Quelle est la spécificité de ce nouveau long métrage par rapport à vos anciens films comme "L'Âge de Glace" ou "Rio" ?
Carlos Saldanha (réalisateur) : Je pense que ce film est vraiment spécial. Je suis parti de Ferdinand, un personnage tiré d’un livre pour enfants. C’était la première fois que je travaillais à partir d’un livre. Donc j’étais un peu anxieux, je me demandais comment j’allais adapter tout ça. Mais la famille de l’auteur qui possède les droits du livre m’a vraiment donné la liberté de franchir une nouvelle étape, d’emmener l’histoire plus loin, à condition de rester fidèle au personnage original, à l’émotion originale. C’était génial pour moi parce que c’était exactement ce que voulais conserver. Je voulais garder l’émotion et le message du livre. Mais je voulais aussi avoir cette liberté d’étendre l’univers de l’œuvre.
Pour vous, quel est le message que porte cette histoire ?
Carlos Saldanha : Le message principal du film, pour moi, c’est de ne pas juger un livre d’après sa couverture. Le fait que Ferdinand soit un grand taureau et qu’il pourrait très bien se montrer féroce ne veut pas dire qu’il l’est. A l’intérieur, il est doux. Je pense qu’il s’agit là du message central du film. Mais en-dehors de ça, il y a d’autres valeurs. Par exemple, pour être fidèle à soi-même, il faut parfois se battre. Le seul combat qui vaille la peine, c’est celui qui vous permet de rester fidèle à vous-même. Mais se battre ne veut pas nécessairement dire user de violence. C’est là qu’arrive un deuxième message. De paix, d’acceptation, de tolérance. J’ai beaucoup aimé ça, car cela m’a permis d’englober les autres personnages et d’étendre le film à d’autres interprétations, à différentes perspectives, sans perdre de vue le cheminement central émotionnel de Ferdinand.
Comment décririez-vous le personnage de Ferdinand ? Comment l'avez-vous conçu ?
Thomas Cardone (chef décorateur) : Ferdinand est un gentil géant. C’est un énorme taureau noir. Il ne porte pas de costume, de motifs, ou quoi que ce soit qui puisse nous aider à décrire sa forme, donc quand il est à l’écran, il domine vraiment la composition de l’image. (…) Nous avons fait beaucoup d’efforts pour lui donner une grande envergure, des courbes rythmées qui devaient accompagner ses mouvements. Sa silhouette graphique était très importante, et ses courbes permettaient de créer un contraste avec les autres éléments du film. Par exemple, le matador El Primero est un personnage très droit et très vertical. (…) On a toujours envie que le style du film que l’on est en train de faire soit unique, que les gens, en regardant un plan de Ferdinand, puissent le reconnaître immédiatement. C’est toujours difficile de créer quelque chose de différent. Le niveau de caricature d’un film peut varier en fonction de ce que raconte l’histoire. Pour celui-ci, nous avons pensé qu’il nous fallait être un peu plus drôles. Nous ne voulions pas être réalistes, donc nous avons insufflé ces choses-là dans la couleur et dans les formes du film.
Pouvez-vous nous décrire de façon pratique en quoi consiste votre travail d'animateur, notamment sur un film comme Ferdinand ?
Patrick Giusiano (animateur) : Nous faisons presque un travail d’acteur, à ceci près que nous faisons passer toutes les émotions à travers les personnages que nous animons. Le réalisateur vient nous voir et nous explique ce qu’il veut pour telle ou telle scène, quel genre d’émotion il veut faire passer, quelles sont les directions à prendre. Puis, exactement comme dans un film en prises de vues réelles, nous entrons dans une pièce et nous nous filmons nous-même en essayant d’atteindre la bonne émotion, de trouver ce qui pourra fonctionner pour composer le plan. Puis nous utilisons ces éléments comme des points de référence pour insuffler cette vie aux personnages, pour la transmettre à Ferdinand. Rien n’est pareil, puisqu’il n’a pas de bras pour jouer, donc il pourra par exemple jouer avec ses oreilles ou avec ses yeux… Il nous faut trouver des idées pour faire en sorte que ça fonctionne avec un taureau.
Racontez-nous votre collaboration avec Nick Jonas, qui a signé la chanson du film...
Carlos Saldanha : C’était génial de travailler avec lui. A la différence de Rio, qui était un film avec de nombreux segments musicaux, il n’y en a pas dans Ferdinand. Mais je voulais quand même une chanson, quelque chose qui puisse ancrer certaines émotions du scénario. Nick est venu, nous lui avons montré quelques images, nous avons parlé du film. Il est tombé amoureux de l’histoire. Tout comme moi, il s’est senti connecté au message du film. Il a écrit une chanson que nous avons trouvée magnifique. Elle était très directe, mais sans être moralisatrice. C’était exactement ce que je voulais. Une manière subtile de porter un bon message sans être trop explicite. Et il a composé un magnifique morceau, drôle et élégant, qui rend service à l’histoire.
(Re)découvrez la bande-annonce du film...