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    Chasseuse de géants : "J'aime cette vibe spielbergienne, où on va au bout dans l'émotion"

    Aujourd'hui sort en DVD et VOD "Chasseuse de géants", parcours initiatique à la lisière du fantastique d'une gamine excentrique qui veut échapper au réel coûte que coûte. Rencontre avec le réalisateur de ce joli film spielbergien, Anders Walter.

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    AlloCiné : C'est votre premier film. Qu'est-ce qui vous a touché dans cette histoire ?

    Anders Walter : Pour moi, ça a toujours été Barbara. Quand j'ai lu le scénario de Chasseuse de géants, je suis tombé amoureux du personnage de Barbara, de son histoire. Toute la toile de fond avec les géants était fantastique aussi, mais l'important, pour moi, c'était vraiment le parcours de Barbara et sa personnalité : elle est drôle, courageuse, excentrique. Pour moi, la priorité n'était pas de faire des choses incroyables avec le CGI, c'était vraiment Barbara.

    En quoi était-ce important que le héros soit une héroïne ? Qu'est-ce que cela impliquait ?

    Avec le scénariste Joe Kelly, on était deux hommes, un de plus de 40 ans, un de presque 40 ans, et on se demandait à chaque instant si c'était bien comme ça qu'une petite fille un peu excentrique parle, agit… Mais quand on a discuté avec Madison et avec l'ensemble du cast, j'ai eu le sentiment que tout le monde était en phase avec le scénario, ça nous a donné confiance. Bien sûr, c'est un personnage assez extrême, dans sa manière d'appréhender le monde, mais quand même, on avait l'impression qu'on allait dans la bonne direction dans la manière qu'on avait de dépeindre cette jeune fille.

    J'ai grandi avec une mère célibataire, avec beaucoup de femmes autour de moi quand j'étais jeune, donc c'était assez naturel d'avoir cinq filles qui étaient les principaux personnages de mon premier film. On a tourné en Irlande, j'ai juste eu un peu peur juste avant le début du tournage, mais elles étaient toutes adorables ! (Rires)

    Mais enfin, les femmes sont toujours adorables !

    Bien sûr, jusqu'à ce qu'on devienne très proche d'elles ! (Rires) Non, vous avez raison, elles sont adorables. C'était une expérience géniale. J'y suis allé avec la même attitude que d'habitude. J'ai fait quatre courts métrages, avec des garçons, un avec une fille, mais c'est la même chose. L'idée, c'est que les acteurs soient bien choisis, qu'ils se sentent bien et qu'ils aient le sentiment qu'avoir des émotions à transmettre en fonction des personnalités de chacun, indépendamment du genre.

    Barbara est un personnage assez extrême dans sa manière d'appréhender le monde.

    Comment avez-vous trouvé cette jeune actrice ?

    Elle a été choisie parmi 600 ou 700 filles. J'ai dû voir les enregistrements vidéo de 80 ou 90 d'entre elles. J'ai réduit à 10, que j'ai rencontrées. Après, il n'en restait que trois et on a alors discuté avec les producteurs. Là, ce qui est bien, c'est qu'on est tous tombés d'accord sur Madison !

    Chris Columbus a participé au projet. De quelle manière exactement ?

    On a beaucoup parlé au téléphone, car il vit à San Francisco et pas à Los Angeles, mais il a notamment participé activement au casting, car, comme on le sait, Chris a un véritable talent pour trouver des enfants : Maman j'ai raté l'avion, Harry Potter… Ce sont quand même probablement les deux rôles d'enfants les plus célèbres au monde ! Quand on était à 10 petites filles, Chris a jeté un œil et a donné son avis, mais il était très respectueux du fait que c'était mon choix. Je pense c'est vraiment l'avantage quand on a un producteur qui est aussi réalisateur. A ce moment, je ne disais pas laquelle était ma préférée, mais quand on a parlé au téléphone et que je lui ai dit que j'avais choisi Madison, il m'a dit : « Bien sûr, elle est fantastique ! »

    Il était donc un vrai soutien…

    Oui, toujours d'un grand soutien, il a donné son avis pendant le processus de montage, ça a beaucoup compté pour moi. Chasseuse de géants peut être un peu délicat, car Barbara peut donner le sentiment d'être difficile à apprécier au début du film, elle tient tout le monde à distance, et Chris a toujours fait des films avec des personnages auxquels on s'attache immédiatement, dès la première minute. Il m'a aidé à doser ça au montage pour qu'on n'aille pas trop loin.

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    C'est aussi un film de monstres et comme beaucoup de films de monstres, c'est un film sur le deuil, sur le fait de grandir. En quoi était-ce important de faire le choix du genre ?

    Pour moi, bizarrement, ce n'est pas vraiment un film de genre. C'est avant tout un drame. Il y a énormément de dialogues. C'est un film un peu hybride. D'ailleurs, c'est compliqué pour moi, car je me dis que les adultes pourraient s'en détourner parce que l'héroïne est une gamine de 13 ans, les enfants parce que c'est trop sombre ou trop dans l'émotion. Peut-être que dans le futur il faudrait que je sois plus précis sur le genre !

    Non, les gens aiment ça, quand les films sont quelque part à la croisée de plusieurs genres, quand ce n'est pas trop simple ! Quelles ont été vos influences sur ce film ?

    J'ai grandi dans les années 1980, donc évidemment, Spielberg et E.T. me tiennent vraiment à cœur. Si vous voyez mes courts métrages, vous verrez que j'ai une forme de sentimentalisme, à la manière de Spielberg, qui ne plaît pas toujours au public européen. Avec Helium, quand on a gagné l'Oscar, le film a été merveilleusement bien reçu aux Etats-Unis, mais on n'a jamais pu avoir le soutien du Danish Film Institude. Au Danemark, « sentimental » est presque un mot maudit. J'aime énormément cette vibe spielbergienne, où on peut aller au bout dans l'émotion, mais c'est vrai que certaines personnes restent en-dehors. J'avais aussi tête un film comme Le Labyrinthe de Pan. Guillermo del Toro fait partie de mes influences. Je ne voulais pas faire de compromis sur la manière dont Barbara s'exprime, sur le fait qu'elle jure, qu'elle se mette en colère, qu'elle soit violente, même ! C'était essentiel que le film soit interdit aux moins de 13 ans aux Etats-Unis.

    Quel est votre film d'horreur préféré ?

    Je ne vois pas tant de films d'horreur que ça. C'est certainement parce que je l'ai vu enfant, mais L'Exorciste m'a vraiment beaucoup impressionné. C'est plus l'aspect psychologique qui m'a traumatisé. Ce n'est pas gore. C'est un vrai drame, mais ça vous terrifie complètement.

    La bande-annonce de Chasseuse de géants, en salle dès aujourd'hui :

     

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