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    We Blew It : pleins feux sur le Nouvel Hollywood

    Que sont donc devenus les idéaux de la contre-culture US et de ces cinéastes qui furent à l'origine de ce qu'on appelle Le Nouvel Hollywood ? A l'occasion de la sortie du documentaire "We Blew it", retour sur un phénomène qui a marqué le cinéma.

    D.R.

    George Lucas, l’enfant de la télé

    Parmi les réalisateurs du Nouvel Hollywood, George Lucas fut sans aucun doute le plus introverti et celui qui rencontrait le plus de difficultés à communiquer. Avec Steven Spielberg, il partageait le goût des séries B et conservait tout comme lui une âme d’enfant. Et tout comme Spielberg, c’était avant tout un enfant de la télé. "Le cinéma a très peu marqué mon enfance. Moi, c’est la télé !", confie George Lucas.

    C’est finalement après son entrée à l’école de cinéma à l’USC qu’il commence véritablement à s’intéresser au cinéma et à se rendre régulièrement dans les salles obscures. Il raconte : "Nous qui avons grandi dans les années 1960 en protestant contre la guerre du Viêtnam, nous avons eu tous au moins deux choses en commun : la certitude que le monde nous appartenait et un amour inconsidéré pour le cinéma. Il ne s’agissait pas d’un moyen de devenir riche et célèbre, mais d’une véritable passion".

    C’est grâce à son film American Graffiti qu’il prit la décision de poursuivre sa carrière dans le cinéma. Depuis toujours, Lucas rêvait de tourner son propre Flash Gordon. Petit à petit, il commença à mettre en place une formule hybride à mi-chemin entre 2001 : l'odyssée de l'espace et James Bond. "L’idée était de créer une sorte de nouveau mythe, de donner aux gamins de nouvelles références, une sorte de morale de base", explique-t-il. Ainsi, il souhaitait recréer pour les jeunes générations un univers aussi symbolique que ce qu’avaient représenté pour lui les westerns, les films de pirates ou encore les films d’aventure.

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    Déjà au début de l’année 1972, Lucas commença par parcourir l’ensemble de la littérature ayant trait aux contes et aux mythes. Parmi ses nombreuses références : l’auteur Carlos Castaneda, qui lui inspira notamment le personnage d’Obi Wan Kenobi. Pour construire sa figure de l’Empereur, la personnification des forces du mal, Lucas prit exemple sur Richard Nixon. Côté costumes et décors, il s’inspira très fortement de Flash Gordon et des bandes dessinées des années 1930.

    La durée interminable de l’écriture du scénario était une constante chez le cinéaste. Un an plus tard, en mars 1973, Lucas n’avait encore rien à montrer à part une dizaine de pages de scénario. Des pages on ne peut plus obscures qui débutaient de la sorte : "C’est l’histoire de Mace Windu, un jedibendu d’Opuchi apparenté à Usby C. J. Tharpe, novice du fameux Jedi". En dépit du fait que l’agent de Lucas n’entendait pas grand chose au synopsis, il se fit néanmoins un devoir de trouver un acheteur.

    C’est finalement Alan Ladd Jr. de la Twentieth Century Fox qui fut séduit par le projet, intitulé La Guerre des Etoiles. Immédiatement, le courant passa entre les deux hommes et Lucas eut toute la liberté qu’il souhaitait pour mener à bien son projet. Il fut établi que sa société, Star Wars Production toucherait 40% des recettes nettes. Mais fort du succès public de son film American Graffiti, Lucas renégocia sur les conseils de son agent son contrat sur La Guerre des Etoiles avec la Fox. Il demanda finalement que la production du film revienne à sa propre société et récupéra les droits concernant une suite éventuelle.

    D.R.

    Il faut savoir qu’avant La Guerre des Etoiles, le marché pour ce type de films était quasi inexistant. Lucas ne se faisait alors pas d’illusion quant à la qualité artistique du film qu’il s’apprêtait à mettre en scène. Il se souvient : "Je voulais faire le film le plus conventionnel qui soit. Un Disney. Les Disney rapportent toujours 16 millions de dollars, mon film va donc rapporter 16 millions de dollars. Il en coûtera 10. Mais on se fera une bonne marge sur les produits dérivés". Alors que Steven Spielberg venait de réaliser Les Dents de la Mer et Universal de dessiner la stratégie du marketing moderne de l’industrie du cinéma, Lucas avait parfaitement retenu la leçon et comptait aller encore plus loin.

    Pour un budget final de 9,5 millions de dollars, La Guerre des Etoiles rapporta plusieurs centaines de millions de dollars. En quelques mois, le film devint le plus important money-maker de toute l’histoire du cinéma, ouvrant la voie à des générations de blockbusters. Ce fut l’inauguration du merchandising et des produits dérivés. Les studios s’aperçurent très vite de l’importance des t-shirts, livres ou autres figurines, qui pouvaient s’avérer aussi lucratifs que les recettes d’un film.

    La Guerre des Etoiles est à plusieurs titres un symbole de la transformation de la société à la fin des années 1970. Alors que la guerre du Viêtnam s'est achevée, le bruit et la fureur de la contestation commencent à lasser. Et incarner un acteur de l’Histoire et de la transformation du monde ne semble alors plus aussi attrayant que par le passé. Les spectateurs ne recherchent plus de la violence mais du divertissement. A ce titre, Lucas trouve avec La Guerre des Etoiles la formule idéale. Dès lors, il prend ses distances avec la plupart de ses anciens amis, parmi lesquels Francis Ford Coppola.

    Ci-dessous, la bande-annonce de "Star Wars : Episode IV"...

     

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