The Americans : Bond dans le temps, nouvelle Guerre Froide... L'équipe nous tease sur la dernière saison

Le début de la fin... de l'un des meilleurs dramas du moment. Ce mercredi 28 mars, The Americans entame son tout dernier tour de piste sur FX et, dans la foulée sur Canal + Séries. Au lieu des 13 épisodes habituels, les espions n'auront que 10 épisodes pour tirer leur révérence. Ce qui ne les freinera nullement - on en est sûrs - dans la mission de boucler leurs intrigues avec brio tout en bousculant grandement leurs personnages. Et justement, qu'attendre de cette saison de tous les changements ? On fait le point avec l'équipe de la série, que nous avons pu rencontrer lors des derniers TCA, qui ont eu lieu en janvier dernier en Californie, à un moment où les acteurs n'avaient tourné que six des 10 épisodes... 

Trois ans plus tard...

Changement et non des moindres : cette sixième et ultime saison effectuera un bond de trois ans en avant. Nous serons désormais en 1987. Pour Joe Weisberg, le co-showrunner et co-créateur de The Americans, le bond dans le temps était un moyen d'arriver quelques années avant la fin de la Guerre Froide, à un moment décisif de l'Histoire : "On voulait entrer dans l'ère Gorbatchev et pas seulement à ses débuts, lorsqu'il a commencé, mais lorsque [ses réformes majeures], le glasnost et la perestroika ont pris vraiment effet (…) C'était la partie de l'Histoire qui était la plus intéressante à couvrir pour la dernière saison".

En 1987, Mikhail Gorbatchev est en effet secrétaire général du Parti Communiste depuis deux ans et ses réformes vont avoir un impact considérable, donnant plus d'ouverture à l'URSS mais menant aussi à son effondrement. Cette transition historique aura un impact sur la plupart des personnages, notamment Oleg, notre point d'attache direct avec "l'autre côté". Un insider au coeur du KGB dans une action différente de celle menée, sur le terrain américain, par Elizabeth et Philip, qui nous permettra de comprendre les conséquences de ces changements en URSS : 

"Cette saison montrera comment la génération d'Oleg s'ajuste à tous ces changements et comment ils ont participé activement aux changements qui ont eu lieu. Mais, on ne sait pas comment la génération d'avant, celle de ses parents, s'est ajustée à ces changements. Pour eux, comment c'est de perdre tout ce en quoi ils ont jamais cru ? Tout ce pour quoi ils se sont battus ? Tout ce qu'ils ont tenté de construire pendant des années ?", questionne l'acteur russe Costa Ronin. 

Aux Etats-Unis, du côté de Philip et Elizabeth, ces bouleversements politiques auront également un impact profond, autant professionnellement que personnellement. A la fin de la saison 5, nos espions russes infiltrés aux Etats-Unis décidaient de rentrer en URSS. Au tout dernier moment, ils restaient, Elizabeth n'ayant pas pu se résoudre à abandonner leur mission alors même qu'un agent du gouvernement qu'ils espionnaient venait d'être choisi pour superviser la Division Soviétique au sein de la CIA. Un accès unique qui venait couronner tout leur travail mais également un crève-coeur pour Philip. Ce dernier décidait de rester pour Elizabeth mais décidait de raccrocher du métier d'espion...

Etre resté aux Etats-Unis, ne plus travailler ensemble, les impulsions lancées par Gorbatchev dans leur pays... Ces décisions et ces changements créeront des tensions et des frustrations entre et pour nos deux héros : "A un certain degré, il y a, cette saison, beaucoup des thèmes abordés dans les saisons précédentes. Ils sont juste un peu plus amplifiés. Oui, Philip prend un virage différent et cela cause de grandes divisions. Ce qui est très intelligent, je trouve. Nous ne sommes pas entièrement sûrs de la fin exacte mais ce qui est certain, c'est que cela les éloigne l'un de l'autre. L'espoir qu'ils se rapprochent ou non à la fin repose dans les mains de Dieu", nous explique mystérieusement Matthew Rhys, qui incarne Philip Jennings, désormais à temps plein au sein de l'agence de voyages. 

