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    Journée Mondiale des animaux dans les laboratoires : 3 films autour du sujet
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Les animaux utilisés depuis des années comme cobayes dans les laboratoires est malheureusement une triste réalité.La Journée Mondiale des animaux dans les laboratoires, célébrée ce jour, nous incite à vous suggérer trois films autour du sujet.

    MGM

    Vous l'ignorez certainement, mais ce 24 avril est la Journée Mondiale des animaux dans les laboratoires. Loin d'être une idée incongrue, cette journée d'action est même reconnue par les Nations-Unies. À l’occasion de cette journée, militants et sympathisants anti-vivisection se rassemblent partout dans le monde pour sensibiliser le grand public et les pouvoirs publics aux souffrances de millions d’animaux qui périssent dans les laboratoires.

    Qu'il s'agisse de tests de produits chimiques ou de mise au point de nouveaux médicaments ou bien encore d'expériences d'ordre psychologiques, les mouvements demandent en bloc l'interdiction totale de l'emploi des animaux et leur remplacement par d'autres méthodes. En face, du côté des scientifiques, on peut répondre que l'utilisation d'animaux de laboratoires a aussi permis de sauver des millions de vies humaines avec par exemple la mise au point de médicaments et autres vaccins...

    Le débat est loin d'être pacifié. En 2010, une directive de l'Union Européenne prévoit des mesures destinées à protéger les animaux utilisés à des fins scientifiques, en particulier en recherche fondamentale ou appliquée, notamment en vue de la production de médicaments. Elle vise également à établir des mesures de protection pour les animaux utilisés à des fins éducatives. Elle s’applique à tous les animaux vertébrés non humains vivants ainsi qu’à certains invertébrés susceptibles d’éprouver de la douleur. Par ailleurs, l’utilisation de primates non humains est soumise à des restrictions et le recours aux grands singes (chimpanzés, bonobos, gorilles et orangs-outans) est interdit. Certains estiment que cette directive ne va pas encore assez loin, même si elle a le mérite d'exister...

    Au cinéma, cela fait plusieurs décennies que les animaux de laboratoire ont envahi l'écran. il s'agit parfois de comédies, comme le classique Chérie, je me sens rajeunir, dans laquelle le scientifique Barnaby Fulton (génial Cary Grant), chimiste de talent, tente de mettre au point une eau de jouvence, avec la complicité -malgré elle- de sa guenon qui lui sert de cobaye. Jusqu'à ce qu'elle s'échappe et, dans un mouvement de mimétisme, ne se mette à créer à son tour sa propre mixture...

    Ci-dessous, la bande-annonce du film...

    Pourtant, c'est souvent au rayon SF, et épouvante / horreur, pour des raisons évidentes, que l'on (re)trouve ces malheureux animaux, parfois soumis à d'atroces sévices et autres mauvais traitements d'un savant plus ou moins fou se prenant pour Dieu. Avant que, bien entendu, l'expérience scientifique ou présentée comme telle n'échappe à tout contrôle et que la Nature se venge...

    Dans 28 jours plus tard de Danny Boyle, un commando de la Protection Animale fait irruption dans un laboratoire top secret pour délivrer des dizaines de chimpanzés soumis à de terribles expériences. Mais aussitôt libérés, les primates, contaminés par la rage, répandent une pandémie qui ravage l'Homme..

    Dans le délirant, potache et gore Black Sheep, du néo-zélandais Jonathan King, ce sont de pauvres moutons manipulés génétiquement qui se transforment même en moutons-garous...

    Quoi qu'il en soit, voici trois films qu'on vous recommande à l'occasion de cette Journée Mondiale des animaux dans les laboratoires.

    Incident de parcours (1989)

    Allan, jeune homme à l'avenir brillant, est un jour victime d'un accident qui le paralyse totalement. Grâce à Ella, une petite guenon que lui a donnée son ami Geoffrey, Allan reprend goût à la vie. Seulement, Geoffrey est un génie de la recherche scientifique. Sa derniere trouvaille : augmenter l'intelligence des primates en leur injectant un serum constitué de tissus du cerveau humain. Bien entendu, la petite guenon d'Allan n'a pas échappé à ses expériences...

    Et si le meilleur film de George A. Romero n'était tout simplement pas Incidents de parcours, quitte à froisser les aficionados de zombies ? Inspiré par des expériences menées avec des singes capucins destinées à venir en aide aux handicapés moteurs, Romero surgit là où on l'attend le moins. Loin d'être une variante sur les films de monstres avec un singe devenant meurtrier, le cinéaste souligne brillamment les ambiguïtés dans le comportement du singe. S'il voue un amour sans borne à Allan, il agit aussi comme un être humain, fou de douleur au point de haïr l'être aimé. Emporté par son sujet qui le passionne, Romero évite tous les écueils de la série B pour livrer un authentique chef-d'oeuvre du genre, finalement assez méconnu, et dont la carrière en salle fut notamment torpillée par un titre français discutable allié à une affiche qui l'est tout autant. Vous l'aurez compris : un film à (re)voir en urgence !

    Ci-dessous, la bande-annonce du film...

