Mon compte
    iZombie : vous ne regardez pas la série ? Vous avez tort !
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    La saison 4 de "iZombie" a débuté ce lundi 26 février sur la CW. Et si vous ne faites pas partie de ses téléspecteurs, ou même de ses fans, on vous dit pourquoi vous auriez tort de ne pas vous y mettre. Même maintenant.

    The CW

    Et de quatre pour iZombie ! La série de Rob Thomas a d'ores et déjà fait mieux que Veronica Mars, son précédent bébé, qui n'était pas allé au-delà de la saison 3. Adaptée des comic books publiés par DC Comics' Vertigo depuis 2010, la série fantastico-policière a fait son retour sur la CW ce lundi 26 février, en bonne forme malgré le teint pâlot de son héroïne, et pour le plus grand bonheur de ceux qui se sont accrochés après les premiers épisodes, amusants à défaut d'être totalement captivants. Si vous faites partie de ceux qui ont vite abandonné, ou que vous n'avez jamais commencé, sachez qu'il n'est pas trop tard pour vous rattraper. Et c'est même vivement recommandé.

    PARCE QUE ÇA PARLE DE ZOMBIES, MAIS...

    Vous l'aurez deviné au titre. Comme Dead SetZ Nation ou le mastodonte The Walking Dead et son prequel/spin-off, iZombie participe à cette mode télévisuelle des morts-vivants sur petit écran, qui ne semble pas faiblir. Mais à sa façon. Ici, pas de pourrissement des chairs, de festival de la tripe à l'air ou même de monde post-apocalyptique (pas encore du moins), car les zombies vivent quasi-incognito parmi les humains normaux dans un premier temps. Encore dotés de parole et de conscience, ils ne sont reconnaissables qu'à leur pâleur, des cheveux qui blanchissent et une irrépressible envie de cervelle, qui les fait entrer dans une rage folle et incontrôlable en cas de manque, pour mieux se calmer une fois leur pulsion assouvie.

    Un monde secret que Liv Moore, étudiante en médecine, découvre brutalement, après une fête qui tourne au carnage lorsque des invités de mettent à mordre les autres, et dont elle ressort morte. Puis ressuscitée. Avec un petit quelque chose en plus, à savoir ce goût pour le cerveau humain qui lui offre l'opportunité d'accéder aux souvenirs et à la personnalité de son possesseur. Pour le pire, puisque ces flashes surviennent sans prévenir et la laissent à court de souffle, et le meilleur, dans la mesure où elle peut facilement aider la police grâce à ce qu'elle fait passer pour un don de voyance. Car oui, petite précision non-négligeable : les bouts de cervelle proviennent de victimes de crimes, auxquelles elle accède en tant qu'assistante d'un médecin-légiste.

    "iZombie" en images :

    PARCE QUE C'EST UN "PROCEDURAL" PAS COMME LES AUTRES

    Au premier abord, iZombie adopte la forme simple du "procedural", avec une enquête à résoudre par épisode et un fil rouge qui revient par intermittences. Dans la saison 1, il s'agissait de savoir combien de temps Liv parviendrait à garder le secret de sa vraie nature par exemple, et il faut avouer qu'il fallait un peu s'accrocher car l'ensemble n'était pas particulièrement feuilletonnant. Mais ça n'était pas si difficile que cela, bien au contraire, car entre son héroïne et l'Inspecteur Babineaux (Malcolm Goodwin), qu'elle assiste dans ses investigations, la série nous offre un duo mal assorti au coeur de récits hauts en couleurs, qui progressent grâce au "don" de la jeune zombie, ces visions/souvenirs qui ont parfois des allures de "deus ex machina" bien pratiques lorsqu'il s'agit de faire avancer les choses.

    Malgré quelques facilités, les épisodes ne sont pas mal écrits pour autant, et on se prend assez vite au jeu de deviner qui sera le coupable, et quel élément va faire tiquer Liv et lancer un flash qui nous fait voir un indice à travers les yeux de la victime, le temps d'une scène, devenue l'un des gimmicks de la série, et qui renvoie à l'origine graphique d'iZombie. Entre ces passages, les moments où l'héroïne se fait à manger (autre gimmick qui donne presque envie de manger de la cervelle avec elle. Si, si !) et les reprises après les pubs, où les personnages dessinés prennent vie (avec un petit jeu de mots à la clé), nombreux sont les moments où le show honore sa nature de comic book transposé sur petit écran. Et ce n'est pas le générique qui viendra nous contredire.