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Paige, dans le monde d'Elizabeth

Autre grand changement impliqué par ce saut dans le temps : Paige et Henri auront bien grandi. L'arc narratif de Paige va être profondément bouleversé cette saison. Prévu et construit depuis plusieurs années, le plan de faire entrer la fille aînée de Philip et Elizabeth dans le monde de l'espionnage va enfin être appliqué, comme nous l'explique Holly Taylor, son interprète :

"Le saut dans le temps implique effectivement de gros changements. Mon personnage passe de 16 à 20-21 ans. Elle est à la fac, j'ai dû me couper les cheveux (rires)... Cela a été une grosse transition. Mais, c'est aussi intéressant car j'ai 20 ans dans la vraie vie (...) Beaucoup de gens me voient beaucoup plus jeune, je peux maintenant montrer l'âge que j'ai vraiment. Cela va tellement bien avec l'histoire. Paige grandit, elle devient plus responsable vis à vis d'elle-même et des autres (...) Elle est plus à l'aise avec elle-même, avec la vie de sa famille, elle a trouvé quelque chose qui la passionnait, elle va aussi à l'école".

Pour la jeune actrice, dont il s'agit du premier grand rôle, que son personnage devienne plus mature et entre dans le vif du sujet était aussi matière à satisfaction :  "[C'est un] soulagement. Car il y a eu des traumatismes constants pour Paige, elle était triste tout le temps. Cette saison, elle est impliquée dans ce que ses parents font, dans leur cause et dans leur passion."

Drama d'espionnage mais surtout drama intimiste porté par les relations entre les personnages, The Americans va, cette saison, bouleverser également la dynamique qui existait entre Elizabeth et Paige. Leur relation, jusqu'alors très conflictuelle mais passionnante, va grandement s'améliorer : "Pendant un moment, Paige a toujours plus ou moins penché du côté de Philip. Il était un père plus compréhensif et doux. Mais, maintenant qu'elle travaille avec et pour Elizabeth et qu'elle apprenne tant d'elle, elle voit tous les points communs qu'elles ont, la passion qu'elles peuvent mettre [dans les choses]. Paige a trouvé un respect nouveau pour sa mère", poursuit Holly Taylor. 

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Vers la résolution du mystère Henry ?

Du côté de Henry, les choses restent encore bien mystérieuses. Seul membre de la famille Jennings à ignorer la véritable identité de ses parents et l'essence même de ce qu'ils sont ou ont été, Henry a dernièrement été en retrait des intrigues. Mais, les scénaristes sont loin de l'avoir oublié et il semblerait que, cette saison, le personnage puisse lui aussi évoluer vers plus de profondeur. Selon Matthew Rhys, "Henry a sa propre intrigue qui, dans un sens, est beaucoup plus humaine. Une histoire plus humaine qui affecte Philip, Elizabeth et Paige". Cette saison, si Paige se rapprochera de sa mère, Henry se rapprochera, lui, de son père. 

"Il est en quelque sorte le maillon le plus émotionnel, le plus normal de la famille. Il n'est au courant de rien", poursuit Russell. '"Et il ne réalise pas à quel point il a pu en être affecté et c'est le plus tragique, je trouve", analyse ensuite son partenaire. 

S'il estime que "l'histoire devient tellement plus cool après le saut dans le temps", Keidrich Sellati, qui incarne Henry, évoque, de son côté, les choix qu'a dû faire son personnage, même si, nous, téléspectateurs, n'avions pas pu les réaliser jusqu'alors: "Henry est heureux, il vit la vie qu'il veut vivre loin de sa famille. Il semble avoir été beaucoup mis de côté et il en a conscience. Alors, il essaie d'avancer et de laisser son enfance derrière lui (...) Henry ne sait pas encore, et peut-être qu'il ne le saura jamais... que ses parents sont des espions russes. Il n'est plus à la maison du tout, il n'est pas là pour le découvrir."

Bien évidemment, cela ne signifie pas que Henry ne va pas découvrir la vérité à la fin. Rappelons tout de même que, dans l'affaire des agents dormants soviétiques qui a inspiré The Americans à la base, les enfants des couples n'étaient au courant de rien, certains ayant même découvert la vérité à l'arrivée du FBI chez eux. 

