Avec Mathieu Kassovitz, Olivia Merilahti, Souleymane M'Baye...
De quoi ça parle ? A plus de 40 ans, Steve Landry est un boxeur qui a perdu plus de combats qu’il n’en a gagnés. Avant de raccrocher les gants, il accepte une offre que beaucoup de boxeurs préfèrent refuser : devenir sparring partner d’un grand champion.
Si Sparring s'intéresse plus aux "à côtés" du ring qu'au ring en lui-même, et qu'il s'agit donc davantage d'un film sur un boxeur que d'un film de boxe, le long métrage comporte tout de même plusieurs scènes de pugilat.
A ce sujet, l'idée de départ de Samuel Jouy était de filmer les acteurs sur le ring se portant les coups pour de vrai, mais dans le cadre de combats chorégraphiés à l’avance. Mathieu kassovitz, qui pratique la boxe thaïlandaise depuis 2008 et a disputé son premier combat amateur en boxe anglaise l'année dernière, a même voulu aller plus loin dans cette démarche. Jouy se rappelle : "Au bout d’un mois d’entraînement, Mathieu vient me voir et me dit : « Allons au bout de ton idée. Oublions les chorégraphies, donne-nous des thèmes et boxons pour de vrai. » J’ai dit banco ! Les marques qu’a Mathieu sur le visage dans le film, je peux vous dire que ce n’est pas du maquillage."
Si la majorité des films de boxe reposent sur des chorégraphies, autrement dit une suite précise de coups préétablis que le héros sait comment éviter, Jouy et son acteur principal ne voulaient pas, dans Sparring, avoir recours à un tel dispositif : "En gros, Samuel nous disait : « Les gars vous avez 1min30 devant vous, tapez-vous et, surtout, ne vous blessez pas... ». Tout cela, sous l’œil d’un réalisateur qui n’allait pas me laisser me faire taper dessus trop fort, parce que j’avais un autre tournage après. Rien à voir avec un vrai combat, où personne ne va dire "Coupez" à un moment et où on doit, coûte que coûte, finir ses rounds", confie le réalisateur de La Haine, en poursuivant :
"Dans la mesure où il n’y avait pas de chorégraphie, Samuel filmait nécessairement en dehors du ring, de l’autre côté des cordes. Il devait se débrouiller pour avoir ses plans. Nous, on s’en fichait, on faisait nos trucs. Quand on s’était pris un coup, on se retournait vers lui : « Tu l’as eu ? Tu l’as eu ou pas ? ». Parfois il l’avait eu, parfois non. On ne savait jamais exactement ce qui allait se passer et cela procurait une excitation intéressante pour la fabrication du film."
Preuvre de la difficulté propre à l'exercice : à l'origine, Mathieu Kassovitz devait travailler avec un comédien qui, contrairement à lui, était un novice en matière de boxe. Lorsqu'ils ont commencé à s'entraîner, cet autre acteur a rapidement jeté l’éponge. C'est à ce moment que Souleymane M'Baye (un ancien champion du monde qui compte 49 combats et 42 victoires), qui n’était là, au départ, que pour les aider, s’est imposé. Kassovitz précise : "Son statut de champion du monde donnait du poids au film et, pour moi, c’était une garantie : je savais qu’il mesurerait ses coups et, qu’à l’inverse, je pourrais boxer sans crainte. Nous nous faisions confiance."
Au total, Kassovitz s'est entraîné entre cinq et six mois pour les besoins de Sparring. A partir du moment où Samuel Jouy a trouvé le financement, l'acteur a véritablement commencé à travailler le personnage de Steve, ce boxeur professionnel qui a un palmarès de 33 défaites pour "seulement" 13 victoires et qui accepte de devenir sparring partner d’un grand champion. "Ça m’a obligé à apprendre une boxe un peu pataude, un bon exercice. (...) Mon seul problème était mon nez. J’ai un grand nez. S’il sautait, que faisait-on ? On a croisé les doigts et on a eu de la chance aussi parce qu’à deux ou trois reprises nous aurions pu nous faire mal", confie-t-il.
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