    Graphique et ludique, iZombie est également intelligente et décalée, dans la mesure où elle multiplie les références à la pop culture, et ce dès le pilote, où une victime s'appelle Stefani Germanotta, vrai nom de Lady Gaga. Ou dans les titres de chapitres des épisodes, évoqués un peu plus haut, sous forme de jeu mots autour d'œuvres déjà existantes ou de noms de personnages. Sans oublier le fait que la série possède un côté réflexif car elle se déroule dans un univers ou les films, shows et comic books sur les zombies existent, et joue sur cet écart entre la fiction et ce qui constitue sa réalité. Ou bien encore que Liv Moore, nom de l'héroïne, sonne comme "Live more", soit "Vivre plus" en français. Jolie ironie.

    PARCE QUE LIV MOORE EST LA NOUVELLE VERONICA MARS

    Et cette Liv Moore, parlons-en justement. Une petite blonde gentiment cynique, qui enquête et développe un rapport ambigu avec la police et les autorités en place, et nous entraîne dans ses aventures au son de sa voix-off. Il ne faut pas bien longtemps pour faire le rapprochement, surtout que les héroïnes ont le même père télévisuel : Rob Thomas, ici associé à Diane Ruggiero pour donner vie au comic book de Chris Roberson et Michael Allred (qui a dessiné le générique de la série)… où le personnage principal s'appelle Gwendolyn Dylan et déterre des cadavres pour combler ce besoin mensuel de cerveau, et ainsi lui éviter de perdre la mémoire et ce qu'il lui reste d'humanité.

    Sur le papier, certaines similitudes étaient déjà là. Mais à défaut de pouvoir faire revenir Veronica Mars, à qui Warner TV a refusé l'entrée au FBI en même temps que la saison 4 de ses aventures télé, Rob Thomas a décidé de façonner Liv de façon à en faire une petite soeur un peu moins vivante de l'enquêtrice jouée par Kristen Bell, qui a fait ses adieux (provisoires ?) dans un long métrage sorti un an avant le lancement d'iZombie. Comme un passage de témoin d'une héroïne à l'autre, qui ont en commun le fait d'être pour beaucoup dans l'intérêt que l'on porte à la série. Chaque semaine, c'est moins pour l'enquête hebdomadaire que les facéties et les changements de personnalité d'Olivia Moore que nous sommes impatients de retrouver l'univers du show.

    The CW

    Pour les rapports humains qu'elle entretient avec ses proches aussi. Car il n'est pas interdit de voir dans la romance contrariée entre Liv et son ex-fiancé Major un écho à celle entre Veronica et Logan Echolls. À tel point qu'il est amusant de voir Robert Buckley et Jason Dohring, interprètes respectifs des deux hommes, face-à-face à la fin de la saison 3 et au début de la 4. Autre point commun entre les héroïnes de Rob Thomas : la manière que chacune a de garder ses ennemis à sa portée. Avec une ambiguïté beaucoup plus prononcée dans le cas de Liv et Blaine (David Anders), zombie responsable de sa transformation. Et donc du changement radical de sa vie.

    Sans naïveté aucune, chacun tourne autour de l'autre dans un grand numéro de "Je t'aime moi non plus" (avec une majorité de "moi non plus" quand même), alors que le grand méchant de la série, ancien dealer opportuniste, évolue de façon périphérique mais ne cesse de prendre de l'ampleur sans oublier de servir ses intérêts. Ni perdre en classe ou se montrer réellement antipathique, ce qu'il doit grandement à son interprète David Anders, qui retrouve enfin un grand rôle dans une série après avoir été l'inoubliable Sark d'Alias. Mais LA star d'iZombie, ça n'est pas lui.

