AlloCiné : Esprits criminels entrera cet automne dans sa quatorzième saison aux États-Unis sur CBS. D'après vous, qu'est-ce qui fait le succès de la série depuis tant d'années ?
Kirsten Vangsness : Je ne sais pas trop (rires). Enfin j'ai une idée, et je pense que j'ai raison, car c'est ce qu'on me dit lorsque je croise des fans de la série dans la rue. Les gens adorent les séries policières, et c'est pour ça que les séries de ce genre durent souvent des années, voire des décennies. Mais je crois vraiment que si Esprits criminels a une place si particulière dans le coeur des téléspectateurs c'est parce que l'on ressent son authenticité. Il y a quelque chose de fort qui relie les personnages, quelque chose de vrai, de palpable. Nous avons tous des hauts et des bas dans la vie, des moments difficiles, parfois tragiques et très noirs émotionnellement parlant. Et le fait de pouvoir regarder une série qui montre ce genre de choses semaine après semaine et de se dire "Oh, mais toutes ces personnes en danger peuvent compter sur cette équipe de profilers pour les sauver", ça a quelque chose de rassurant. Les héros d'Esprits criminels sont comme une famille. Et les téléspectateurs aiment ces personnages et ont envie de faire partie de cette famille. Je crois que c'est vraiment ça, les personnages, qui différencie notre série de toutes les autres séries policières.
Garcia est un personnage que les fans adorent et fait clairement partie des personnages les plus intéressants de la série. Vous prenez toujours autant de plaisir à l'incarner après 13 saisons ?
Oh, oui tellement. Je vais être totalement honnête avec vous : j'ai le boulot le plus génial, je ne pourrais rêver mieux. Personne sur Terre n'a un travail plus cool que le mien. J'ai la chance d'incarner un personnage extrêmement attachant, qui me sert parfois de modèle dans ma propre vie, et qui porte des vêtements fabuleux (rires). Les scénaristes me laissent "créer" le personnage avec eux. Certains dialogues viennent de moi, car j'ai parfois l'impression de connaître Garcia mieux que quiconque. Et puis, évidemment, je travaille au quotidien avec un groupe de personnes incroyables. Je pense que lorsque vous regardez la série vous vous dîtes sûrement que je dois prendre beaucoup de plaisir à jouer Garcia. Et en réalité, c'est encore plus génial de l'incarner que ce que vous pouvez imaginer. J'ai vraiment beaucoup de chance.
Beaucoup d'acteurs ont quitté la série depuis son lancement en 2005. Lequel de vos anciens partenaires vous manque le plus ?
C'est une question compliquée. Vous savez, je pense que Penelope, mon personnage, avait un lien très fort avec Hotch et Morgan, évidemment. Et en tant que comédienne, le départ de Thomas Gibson a été compliqué. Je connais bien Thomas, je tiens à lui, et je lui souhaite d'aller bien et de s'épanouir. Et en ce qui concerne Shemar Moore, je savais qu'il avait envie de partir, on ne pouvait pas le retenir, même si j'avais très envie qu'il reste. Je pense qu'en tant que personne, mais aussi pour le personnage, pour ce qu'il représente pour Penelope, je dois forcément répondre Shemar. Il ne sera jamais remplacé à mes yeux. Garcia ne sera plus jamais la même maintenant que Morgan est parti. Ce serait étrange si j'occultais ça dans mon jeu et que l'on faisait comme si cette "relation", cette amitié plus forte que tout, n'avait jamais existé. Son départ a laissé un grand vide dans la vie de Garcia, mais c'est très intéressant à jouer, je me console avec ça (rires).
CBS
Seule la première moitié de la saison 13 a pour l'instant été diffusée en France sur TF1. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur l'épisode 11, Une ville sous influence, que vous avez co-écrit avec Erica Messer, la showrunner de la série ?
Cette saison est vraiment fantastique, je l'adore. Il y a tellement de bons épisodes. Celui que j'ai co-écrit avec Erica Messer [diffusé ce soir à 21h sur TF1, ndlr] s'intéresse à une crise que l'on traverse actuellement aux États-Unis : la crise des opioïdes. Les gens deviennent totalement accros aux antidouleurs et c'est un vrai problème d'envergure pour le pays. Nous avons donc décidé dans cet épisode de ne pas faire du "méchant" une personne, mais plutôt de faire de cette crise notre méchant de la semaine. J'ai appris beaucoup de choses sur cette crise, nous avons eu la chance d'avoir des acteurs incroyables, et ce fut un plaisir d'écrire cet épisode. Et sur le plan personnel, cet épisode a une place à part car mon père était un addict. Il y a une scène au cours de l'épisode entre Spencer et la fille de la femme qui est accro aux antidouleurs, et je me rappelle avoir dit aux auteurs "Nous devons écrire une séquence sur la gamine", car ce sont les choses auxquelles on ne fait pas attention. Les enfants qui se retrouvent forcés d'agir en adultes dans ce genre de situations. Ça m'a fait beaucoup de bien d'écrire cet épisode.
