Michael Cimino, le maudit
A la fin des années 1970, Michael Cimino était l'un des rares réalisateurs du Nouvel Hollywood à proposer une vision toujours aussi sombre et pessimiste du monde qui l’entourait. La symbolique et l’esthétique qui parsemaient ses réalisations n’étaient pas en reste et témoignaient d’une recherche permanente. A ce titre, ses films Voyage au bout de l'enfer (1978) et La Porte du paradis (1980) sont exemplaires. Alors que La Guerre des Etoiles (1977) venait de transformer à jamais la logique de distribution et de marchandisation du cinéma, Cimino continua à mettre en scène des longs métrages qui amenaient avant tout à réfléchir.
En irréductible, Michael Cimino tenta une nouvelle fois en 1980 de réaliser un film en dehors des sentiers battus, intitulé La Porte du Paradis. Une œuvre à mille lieues du divertissement. Le tournage se révéla un désastre et le budget initial fut multiplié par cinq. La démarche de Cimino, on ne peut plus louable à l'heure de la consécration du divertissement, ne fut pas récompensée. Au final, le film coûta quinze fois plus que les recettes perçues, ce qui en fait aujourd’hui encore l'un des pires accidents industriels de l'histoire du cinéma. Par la suite, Cimino n'hésitera pas à réitérer la chose, notamment avec L' Année du dragon et sa mise en scène impressionnante.
Face à des blockbusters comme E.T., Les Aventuriers de l'Arche perdue ou encore Rencontres du 3ème type, le cinéaste faisait figure de militant, préférant une esthétique recherchée et une intrigue complexe à la normalisation des divertissements. Mais le succès commercial n'arriva pas. C'était l'heure de l'entertainment : les produits furent dès lors standardisés au maximum pour correspondre au plus grand nombre de spectateurs possible. La victoire du manichéen et du consensuel sur la complexité et l'irréductibilité du monde fut en quelque sorte ce qui provoqua la chute du Nouvel Hollywood.
Bientôt, les Lucas et Spielberg, qui quelques années plus tôt prônaient un contrôle plus important pour les cinéastes et la fin du diktat des studios, reprirent le même modèle et créèrent leurs propres studios, plus puissants que jamais... La fin du Nouvel Hollywood venait de sonner. On considéra alors Michael Cimino comme un illuminé.
Ci-dessous, notre longue interview faite avec le maître, lors de la ressortie en salle de son chef-d'oeuvre qu'est La Porte du paradis...