    PARCE QUE ROSE MCIVER EST UNE VRAIE RÉVÉLATION

    Aperçue dans Lovely Bones ou la saison 2 de Masters of Sex, avant d'être sous-exploitée en Fée Clochette dans Once Upon a TimeRose McIver crève l'écran dans iZombie, où elle fait chaque semaine le show, en changeant de personnalité au gré des cerveaux qu'ingère Liv. D'abord timide étudiante en médecine, elle peut se métamorphoser en experte de la cravache, en reine de la blague qui fait mal façon Jackass, voir ses émotions décuplées ou devenir une fervente supportrice de l'équipe de football américain des Seahawks de Seattle, ville dans laquelle se déroule la série.

    Autant de "rôles" dans lesquels l'actrice, qui fêtera cette année ses 30 ans, se glisse avec une facilité déconcertante, sans que cela ne paraisse artificiel, et un amusement communicatif. Un talent qui a fait d'elle l'une des révélations télé de l'année 2015 et grâce auquel elle ne cesse de nous surprendre, y compris dans des épisodes plus faibles que d'autres, si bien que l'on se prend très vite à attendre avec impatience que les premiers effets de sa nouvelle personnalité se fassent sentir. Plus que de savoir quelle enquête elle devra résoudre. Ou la façon dont l'univers va évoluer.

    PARCE QUE LA SAISON 4 COMMENCE BIEN

    Si vous comptez reprendre la série ou que les lignes ci-dessus vous ont convaincu de vous y mettre, mieux vaut arrêter votre lecture ici, car des spoilers sur iZombie vous attendent. Pas forcément sur la saison 1, où les intrigues étaient globalement indépendantes les unes des autres, hormis tout ce qui concerne le secret de l'état de Liv ou sa relation avec Major. Car c'est dans la 2, une fois les bases posées, que la mythologie se développe pour de bon, avec un patron de la Mafia locale (Eddie Jemison) et surtout la société trouble Max Rager, dont le nom revient souvent dans les enquêtes, grâce à une boisson énergisante qu'elle produit et qui a pour effet de zombifier ses consommateurs.

    De là découle la saison 3, qui débute après une fête qui a tourné au carnage et menace le secret qui entoure l'existence secrète des zombies, en faisant intervenir une armée chargée de leur protection rejointe par Major et des adeptes de la théorie du complot persuadés que les morts-vivants sont une réalité. Le tout alors qu'un vaccin se développe en parallèle, en même temps que la commercialisation des cerveaux devient un enjeu financier. De quoi faire changer la série, avec un season finale qui embrasse pleinement cette notion d'une double-population.

    The CW

    En attendant une éventuelle apocalypse, la saison 4 débute alors que Seattle est en quarantaine, ce qui annonce un nouveau changement dans la narration. Et tandis que le cas du jour concerne un ouvrier fan de l'équipe des Seahawks, qui travaille à la création des cervelles en tube, la série se fait un peu plus politique que les années précédentes : le mur qui entoure désormais la ville évoque bien évidemment les déclarations de Donald Trump et le sujet de l'immigration, alors que les effets de la cervelle sur les jeunes sont proches de ceux de la drogue, et que la résolution de l'enquête de la semaine montre que les zombies peuvent servir de métaphore pour divers sujets, tels que l'homosexualité ou les MST. Sans oublier ce dialogue au cours duquel Babineaux précise qu'ils ne sont pas à l'abri de voir un missile leur tomber dessus.

    Le tout sans abandonner l'humour qui fait la force d'iZombie, dont la saison 4 nous réserve encore douze épisodes supplémentaires, alors que la lente transformation de Ravi (Rahul Kohli), collègue et ami de Liv, ou le père de Blaine (Robert Knepper) qui joue les prophètes seront à coup sûr deux des axes à suivre dans les prochaines semaines. Et après ? Tout est encore possible mais, au vu des audiences qui sont les siennes chaque année, une annulation n'est pas à exclure. Et il s'agirait d'une perte quand on voit la qualité qu'elle affiche, malgré sa discrétion.

    Un aperçu en images de la saison 4 :

    "iZombie" est diffusée aux États-Unis sur la CW, sur France 4 dans l'Hexagone et les deux premières saisons sont disponibles sur Netflix

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top