De quoi ça parle ?
Récemment veuf, Tom est à l’aube d’une nouvelle vie avec ses deux filles, au sein d’une communauté privilégiée et protégée. Mais des secrets profondément enfouis vont venir bouleverser tout ce bel équilibre. Disparition mystérieuse, adultères, assassinat … Tom réalise qu’il ne connait pas réellement ceux qui l’entourent. Parviendra-t-il à protéger ses proches contre les dangers qui les guettent ?
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Présentée lors de la première édition du festival CANNESERIES il y a quelques semaines, Safe, une co-production entre Netflix et le groupe Canal + pour la chaîne C8, est un thriller signé Harlan Coben, le roi du polar en librairie, qui mêle habilement drame familial et psychologique au sein d'une résidence sécurisée d'une petite ville d'Angleterre. Si le point de départ laisse perplexe, avec un goût prononcé de déjà vu -oui, encore une histoire d'enfant qui disparaît, comme si on n'en avait pas déjà vu assez- il faut bien lui reconnaître une efficacité redoutable, semblable aux romans de l'auteur. Du "page turner" adapté à la télévision, rempli de surprises et de rebondissements plus ou moins prévisibles, qui donne une envie irrésistible de se lancer dans un visionnage intensif façon binge-watching. Un avis partagé par Michael C. Hall : "Je ne suis pas étonné de son succès car il est capable de surprendre avec une histoire qui peut sembler basique, aller dans des directions auxquelles on ne s'attend pas en parvenant à rendre cela logique."
Un cran au-dessus des précédentes tentatives télé de Coben, que ce soit avec Une Chance de trop sur TF1 ou The Five pour la télé anglaise, Safe parvient à dégager de l'émotion de cette histoire sordide, qui ne traite pas que de disparition d'ailleurs, mais aussi de meurtre, de pédophilie, d'une éventuelle machination... "Aujourd'hui tout est très high-concept. Quelque part c'est le choix d'aller vers quelque chose de plus classique qui me semblait le plus osé. Et je pense que c'est un thriller qui joue beaucoup sur l'émotion, ce qui n'est pas toujours le cas avec ce type de série." nous a confié Michael C. Hall. Ne vous attendez pas à être submergé comme devant Broadchurch, mais la série ne devrait pas vous laisser indifférent. Elle parvient même à glisser un peu d'humour par petites touches, notamment grâce à une famille voisine de celle du héros, très impliquée dans l'affaire, qui semble tout droit sortie de Desperate Housewives ! Du rocambolesque qui frise le ridicule parfois mais qui retombe toujours sur ses pieds.
Safe nous dévoile ainsi ce bon vieux Michael C. Hall sous un jour nouveau, bien que ce ne soit pas le principal attrait de la série. Exit le croque-mort coincé de Six Feet Under et le serial-killer enervé Dexter, bienvenue à Tom, un père de famille modèle, en tout cas en apparence, qui doit faire face, après la mort de sa femme, à la disparition de sa fille aînée. On se demande un peu ce que l'acteur est venu faire là, tant le rôle semble être moins intéressant pour lui -comme pour nous- que ceux qu'il a tenus précedemment mais c'est précisément ce qui lui a plu : "J'aime jouer pour une fois un personnage ordinaire à qui il arrive des choses folles, plutôt qu'une personne folle qui fait des choses folles !" Et le comédien n'a pas perdu de son talent en cours de route : il sait rendre Tom attachant, émouvant et lui apporte, peut-être, une profondeur que d'autres comédiens n'auraient pas su trouver. "J'avais envie de quelque chose de neuf, que je n'avais jamais fait avant. Et l'idée de passer cette première année de l'administration de Trump loin des Etats-Unis était attirante..." La série a effectivement tournée en Angleterre, dans la banlieue de Manchester.
Pas sûr que la série nous laisse un grand souvenir une fois ces dix épisodes engloutis, mais on a indéniablement envie de connaître le fin de mot de l'histoire, que Michael C. Hall promet plus réussie de celle de Dexter, qui a fait couler beaucoup d'encre à l'époque et encore aujourd'hui : "Après avoir fait des séries qui ont duré respectivement 5 et 8 ans, c'est agréable de s'engager seulement sur un an (...) Toutes les questions fondamentales trouvent une réponse au terme de la première saison (...) La fin de Safe est satisfaisante, je ne pense pas que les gens m'arrêteront dans la rue pour m'en parler !"