Mais vraiment, globalement, cette saison 13 a été un vrai plaisir pour moi en tant que comédienne. J'ai ressenti autant de plaisir à jouer mes scènes qu'à les découvrir lors de la lecture des scénarios. Nous avons des épisodes complètement fous qui arrivent en fin de saison, et je vous envie presque de ne pas les avoir encore vus en France (rires). Il y a notamment un épisode durant lequel le méchant de la semaine cause vraiment de gros problèmes à l'équipe de profilers du Département des sciences du comportement et l'équipe passe vraiment à deux doigts d'imploser. Il y a aussi un épisode réalisé par Adam Rodriguez qui est vraiment super. Garcia se retrouve hors de son élement, je ne veux pas trop en dire, mais il ne faut pas manquer cet épisode. Et puis le final de la saison se termine sur un cliffhanger énorme ! Vous allez adorer et en même temps forcément être frustrés de devoir attendre la saison suivante pour connaître la résolution de ce cliffhanger.
L'épisode 20 s'intéresse au passé de Garcia, qui n'a jamais été très développé jusqu'à présent...
Au fil des saisons, nous avons découvert que les parents de Garcia ont été assassinés et qu'elle a cinq frères. Et pour cet épisode, Karen Maser, la scénariste, a rassemblé toutes ces informations sur Garcia et on voit Garcia rentrer chez elle à San Francisco pour voir un de ses frères car l'homme qui a tué leurs parents va sortir de prison dans le cadre d'une libération conditionnelle. Cela devient alors une histoire de pardon, qui s'intéresse au droit de quelqu'un de continuer à mener une vie normale après avoir commis un crime atroce il y a des années, mais aussi à la colère justifiée de la famille des victimes. C'est un épisode très profond, très bien écrit, et j'en suis très fière.
Est-ce que vous savez déjà quoi que ce soit sur la saison 14, qui débutera par le 300ème épisode de la série ?
300 épisodes, c'est énorme. Ce que je peux dire c'est que lors du final de la saison 12, tout le monde se retrouvait en danger, à deux doigts de la mort, sauf Garcia. Cette année, les rôles sont quelque peu inversés et le final de la saison 13 se termine sur un cliffhanger qui implique Garcia d'une certaine manière. Mais je ne veux pas trop en dire pour les fans français qui n'ont pas encore vu cet épisode (rires). Le premier épisode de la saison 14, qui est donc notre 300ème épisode, est écrit par Erica Messer et s'intéressera évidemment à la résolution de ce cliffhanger. Qu'est-il arrivé à Garcia ? Est-ce qu'elle va bien ? Et c'est à peu près tout ce que je sais.
Doit-on s'attendre à un épisode un peu spécial pour marquer le coup de cet anniversaire hors norme, rarement atteint en télévision ?
Oh oui, évidemment. Ce sera un épisode très spécial. Mais vous savez, avec ce genre d'épisodes, la production tente toujours de garder les choses très secrètes, ce qui est normal. Et comme nous sommes très mauvais quand il s'agit de garder des secrets, ils ne nous disent plus rien (rires).
CBS
Au printemps dernier, des rumeurs d'annulation ont pas mal circulé. Est-ce que vous pensez que la saison 14 pourrait être la dernière ?
Ça se pourrait, oui, absolument. L'avenir d'une série tient souvent à peu de choses en télévision. Ce que je peux vous dire c'est que nous sommes tous en paix avec l'idée d'une fin prochaine pour Esprits criminels. Nous adorons notre travail, et ce serait évidemment triste, mais nous savons aussi qu'il faut un jour que cela s'arrête. Et nous sommes tous très fiers du travail que nous avons accompli durant toutes ces années.
Vous avez écrit quatre épisodes d'Esprits criminels depuis 2015. Vous aviez envie depuis longtemps de vous lancer dans l'écriture de scénario ?
J'écris déjà depuis pas mal de temps, des pièces notamment. Et en fait ce qui s'est passé c'est que j'ai eu un différend avec la production il y a quatre ans, à cause de l'inégalité de salaires entre mes partenaires masculins et A.J. Cook et moi, qui étions moins payées. Et je me suis alors servie du fait que j'incarnais Garcia, qui est adorée des fans, pour faire entendre ma voix et leur dire "Vous devez nous payer davantage. Pas forcément autant qu'eux, mais au moins nous augmenter pour rapprocher notre salaire du leur". Je ne pouvais pas accepter cette différence de salaire importante qui ne semblait être motivée que par le fait que les autres acteurs étaient des hommes et que nous étions des femmes.
La production m'a alors fait plusieurs propositions qui ne me convenaient pas pour me faire rester, et finalement, un jour, ils m'ont dit "Et si on te laissait écrire ?". Et j'ai répondu "Peut-être" (rires). J'avais un peu peur de ne pas y arriver, pour être honnête. Erica Messer, notre showrunner, m'a alors dit "Tu pourrais écrire la moitié d'un épisode, et moi l'autre, ça pourrait t'aider". Et effectivement, ça a été une expérience formidable. Je m'amuse vraiment lorsque j'écris et je crois que ça plait à nos fans, car j'essaye toujours d'insérer des références ou des élements que seuls les vrais fans d'Esprits criminels peuvent déceler. Et puis cette expérience m'a appris l'art de l'écriture de série, qui est quelque chose de très différent de l'écriture de pièces de théâtre.
Et la réalisation, c'est quelque chose que vous avez envie d'essayer un jour ?
Je n'aime pas dire quoi faire aux gens, donc je pense que c'est pour ça que je n'ai pas envie de réaliser (rires). Je ne suis pas totalement contre cette idée, mais pour l'instant je ne pense pas. On verra, peut-être un jour.
La saison 13 inédite d'Esprits criminels se poursuit chaque mercredi à 21h sur TF1.
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