sens des choses."
En quatre ans, les acteurs ont changé, la direction d'acteurs a donc elle aussi évolué : "Je ne dirige plus de la même manière. Le P'tit Quinquin avait 13 ans dans la saison 1, maintenant il en a 17", rappelle le réalisateur. "Je trouve qu'ils jouent beaucoup mieux", ajoute-t-il. "Dans cette saison, ils ont tous très vite composé, les uns et les autres."
Mélange des genres
L'intention de Bruno Dumont, lorsqu'il décide de mettre en scène cette nouvelle histoire dans toute son absurdité et sa folie, c'est de proposer une manière décalée de dépeindre le réel. Les migrants, par exemple, sont toujours là, en arrière plan : "C'est tourné dans les Hauts de France, il y a une réalité politique qui est celle des migrants, et qui est présente. Ce non-sens, cet esprit de fantaisie reste connecté au réel."
"La réalité est révisée par le grotesque. On grossit les traits pour mettre en avant l'absurdité de certaines situations. Je ne vais pas faire la morale, ça n'a aucun sens de faire la morale. Ce qui m'intéresse, c'est de montrer le ridicule", souligne le réalisateur. Pour lui, la série propose de tendre un miroir au spectateur et fait la part belle au second degré : "C'est un miroir de ce qu'on est avec l'envie d'en rire. Une forme d'ironie sur le sérieux."
Dans les quatre épisodes cacophoniques de Coincoin et les Z'inhumains, Dumont en appelle tour à tour à différents genres : "J'aimais bien l'idée de mélanger les genres, la comédie, la psychologie, les sentiments, pour voir les couleurs que ça prend. Il y a une cacophonie spirituelle, une vicissitude de la nature humaine dont le commandant serait la tête de pont. Les contrepoints sonores sont une manière de l'exprimer." Ce n'est d'ailleurs par pour rien que, sans trop en dévoiler, Bruno Dumont convoque le carnaval, tradition chère aux habitants du Nord : "C'est le sens du carnaval, c'est la transgression, d'aller dans le désordre pour supporter l'ordre."
Bruno Dumont nous parle de la série P'tit Quinquin :