Avec cette dernière saison et le nombre réduit d'épisodes, toutes les intrigues vont s'accélérer. La vie va ainsi faire prendre un drôle de tour à Oleg. Durant les cinq premières saisons, le fascinant et attachant personnage a lutté, s'est débattu contre le système puis est même retourné en URSS après la mort de son frère en Afghanistan. Depuis, ce dernier aura eu une (petite) chance de s'établir loin de tout ça : "Pour n'importe qui, trois ans, c'est une longue période, mais, surtout, dans le monde de l'espionnage. Dans le premier épisode [de la saison 6], on voit Oleg avoir une famille. Il est marié, il a un superbe fils d'un an (...) Il y a certaines choses qu'il veut oublier, beaucoup de choses, il veut avancer et ne jamais y retourner. Malheureusement, à mesure que la saison progresse, il doit sortir de sa vie de famille et est ramené à cette vie d'espion". 

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Quelle fin pour "The Americans" ?

Show confidentiel qui a connu enfin la consécration après plusieurs années à l'antenne, The Americans s'achèvera en tout cas sous les feux de l'actualité, à une période bien particulière, un moment où les relations entre les Etats-Unis et la Russie se sont à nouveau gravement tendues. 

"Au niveau de l'écriture, cela ne nous affecte pas car le show est clairement ancré dans la bulle des années 80 et on ne laisse rien d'autre la pénétrer. Ceci étant dit, cela génère assurément beaucoup d'intérêt sur le sujet, ce qui est bien, car tout ce qui peut donner envie aux gens de regarder [la série] est bien. Et peut-être que cela a un effet sur la manière dont les gens en font l'expérience et c'est logique puisque les téléspectateurs vivent dans le monde d'aujourd'hui. Pour une série qui, à certains niveaux, évoque ce que c'est d'être un ennemi, ce que c'est d'avoir un ennemi, c'est malheureux qu'il y ait plus de tensions aujourd'hui qu'il n'y en avait lorsque nous avons commencé la série. Mais, c'est un fait", nous explique Joel Fields, le co-créateur et co-showrunner de la série. 

"C'est intéressant car lorsqu'on a commencé The Americans, on avait beaucoup de questions telles que : "Pourquoi la Russie ? Après tout, cela fait longtemps qu'il n'y a plus de tensions avec le pays." On était dans un discours qui disait qu'il y avait alors d'autres grands ennemis et que, maintenant, tout cela était bien tombé dans les oubliettes. Et nous voilà, six ans plus tard, et malheureusement, plus personne ne nous pose cette question-là", poursuit le showrunner. 

Quelle destinée attend Philip et Elizabeth à la fin du 10ème épisode de la saison 4 ? Henry va-t-il découvrir leur double vie ? Stan aussi ? Impossible de savoir quelle fin Joel Fields et Joe Weisberg ont concoctée. Ces derniers, qui la connaissent depuis un moment mais n'ont cessé de peaufiner le script final, refusent catégoriquement, et logiquement, d'en dévoiler ne saurait-ce qu'une once. 

Pour autant, le duo ce créateurs estiment qu'il s'agit bel et bien de LA fin et qu'un éventuel film ne viendra pas par la suite : "On pense que c'est bien fini. On aime l'idée qu'après six saisons, l'histoire a été racontée", déclare ainsi Weisberg.

Quant aux acteurs principaux, Russell et Rhys, qui sont tombés amoureux sur le plateau et ont depuis fondé une famille, ce chapitre qui se clôt est également très spécial : "Cela a été une partie si spécifique et merveilleuse de nos vies où l'on a expérimenté tellement de changements. C'est une opportunité unique et rare de passer tout ce temps ensemble mais je pense aussi que c'est le moment de faire d'autres choses, avant qu'il ne me tue ou que ce soit l'inverse (rires)", nous déclare Keri Russell avec un sourire. 

Les looks les plus fous de Philip et Elizabeth dans "The Americans" :