    Max, le meilleur ami de l'homme (1994)

    Lors d'un reportage dans un laboratoire d'expérimentation animal, Lori Tanner (Ally Sheedy) libère Max, un chien apparemment inoffensif mais accoutré d'appareils scientifiques sophistiqués. Aussitôt délivré, Max lui manifeste son affection et sa reconnaissance. Cependant, Max est une machine de guerre, un danger en puissance doté d'une intelligence et d'une force peu commune. Lori s'aperçoit trop tard des conséquences de son acte. Le docteur Jarret (Lance Henrikksen), directeur du laboratoire, pourchasse sa créature. Mais déjà Max, en redoutable prédateur, terrorise toute la ville...

    Film de science-fiction horrifique américain écrit et réalisé par John Lafia (à qui l'on doit Chucky, la poupée de sang) et sorti en 1993, Max, le meilleur ami de l'homme n'est certes pas un chef-d'oeuvre. Mais, teinté parfois d'humour noir, le film reste une très honnête série B, avec quelques scènes marquantes où figure un très imposant dogue du Tibet. Le film fut récompensé par un Prix spécial au festival du film fantastique de Gérardmer.

    Ci-dessous, la bande-annonce du film...

    La Planète des singes : les origines (2011)

    Dans un laboratoire, des scientifiques expérimentent un traitement sur des singes pour vaincre la maladie d’Alzheimer. Mais leurs essais ont des effets secondaires inattendus : ils découvrent que la substance utilisée permet d’augmenter radicalement l’activité cérébrale de leurs sujets. César, est alors le premier jeune chimpanzé faisant preuve d’une intelligence remarquable. Mais trahi par les humains qui l’entourent et en qui il avait confiance, il va mener le soulèvement de toute son espèce contre l’Homme dans un combat spectaculaire.

    Sur le papier, il y avait selon certains tout à craindre de La Planète des singes : les origines. Passer après le mauvais film-remake de Tim Burton qui fut d'ailleurs un échec, proposer encore une fois une nouvelle adaptation / variation autour de l'univers du roman de Pierre Boulle, déjà brillamment immortalisé au cinéma en 1968 par Franklin J. Schaffner... Et pourtant, ceux qui jouaient les Cassandre ont eu tout faux. Le film signé par Rupert Wyatt s'est révélé non seulement très solide, s'offrant au passage un joli succès au Box Office, mais a même valeur d'authentique Manifeste pour le droit des animaux. Dans le film de 1968, après avoir été emprisonné et maltraité par des animaux, Charlton Heston finissait par saisir la valeur de son humanité. Dans La planète des singes : les origines, César suit en fait la trajectoire parfaitement inverse: il est un singe qui recouvre sa nature animale, après avoir été emprisonné et maltraité par les hommes. Le film et le questionnement moral qu'il soulève est d'autant plus intéressant que le propos est appuyé par une technique incroyable, celle de la Performance Capture, et bien sûr le talent d'Andy Serkis qui incarne César, qui suscite chez le spectateur une vraie émotion et empathie.

    Le Projet Nim (2011)

    Dans le sillage du formidable documentaire de Barbet Schroeder, Koko, le gorille qui parle, voici le Projet Nim. Le postulat est le suivant : est-ce qu'un chimpanzé est capable d'apprendre notre langage si on l'élève comme un Homme ? Cela prêterait à sourire si ce n'était que cette expérience est authentique. En novembre 1973, Nim, un bébé chimpanzé, naît en captivité dans un centre de recherche sur les primates. Dès sa naissance, l'animal est enlevé à sa mère et immatriculé "numéro 37", puis choisi pour être l'objet d'une expérience. Dix ans après la parution du livre "La Planète des Singes", un éminent professeur de l'Université de Colombia fait l'expérience de confier ce tout jeune chimpanzé à une famille humaine pour étudier sa capacité d'apprentissage au langage... Le Projet Nim est alors lancé : il s'agit de prouver qu'un chimpanzé est capable d'apprendre à communiquer par le langage s'il est élevé dans un environnement humain. Grâce à ce professeur de psychologie, le primate est censé être initié à la langue des signes, puis acquérir des rudiments de vocabulaire et de grammaire lui permettant de faire part de ses réflexions et de ses émotions. En cas de succès, il serait donc permis d'espérer franchir la barrière de l'espèce et par la même de repenser la question de la condition humaine.

    Lors d'une expérience par exemple, Nim devait classer des photographies en deux groupes : celles représentant un chimpanzé, et celles représentant un humain. Quand on lui demandait de placer sa propre photographie, Nim la posait systématiquement dans la pile "humain"... Il n'avait ainsi pas conscience d'être un singe. Après la fin de l'expérience de ce projet, Nim fut mis en cage pour la première fois. Utilisé pour des expériences comportementales, confronté à ses semblables primates dont il ne connaissait pas les codes, il a très mal vécu ce retour à la captivité comme animal de laboratoire. De plus, il était incapable de communiquer avec les humains qu'il côtoyait, ces derniers ne maîtrisant pas le langage des signes... Le malheureux animal est mort en 2000.

    Ci-dessous, la bande-annonce de ce remarquable et poignant documentaire, réalisé par James Marsh...

     

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