Le long métrage Les Heures sombres, en salles ce mercredi, s'intéresse à une partie de la vie de Winston Churchill, à partir de mai 1940, lorsqu'il devient Premier ministre en pleine Seconde Guerre mondiale. Dans le rôle du célèbre politicien britannique, Gary Oldman, méconnaissable, livre une performance étonnante. S'il a finalement accepté de relever le défi, grâce notamment à la présence -à sa demande- du maquilleur Kazuhiro Tsuji, un artiste spécialiste des prothèses, celui à qui on pense déjà beaucoup pour l'Oscar du Meilleur acteur s'est d'abord posé pas mal de questions...
AlloCiné : Vous n'avez pas immédiatement dit oui pour incarner Winston Churchill sur grand écran...
Gary Oldman : Au début, je pense que j'étais hésitant, car... (il souffle) Winston Churchill est une figure tellement iconique. Ce qu'il représente pour tant de gens... Tout le monde a son idée, je pense, de qui il est, et cette idée est sans doute contaminée par les autres acteurs qui l'ont incarné. Et puis c'est un personnage autour duquel il y a une telle mythologie que vous vous demandez si vous pouvez vraiment "trouver" l'homme, pour donner quelque chose. Que pourrais-je apporter que nous n'avons pas déjà vu ? Enfin, il y avait le côté physique, je ne lui ressemble pas du tout. Au départ, tout ça me semblait donc beaucoup trop pour me lancer dans ce défi...
En tant que Britannique, avez-vous ressenti de la pression à l'idée d'incarner une telle figure de votre pays ?
Winston Churchill est, sans doute, le plus grand Britannique ayant jamais vécu. Je pense que beaucoup de gens doivent penser ça. C'était un grand challenge à relever, mais je me sentais également très honoré, privilégié, de faire partie de l'histoire de tous ces acteurs qui ont joué Churchill durant toutes ces années. C'est génial qu'on m'ait demandé ça, car ça n'a jamais été... Enfin, je pense que parfois, on engage quelqu'un en se disant qu'il a une certaine ressemblance avec le personnage, donc je ne pensais jamais jouer Churchill. Il n'a jamais été sur ma "liste". Ce n'est pas que j'aie une liste à proprement parler, mais je ne pensais pas jouer un jour ce personnage. J'aurais peut-être pu jouer Neville Chamberlain, ou Stan Laurel, mais je ne pensais pas à Churchill.
Votre transformation physique en Winston Churchill est extraordinaire. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
L'ensemble demandait environ 4 heures de maquillage par jour. Ce n'était pas une épreuve. Quand vous faites quelque chose comme ça, il faut avancer et accepter ce que ça va être. Si vous y allez et résistez, avec un challenge de ce type qui implique des heures de maquillage, vous devenez fou. Il y a des acteurs qui ont fait ça, qui y sont allés à leur corps défendant. Il faut juste s'abandonner au challenge. C'est juste un état d'esprit à avoir, se dire que, voilà, ça impliquera d'être là le matin très tôt, assis dans un fauteuil... Mais cette transformation, d'une certaine façon, était très libératrice...
Propos recueillis par Clément Cuyer le 8 décembre 2017 à Paris.
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