De quoi ça parle ?
Adaptée du roman à succès du même nom de Michel Bussi, la série Maman a tort oscille entre psychologie et thriller. La trame de l'histoire soulève des problématiques liées à la mémoire enfantine ou encore à la maternité, dans une atmosphère qui se révèle de plus en plus tendue. Chaque personnage semble en effet y avoir un secret à cacher. Pour démêler tout ça, nous suivons Marianne Aubrais (Anne Charrier), commandante de police au SRPJ du Havre, qui est mobilisée par une tragique histoire de braquage lorsque Vasile (Samuel Theis), un psychologue scolaire, la contacte au sujet d’un enfant qui le préoccupe. Malone, âgé de 4 ans, lui a confié que sa maman n’est pas sa maman, mais tout indique le contraire. Persuadé que l’enfant est en danger, le jeune homme tente de convaincre Marianne de l’importance de l’affaire, alors que celle-ci est déjà pas mal accaparée par son travail. Dans toute cette confusion, la commandante fait le bilan de sa vie personnelle, épaulée par son bras droit Papy (Pascal Elbé), que l’enquête met également à rude épreuve.
Autour d’Anne Charrier et de Pascal Elbé, Maman a tort réunit une équipe d’habitués des adaptations de séries, avec François Velle à la réalisation (Une chance de trop) et Véronique Lecharpy au scénario (35 kilos d'espoir). Sophie Quinton (Amanda), Camille Lou (Angie), Samuel Theis (Vasile), et Gil Alma (Jibé), font également partie de l’aventure et interprètent des personnages en proie à de nombreux dilemmes moraux.
De l’écrivain au réalisateur : la naissance du projet
Professeur de géographie à l’université de Rouen, Michel Bussi est devenu, ces dernières années, l’un des premiers écrivains français en matière de livres vendus. L’auteur ne compte plus ses prix littéraires car chaque nouvel opus, porté par les éditions Presses de la cité, se transforme en véritable succès. De par ses origines et sa profession, Michel Bussi place souvent ses intrigues dans la région normande, dont il est très attaché, et donne aux différents lieux un rôle primordial dans ses intrigues. L’écrivain a pour habitude de tout chambouler dans les vies de ses personnages qui se transforment en de véritables thrillers, où la manipulation est omniprésente.
En vue de tous ces éléments, ce n’était donc plus qu’une question de temps avant que l’un des ces ouvrages ne soit adapté sur nos écrans. Aujourd’hui, c’est chose faite, à travers le projet porté par François Velle, réalisateur de la série à succès Une chance de trop avec Alexandra Lamy, sur TF1. Michel Bussi confie qu’il a reçu pas moins de quatre propositions pour l’adaptation de Maman a tort, mais c’est ce projet qui semblait pour lui, respecter le plus son œuvre. En effet, c’est le challenge de transmettre à l’image toute l’importance du Havre qui a donné l’envie à François Velle de réaliser le projet : "en tant que cinéaste j’avais une matière très intéressante". Cette passion partagée pour les décors naturels a ainsi permis aux deux hommes de comprendre le travail de l'autre. Michel Bussi affirme ne pas être déçu du résultat, qu’il trouve fidèle aux fondamentaux de son livre.
Un trio de femmes fortes
Mais Maman a tort nous propose surtout la découverte d’un trio singulier, formé par trois femmes que tout semble opposer. Pour le réalisateur, "il fallait trois femmes extrêmement différentes et complémentaires dans ce qu’elles pouvaient apporter". Marianne (Anne Charrier), Amanda (Sophie Quinton) et Angie (Camille Lou), ont pourtant un point commun : elles sont prêtes à tout pour arriver à leurs fins. Ce qui va les unir, c’est ce rapport particulier qu’elles ont chacune à la maternité, et cette envie de sauver le petit Malone. Les productrices, Delphine Wautier et Caroline Lassa, sont unanimes sur la rapidité du choix au niveau du casting pour ces trois rôles. Sophie Quinton s’est imposée comme une évidence pour interpréter une maman aux premiers abords faibles, qui se révèle féroce lorsqu’il s’agit de protéger son enfant. La chanteuse Camille Lou a elle été préssentie pour le rôle complexe d'Angie, pour la fragilité qu'elle dégage. Cette dernière tient ici un de ses premiers rôles principaux à l'écran.
Enfin, c’est la talentueuse Anne Charrier qui a convaincu tout le monde pour le rôle principal de cette femme flic hargneuse aux multiples failles. La comédienne insuffle en effet à la commandante Marianne, une telle humanité que le réalisme qui s’en dégage est poignant. Sa performance a d'ailleurs été saluée lors du festival Séries mania qui lui a décerné le prix d’interprétation féminine. Intéressée depuis le début par ce rôle, Anne Charrier a conscience de démocratiser l’image de la femme à responsabilités : "c’est une volonté, de ma part et de la chaîne, de proposer une femme forte, qui ne soit pas écrasée par un destin masculin, et avec des enjeux personnels forts".
Les points forst de la série
Maman a tort, c’est aussi l’occasion des retrouvailles de Pascal Elbé et François Velle, qui avaient déjà collaboré ensemble sur Une chance de trop en 2015. Tous deux cinéastes, ils se sont rapidement mis d’accord sur le profil du personnage de Papy, le coéquipier fatigué de la commandante Aubrais. Afin de rendre le personnage vraisemblable, nous découvrons un flic qui reste très proche de son SRPJ du Havre : sans brassard, ni clichés, éloignés de la réalité. Pascal Elbé précise ainsi que dans cette série "nous ne sommes pas dans Seven".
Mais la série peut aussi se reposer sur un casting solide pour ses seconds rôles. Nous retrouvons ainsi Samuel Theis, repéré dans Dix pour cent par François Velle, pour le rôle du psychologue. Le populaire Gil Alma, du programme court humoristique Nos chers voisins, fait partie quant-à-lui de la brigade du Havre et permet au spectateur, par son rôle d’une certaine naïveté, d’échapper un instant aux machinations pesantes. En outre, la révélation de la série est le petit Tom d’Ornano, qui, en dépit de son très jeune âge, a bluffé toute l’équipe par son jeu. Alors que cela s’avérait être la principale difficulté du casting, la production a joué de chance en tombant sur ce petit garçon qui étonne par son envie si pressante de devenir acteur.
Ces 6 épisodes inédits de 52 minutes réservent donc de nombreux rebondissements, dans un contexte qui se veut le plus réaliste possible. La mise en scène sobre reste ainsi honnête sur ce qu’elle propose, et selon Michel Bussi, plaira à ceux qui ont lu son ouvrage. Ainsi, Maman a tort permet de découvrir, ou de redécouvrir, le Havre, à travers des plans esthétiques simples et des personnages authentiques.