4 ans après Hippocrate, le film va devenir une série (portant également le même nom, Hippocrate), diffusée sur Canal+ en novembre. Quels seront les liens de cette nouvelle série avec le film ? Quel en sera le ton ? Alors que Thomas Lilti, son réalisateur, vient de sortir son nouveau long métrage Première année, il a accepté de nous parler de son premier projet de série.
AlloCiné : Comment avez-vous géré ces deux projets en parallèle, le film Première année, et la série Hippocrate qui arrive bientôt sur Canal + ?
Thomas Lilti, réalisateur : J’ai tourné d’abord Première année. J’ai fini Première année, et le jour où je terminais le mixage de Première année, le lendemain commençait le tournage de la série. J’ai fait la préparation de la série, j’ai fini l’écriture de la série avec mes auteurs, pendant que je terminais le montage, le mixage, toute la postproduction du film. Les deux se sont enchainés, à tel point que le film sort en septembre, et au mois de novembre sort la série. Je suis en train de terminer la série en même temps qu’on s’occupe de sortir le film.
Le tournage de la série a été particulièrement long !
Plus de 110 jours de tournage. On a fini très très fatigués. Les acteurs étaient quasiment de tous les jours de tournage et j’ai fait toute la réalisation. Si on ajoute la préparation, plus le tournage, ça a été une aventure incroyable. Quand on reste 110 jours avec des comédiens, des techniciens, il y a un effet un peu ile déserte. On se retrouve naufragés sur un plateau de tournage. On s’entraide. Tous les sentiments sont exacerbés. C’était assez formidable.
On y retrouve l’univers du film : c’est l’hôpital vu par le prisme des internes
Comment se situe la série par rapport à Hippocrate le film ?
On y retrouve l’univers du film : c’est l’hôpital vu par le prisme des internes, de ces tous jeunes médecins inexpérimentés, qui se posent énormément de questions sur ce que c’est de soigner les gens, la mort, la maladie, la responsabilité, la culpabilité d’avoir mal fait. Toutes ces choses qu’on retrouvait déjà dans le film, mais avec de nouveaux personnages, de nouvelles intrigues, avec j’espère un peu plus de maturité de ma part. Et aussi une façon un peu différente d’aborder les choses. On retrouve en tout cas très profondément l’identité du film. Je pense que les gens qui vont voir la série vont réaliser que c’est la même personne qui a fait le film et la série, c’est assez évident, mais c’est autre chose.
Du succès public aux César, la belle histoire d'Hippocrate
Aviez-vous une série un peu référence dans le rythme, la tonalité que vous avez donné à cette série ? Aviez-vous comme un modèle ?
Pas vraiment. En fait, quand j’ai fait le film Hippocrate, ça a été très dur de le financer. Parce que ce qu’on me renvoyait l'idée que l’hôpital était un lieu de fiction télé, pas cinéma. Il y a énormément de séries hospitalières et d’un coup, faire un film sur l’hôpital, ça rappelait que des mauvais souvenirs à tout le monde. Donc je n’arrêtais pas de dire que ça n’avait rien à voir avec une série. Ca ne va pas être une série hospitalière, ce n’est pas Docteur House, ce n’est pas tout ça.
Je n’ai eu aucune référence quand j’ai fait le film Hippocrate. Et d’une certaine manière, ça m’est resté quand j’ai fait la série. Il ne faut pas que j’essaye de copier ce qui existe déjà. Il y a tellement de séries hospitalières brillantes, à succès, qui ont imprégné l’esprit de tout le monde. Je suis parti un peu de rien, un peu de mes impressions.
Ensuite, je crois quand même que s’il faut en citer une, parce que c’est celle qui m’a accompagné pendant mes études de médecine, dans les années 90, c’est Urgences. Il y a dans Urgences quelque chose qui m’a toujours plu, même si ma série en est très éloignée. Il y a à la fois ce sentiment de réalité et pour la première fois on a vraiment l’impression d’assister à des prises en charge médicales, et l'ultra-romanesque associé à ce sentiment de réalité. C'est quelque chose qui m'a toujours plu dans Urgences et que j'ai essayé d'insuffler dans la série Hippocrate.
Après tout ça, allez-vous faire un break ?
Un break, je ne sais pas ! Après chaque film on me dit qu’il le faut... Car j’ai fait en 4 ans, 3 films et une série. Donc les gens ont raison de me dire d’en faire un, pas tellement pour que je me repose, pour ma santé, mais parce que je pense que du point de vue de la créativité, de trouver des sujets intéressants, avoir des choses à raconter, il faut être motivé d’avoir quelque chose à dire quand on fait un film. Si c’est faire un film pour faire un film, ça n’a pas beaucoup d’intérêt. A chaque fois, je dis oui, oui, bien sûr et au bout de quelques jours, l’envie de m’y remettre revient très très vite ! Et puis il y a la saison 2 qu’il faut commencer à écrire.
La saison 2 est déjà commandée ?
Oui, il y a une saison 2 de commandée. Est-ce qu’elle ira au bout ? Je reste toujours prudent. On peut s’essouffler en cours de route. Mais en tout cas il y a l’envie de faire cette saison 2 et on a commencé à l’écrire.
Et elle sera finalisée en fonction des audiences ? Enfin peut être que les audiences comptent moins pour Canal+ ?
Les audiences comptent toujours, je pense, peut être moins chez Canal+ que chez d’autres. De toute manière, aujourd’hui, je crois qu’il y a une politique qui est d’essayer d’accélérer le rythme entre les saisons des séries. Si on doit attendre la diffusion d’une série pour commencer à écrire la saison d’après, on se retrouve piégé, c’est-à-dire qu’on n’arrive pas à augmenter le rythme. Aujourd’hui, l’offre est tellement énorme en séries avec toutes les chaines qui se concurrencent, et les plateformes, il faut fidéliser le téléspectateur, il y a l’obligation de réduire le temps entre deux saisons. Je crois que c’est ça la politique actuelle.
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